Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
23 juillet 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (10/37). Mihintale et le bouddhisme du « petit véhicule ».

Introduction du bouddhisme au Sri Lanka – "Petit" et "Grand véhicule"

 

 

Le bouddhisme, né dans le Nord de l’Inde, n’est pas en rupture avec les croyances et la religion védiques. Il n’a pas remplacé les divinités hindouistes, qui sont au contraire inclues dans son système de représentation, mais à une place secondaire. Les dieux Indra, Vishnu, Brahmâ, Mâra, interviennent à plusieurs reprises dans la vie de Bouddha, soit pour l’aider, Brahmâ le reçoit dans ses bras à sa naissance, soit pour le combattre, Mâra se déchaîne contre Bouddha au cours de sa méditation qui le conduira à l’éveil.

 

Bouddha n’est d’ailleurs pas un dieu, au sens de « créateur de l’univers », mais un sage ayant défini une règle de vie qui permet de rompre le cycle des réincarnations de l’âme. En effet, la vie est considérée comme une souffrance, due aux désirs de l’existence terrestre et de ses plaisirs. Il s’agit pour l’homme de chercher à se libérer de la souffrance, de sortir de la loi des réincarnations successives à laquelle les êtres sont condamnés par ignorance de la vérité, et de se libérer des chaînes terrestres, des souffrances et des passions, en surmontant le dualisme entre l’esprit et le corps. Le but suprême du croyant est d’atteindre la fin des réincarnations, le « nirvâna » (« L’extinction »). Dans l’aveuglement de l’homme, son ignorance, résident les causes de ses malheurs et de l’injustice sociale. Il faut donc étouffer en soi toute réaction au monde en détruisant la conscience de son propre « moi ».

 

« Et ce Sagamoni Burcan [1] fut le premier homme au nom duquel fut fait premièrement idole ; car, selon leur usage, celui-là fut le meilleur homme qui fut jamais parmi eux, et ce fut le premier qu’ils tinrent pour saint et au nom duquel ils firent idoles. (…)

 

Il se dit à lui-même qu’il ne demeurerait point davantage en ce mauvais siècle imparfait, mais dit qu’il irait chercher celui qui ne meurt point et celui qui l’avait fait. Et il ne fit rien d’autre. Une nuit, il quitta secrètement le palais de son père. Il s’en alla en de très grandes montagnes écartées et y demeura toute sa vie, très honnêtement et chastement, et faisant de très grandes abstinences. Car certes, s’il avait été baptisé chrétien, il aurait été un grand saint avec Notre-Seigneur Jésus-Christ » [2].

 

Le roi indien Açoka, sacré 218 ans après la mort de Bouddha, se serait converti au bouddhisme en 260 av. J-C. C’est son propre fils, Mahinda, qui aurait converti le roi cinghalais Devanampiya Tissa à Mihintale, ce qui fait de ce site le second lieu sacré du Sri Lanka, après celui de l’arbre Bo d’Anuradhapura. C’est sur un haut rocher que Mahinda se posa après un vol miraculeux jusqu’au Sri Lanka. Au cours d’une partie de chasse, il apparut aux yeux du roi Devanampiya Tissa sous la forme d’un cerf blanc. Poursuivi par le Roi, le cerf reprit son apparence, celle du moine Mahinda qui, ayant mis le roi à l’épreuve, le jugea digne de se convertir au bouddhisme.

 

Sur le site de Mihintale s’est installée la première communauté monastique de l’île. C’est à cette époque qu’auraient été construits les premiers dâgoba cinghalais, notamment le grand dâgoba de Mihintale, le Râjamahâvihâra qui renfermerait les reliques de Mahinda.

 

Le bouddhisme cinghalais est aujourd’hui rattaché à l’école « Hinayâna » (« moyen inférieur de progression vers le salut ») dites en Europe du « petit véhicule » alors que, lors de la seconde période d’Anuradhapura, le « grand véhicule » s’établit aussi à Ceylan. La distinction avec le « grand véhicule » (« Mahâyâna », « moyen supérieur de progression vers le salut ») semble porter sur la manière d’accéder au salut : la discipline rigoureuse et la vie monastique pour le petit véhicule, l’ardeur du sentiment, les ressources de la grâce de Bouddha sur les pêcheurs et le rôle salvateur des multiples Bouddhas et Bodhisattva pour le grand véhicule.

 

Cela n’est pas sans faire penser à la distinction de la doctrine morale entre protestants et catholiques. En première approximation ! Est-ce un raccourci trop scabreux ? Du moins, il me fixe les idées pour le jour où je pourrai approfondir la question avec un exégète de la religion bouddhiste.

 


[1] Sakyamouni = « ascète de la tribu de Sakya », tribu à laquelle Bouddha appartenait ; Burcan = nom mongol de Bouddha.

[2] Marco Polo. « Le devisement du monde – le livre des merveilles ». 1298.

 

Liste des articles sur le Sri Lanka

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 759