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Notes d'Itinérances
23 septembre 2017

Le rione Colonna, au coeur de Rome (7/13). L’obélisque du Montecitorio et le théâtre Capranica.

Horloge ou calendrier ? - Un des premiers théâtres de Rome - Des sommets de la culture à la gestion managériale d'entreprises !

 

Rome Colonna Théâtre Capranica

Sur la place du Montecitorio est situé un des obélisques de Rome ; encore un dans la ville la plus riche au monde pour ce type de monument ! Celui-ci servait de gnomon [1] à un gigantesque cadran solaire, l’horlogium Augusti. Le cadran, un espace de 160 m sur 75, se situait dans la partie septentrionale du Champ de Mars, près de l'Ara Pacis. L’obélisque, en granite rouge, date de Psammétique II (594 / 589 av. J.-C.) et provient d'Héliopolis. Il fut transféré à Rome en 10 av. J.-C. sur l’ordre d'Auguste. Il était surmonté d’une sphère de bronze percée d’une fenêtre qui permettait aux rayons du soleil, au zénith, de la traverser et donc de définir le mitan de la journée mais aussi la période de l’année sur une ligne méridienne tracée au sol, avec des lignes et des lettres en bronze doré [2]. Des éléments du cadran ont été récemment mis à jour dans la cave du n°48 de la via di Campo Marzio. Alors horloge ou méridienne ? Ou les deux ? 

Cet obélisque, haut de 21 m et pesant 230 tonnes, fut découvert en 1748 sous les fondations d’une maison, restauré avec du granite rouge prélevé sur des fragments de la colonne de Marc Aurèle puis érigé, entre 1789 et 1792, sur la Piazza di Montecitorio, à l’initiative de Pie VI Braschi (1775 / 1799). Sa fonction d’origine fut même restaurée en le coiffant d’une boule de bronze, copie de l’original, et en traçant une méridienne au sol. Son imprécision est proverbiale car la réalisation d’une méridienne précise exige à la fois une hauteur plus grande, mais aussi un espace fermé afin de bien observer le pinceau du rayon lumineux, comme à Santa Maria degli Angeli [3].

Mais, l’intérêt du lieu n’est pas seulement celui du palais Montecitorio mais aussi ce qui fut un théâtre très important de Rome, le théâtre Capranica. Il est situé après l’obélisque, à main droite, sur la piazza du même nom. Le théâtre, construit par le Cardinal Domenico Capranica, au XVe siècle, dans sa résidence principale, a été ouvert au public en 1679. Les œuvres des plus célèbres compositeurs italiens y furent présentées, Scarlatti, Vivaldi, Albinoni, et les plus grands chanteurs s’y donnèrent en représentation, Farinelli, Caffarelli, Carestini. De Brosses garde le plus mauvais souvenir de la représentation de « Mérope », sans que l’on sache s’il s’agit de l’œuvre de Giacomelli ou du premier opéra de Scarlatti donné à Rome en 1740.

« J’étais mal assis ; il y avait une foule à étouffer ; les décorations n’étaient ni finies ni tendues ; on voyait les murailles de tous côtés, les violons ivres, les rôles mal sus, les acteurs enrhumés, une Mérope abominable, un Polyphonte à rouer de coups de canne » [4].

A contrario, dix-neuf ans plus tard, Goldoni loue la qualité des acteurs du théâtre Capranica, les acteurs il est vrai, pas les chanteurs.

« Ce théâtre, qui depuis plusieurs années s’était dévoué à mes pièces, donnait, dans ce temps, ma comédie de Paméla. Cette pièce était si bien rendue et elle faisait tant de plaisir, qu’elle soutint toute seule le spectacle depuis l’ouverture jusqu’à la clôture, c’est à dire depuis le 26 décembre jusqu’à mardi gras » [5].

Le dernier opéra qui y fut joué était « Ernani » de Verdi, en 1881. Puis le théâtre a fermé. Il a rouvert ses portes en 1922 comme salle de cinéma, jusqu’en 2000. Depuis, il fait partie d’un centre de congrès situé au sein d’un hôtel de luxe, l’Albergo Nazionale. La salle de huit cent places accueille désormais des conventions d’entreprises, des réunions politiques, des soirées de gala, des défilés de mode ! De Vivaldi, Goldoni et Verdi aux conventions d’entreprise… Grandeur et décadence du théâtre Capranica.


[1] Le gnomon est une tige verticale projetant l'ombre du soleil, ou de la lune, sur un écran horizontal permettant de mesurer leur hauteur au-dessus de l'horizon et donc d’indiquer les solstices mais aussi l’heure solaire.

[2] Université de Caen-Normandie. « Le cadran solaire d’Auguste ». 2019.

[3] Voir Promenades dans Rome / Castro Pretorio / Sainte-Marie-des-Anges.

[4] Président De Brosse. « Lettres d’Italie ». 1740.

[5] Carlo Goldoni. « Mémoires de Goldoni pour servir à l’histoire de sa vie et à celle de son théâtre ». 1787.

Liste des promenades dans Rome et liste de la promenade du rionne Colonna

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