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Notes d'Itinérances
12 juin 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (23/26). Sorties dominicales à Luanda.

Le musée de l’esclavage - Le Ranch Gimunalu - La presqu’île de la baie de Corimba

 

 

Quel ennui le dimanche à Luanda ! Rien à y faire, ni promenade en ville, ni vitrines de magasins à regarder, ni terrasses de cafés où s’asseoir pour contempler le temps qui passe, ni cinéma, ni théâtre, ni concert, ni musée, ni même livres à lire sinon ceux que vous avez amené avec vous. Rien que de petites sorties, toujours dans les mêmes lieux, car il est déconseillé de trop s’éloigner de la ville pour des raisons de sécurité.

 

Les trois axes routiers qui partent de Luanda ne sont plus sécurisés : la route vers le Sud et l’embouchure du fleuve Kwanza puis Lobito, la route vers le Nord suivant le littoral ; celle vers l’intérieur avec une bifurcation vers Malanje et l’autre vers Huambo (ex Nova Lisboa) la grande ville du plateau central en pays umbundu. Luanda n’est en relation avec les autres villes que par les transports aériens, et sa subsistance en nourriture et biens de consommation est assurée par le transport maritime.

 

Si vous avez une voiture à votre disposition, vous pouvez faire un saut jusqu’au musée de l’esclavage, à Morro da Cruz, la Colline de la Croix, à sept kilomètres au Sud, sur la route de Barra do Kwanza. Au sommet d’une petite colline, une grosse maison du XVIIIe siècle est l’ancienne demeure d’un riche négrier portugais. De sa terrasse, il pouvait contrôler l’embarquement des esclaves pour leur traversée de l’Atlantique. Comme c’était certainement un brave homme, bon père de famille et bon catholique, soucieux du salut de l’âme de ses esclaves, ceux-ci étaient baptisés avant d’être embarqués ! 144 000 esclaves sont partis de Morro da Cruz. Si le site est intéressant, et important pour la connaissance de la traite négrière, le musée semble généralement fermé. Il paraît que, quand la situation est calme, il est possible de pousser plus loin jusqu’à l’embouchure du fleuve Kwanza.

 

« Seigneur Dieu, pardonne à l’Europe blanche !
(…) car il faut bien que tu oublies ceux qui ont exporté dix millions
de mes fils dans les maladreries de leurs navires
Qui en ont supprimé deux cent millions (…)
Seigneur, la glace de mes yeux s’embue
Et voilà que le serpent de la haine lève sa tête dans mon cœur,
Ce serpent que j’avais cru mort… » [1].

 

Autre possibilité, aller manger au « Ranch Gimunalu » à Funda, un centre équestre où il est possible de faire des balades à cheval, de côtoyer des petits animaux, poules et lapins, voire un pauvre petit singe attaché à une longue laisse qui vient jouer avec les clients.

 

Il reste enfin l’éventualité d’aller voir le mémorial à Agostinho Neto, une tour de 120 mètres de hauteur qui ressemble à une fusée spatiale et est surnommée « Spoutnik » par les Luandais. Le monument n’est toujours pas terminé alors que son érection a commencé en 1981 et il conserve toujours les hautes grues nécessaires à sa construction. La tour devrait recevoir dans son socle le sarcophage dans lequel repose la dépouille du premier Président de l’Angola, laquelle a été embaumée à Moscou après son décès. C’est toutefois une zone de chantier abandonné et pas très sûre.

 

Si vous possédez un petit bateau, ou que des amis en possèdent un, vous pouvez également aller au bout de la presqu’île de la baie de Corimba, située plus au Sud, pique-niquer entre l’ambassadeur d’Allemagne et le consul d’Italie qui installent tous les dimanches, au même endroit, leurs tentes, tables et chaises. L’accès en automobile en est actuellement très fortement déconseillé, toute une famille de coopérants, hommes, femmes et enfants s’y étant fait égorger il y a peu par une bande armée incontrôlée. Vous piquez un petit plongeon, puis reprenez sous le parasol le papotage interrompu au soir du dimanche précédent. Eventuellement, pour achever cette journée, vous inviterez vos amis à dîner et visionnerez ensemble la dernière bande vidéo louée au club.

 

« En ce moment, j’éprouve une vague mélancolie
Et un vague désir placide
Qui apparaît et disparaît » [2].

 


[1] Léopold Sédar Senghor. « Prière de paix ». 1945.

[2] Fernando Pessoa. « Le gardeur de troupeaux », Poèmes d’Alberto Caeiro.

 

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