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Notes d'Itinérances
20 juillet 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (7/37). L’arbre Bo, une relique vivante.

L’arbre qui abrita Gautama à la recherche de l'illumination - Le plus vieil arbre dont on connaisse la naissance - Le temple de l'arbre Bo

 

 

Le prince Siddhârta, devenu le religieux itinérant Gautama, après avoir abandonné sa famille et toutes ses richesses, s’est mis à la recherche d’un maître susceptible de lui enseigner la doctrine lui permettant d’atteindre la totale extinction de la douleur. N’ayant pu trouver le maître espéré, Gautama décide de découvrir par lui-même la voie du salut. Pour ce faire, il recourt à des pratiques de mortification et de jeûne prolongé qui le plongent dans un état de faiblesse extrême. Alors qu’il ne lui reste plus « qu’un millième de vitalité », le dieu-roi Indra lui apparaît jouant d’un luth à trois cordes. Indra lui montre que seule une corde correctement tendue donne un son agréable, de même seul celui qui saura se tenir loin de tout excès parviendra au but choisi.

 

Gautama décide donc de mettre fin à son jeûne et de reprendre des forces en quêtant sa nourriture. Il se dirige vers « l’arbre du chevrier » pour continuer ses méditations. C’est là que Sujâtâ lui fait l’offrande d’un bol d’or rempli d’une succulente nourriture. Ayant eu en songes, la veille, le rêve prémonitoire de l’imminence de l’acquisition de « l’éveil », c’est à dire de la connaissance de la voie permettant d’atteindre la totale extinction de la douleur, Gautama divise la nourriture en 49 parts, une par jour nécessaire à la consécration de l’éveil, et jette le bol d’or, car un religieux ne peut conserver un objet précieux. Il va s’asseoir dans le lieu considéré comme le centre de la terre, seul lieu capable de supporter le poids de l’éveil, sous un ficus. C’est sous cet arbre, que le Bodhisattva (« Prêt à obtenir l’éveil ») parcourt alors les quatre stades successifs de la méditation qui le conduisent à la pureté totale, puis il acquiert l’œil divin qui lui permet de revoir le déroulement des existences de tous. Il est devenu un Bouddha (« L’éveillé »).

 

La petite bouture de l’arbre sacré qui a protégé Bouddha du soleil et de la pluie pendant les 49 jours de sa méditation est aujourd’hui un grand arbre, le plus vieil arbre dont on connaisse la naissance avec certitude en 236 du calendrier bouddhique quand la sœur de Mahinda, le propagateur du bouddhisme au Sri Lanka, Sabghamitta, ramena du Nord de l’Inde cette bouture dans un pot en or et qu’elle offrit, par une nuit de pleine lune, au roi cinghalais Devanampiya Tissa qui venait de se convertir. Il a traversé tous les régimes, toutes les dynasties, toutes les religions, toujours vénéré depuis 2 200 ans ! L’arbre Bo est vénéré comme l’égal de Bouddha, c’est une relique vivante que l’on nomme « Le moine Bo ». Il a la réputation d’attirer le bonheur et la santé, il a la même force que Bouddha. Le moine Bo s’exprime aussi, mais pour qui sait l’écouter. Il parle aux moines, ainsi lors de la dernière guerre mondiale, ceux-ci affirment que ses feuilles étaient ternes et tristes.

 

Le temple qui abrite le « moine Bo » est très simple. Deux murs d’enceintes délimitent une cour carrée plantée de ficus dans les branches desquels sont accrochés des fanions multicolores, fanions qui constituent autant d’offrandes. Au centre, une première terrasse également arborée de ficus, et au centre de celle-ci, une seconde terrasse dont le mur d’enceinte est décoré d’éléphants sur laquelle trône l’arbre Bo. Seuls quelques serviteurs du temple peuvent accéder à la première terrasse. Sur la seconde, seul le moine jardinier est autorisé à pénétrer. Les pèlerins viennent se prosterner devant le mur Ouest de la première terrasse, pour prier et déposer leurs offrandes. Celles-ci sont constituées de fleurs, notamment de lotus, et d’huile de cocotier qui alimente une lampe sacrée brûlant constamment sur la première terrasse. L’huile acquière alors des propriétés curatives et sert pour guérir les maux de tête et de nombreuses autres maladies. En échange de son offrande, un moine donne à chacun des pèlerins un cordon en fil de coton, à attacher au poignet, qui leur portera chance et qui les purifie. Avec de la cendre de bois de santal mélangée à de la chaux, il trace sur leur front l’empreinte du troisième œil, l’œil de Bouddha. Une salle, elle aussi très simple, à l’Est, permet également aux fidèles de prier et comprend quelques statues récentes de Bouddha.

 

Les moines veillent jalousement sur la santé de l’arbre. Personne ne doit toucher le « moine Bo », comme personne ne devait toucher Bouddha. S’il faut se tourner vers lui, il ne faut jamais être ni devant, ni derrière. Seuls une poignée de botanistes anglais peuvent l’approcher pour le soigner si besoin est, mais ils ne peuvent le faire que sur injonction du parlement sri-lankais. Les graines de l’arbre Bo ne doivent pas tomber à terre et sont cueillies par les spécialistes du jardin botanique de Kandy qui, à partir des graines, préparent de nouveaux plants destinés à d’autres monastères. Mais avant d’expédier le plant, des moines du monastère destinataire doivent venir ici apprendre à s’occuper de la bouture de l’arbre Bo.

 

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