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Notes d'Itinérances
15 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (8/12). Santi Nerone e Achileo et Santa Balbina.

Eglises romanes médiévales

 

 

Vous revenez aux thermes de Caracalla par la via di Porta Latina. Près de la Piazzale Numa Pompilio (le successeur de Romulus et deuxième des sept rois de la monarchie romaine), la petite église Santi Nerone e Achileo (Saint Nérée et Achillée) ne paye pas de mine d’autant que ses abords servent manifestement de lieu de séjour à des sans-abris étrangers. Elle a été construite en mémoire des bandages perdus à cet endroit par Pierre fuyant Rome par suite des persécutions engagées par Néron contre les Chrétiens. Ces bandages protégeaient ses blessures occasionnées par les chaînes dont il avait été entravé quand il était prisonnier à Jérusalem. Pour cette raison, l'église avait été enregistrée sous l’appellation « Fasciole » (bande, ruban) ! À la fin du VIe siècle, l'église a été dédiée aux saints Nereus (Nérée) et Achilleus (Achillée), deux soldats chrétiens martyrisés. Une épigraphe composée par le Pape Saint-Damase (305 / 384) précise que Nérée et Achillée étaient inscrits à la milice dans laquelle ils exécutaient les ordres du tyran parce que la terreur les y contraignait. Touchés par la foi, ils se convertirent et abandonnèrent immédiatement leurs armes. Ils furent condamnés à mort, décapités et leurs corps transportés dans les catacombes de Domitilla. Les faits se seraient passés sous Domitien, en l’an 95… ou peut-être sous Dioclétien, en 295 / 298 ! L'aspect actuel de l'intérieur de l’église est dû à la rénovation de 1597. Ses murs sont décorés de grandes fresques représentant des scènes de martyres. Ces images fleurirent à cette époque par suite du rappel du culte des images lors du Concile de Trente (1542 / 1563), la redécouverte des catacombes, l’envoi de missionnaires pour évangéliser les peuples non-chrétiens, et enfin la publication, en 1580, du premier martyrologue, un recueil de brèves notices sur les saints à fêter.

 

Juste après l’entrée des thermes, à gauche, par la via Ardonina vous montez sur la colline du petit Aventin, avec les thermes à votre gauche et un stade à votre droite. On a peine à le croire mais les rues étroites et pentues de ce quartier ont servi de piste automobile pour le grand prix automobile de Rome (via Antoniniana, Guido Bacelli, Cristoforo Colombo) en 1947, 49, 50 et 51 !

 

L’église Santa Balbina est située au sommet de la colline. L'église actuelle se dresse sur un bâtiment plus ancien qui faisait partie d'une grande villa appartenant à Lucius Fabius Cilo, consul de 193 à 204 et qui était un partisan de l'empereur Septime Sévère. Peut-être existait-il initialement un lieu de culte dans la villa, transformé ensuite en église car la première référence documentaire à l’église date de 595, sous le règne du pape Grégoire Ier, dans une liste de prêtres appartenant à cette église et assistant à un synodeLe bâtiment est à nef unique, avec de profondes niches aménagées dans les murs latéraux, alternativement semi-circulaires ou rectangulaires, délimitées par des pilastres. L'abside abrite une chaire cosmatesque du XIIIe siècle. C’est aujourd’hui un simple lieu de culte sans paroisse, une annexe de la basilique Saint-Pierre de Rome. L’église est dédié à Sainte-Balbina, une sainte assez obscure puisque le martyrologe romain de 2004 se contenterait de la décrire comme vénérée dans sa basilique de Rome. Les légendes sur sa vie et sa mort sont les plus diverses : elle aurait été nonne, ou noyée, ou enterrée vivante, voire décapitée. 

 

A l’église s’est ajouté, peut-être à la fin du VIe siècle, un monastère qui aurait été occupé par des moines grecs de rite byzantin. Au Moyen-âge, en raison de la situation instable et des nombreuses incursions armées, le couvent fut fortifié et une tour médiévale à créneaux érigée. En 1798, l’église fut occupée par les troupes française puis ensuite abandonnée. En 1854, le couvent a été racheté et transformé en centre de détention pour délinquants juvéniles de sexe masculin. En 1879, l'Istituto di Santa Margherita de Cortona s’y établit pour s’occuper de « peccatrici ravvedute » (pêcheuses repenties), autrement dit pour rééduquer des prostituées. En 1897, l'institution se transforma en orphelinat pour devenir aujourd’hui une maison de retraite pour personnes âgées [1]. Un parcours somme toute assez banal pour ce type de bâtiment et qui rend compte des évolutions démographiques contemporaines. Sur le côté de gauche de l’église, une petite route champêtre et ombragée, la via di Santa Balbina, vous conduit dans la partie habitée du rione et, par la via Ercole Rosa, vers la place Bernini.

 

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