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Notes d'Itinérances
11 juillet 2020

San Saba - Entre parcs et jardins (6/12). Au début de la via Appia antica.

Sur le chemin de Saint-Pierre jusqu’à l’endroit où il aurait décidé de retourner à Rome et d’affronter son destin

 

 

Le Censeur Appius Claudius Caecus [1] a pris l’initiative de faire construire une route, en 312 avant JC, pour conduire de la Porta Capena (derrière le cirque Maxime) jusqu’à Capoue, soit 195 km. Elle fut ensuite prolongée jusqu’à Brindisi dans les Pouilles. En 1988 a été créé un parc régional pour protéger et valoriser les vestiges archéologiques situés aux abords de la via Appia, mais aussi son paysage de la campagne romaine. L’idée d’un grand parc archéologique dans cette zone date de la fin du XIXe siècle car elle sera constamment menacée par les constructions d’entreprises, de maisons ou de voies de communication surtout depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le parc fait aujourd’hui plus de 3 000 ha, dont 95% sont des propriétés privées. Le début de la Via Appia antica est peu attrayant, la circulation des automobiles est assez dense et elle est traversée par les ponts d’une voie express (via Cilicia) puis d’une voie ferrée (Aéroport / Trastevere / Ostiense / Termini). A 500 mètres de la Porte San Sébastiano, après le pont du Chemin de Fer, sur la droite, un ancien bâtiment industriel permet d’atteindre l’Almone, un affluent du Tibre à la hauteur du quartier de Garbatella. Le long de l’Almone plusieurs moulins à foulon ont été établis dès le XVIIe siècle pour fouler la laine. Par la suite une entreprise de papier s’est installée et a fonctionné jusque dans les années 50. Une petite exposition rend compte de ces utilisations de l’eau de la rivière.

 

Peu après, sur la gauche, s’élève un monticule de briques sur lequel est construit une maisonnette récente ! Ce serait le tombeau de Geta. Geta (189 / 211) était le fils de Septime Sévère et le frère de Caracalla. Au décès de Septime Sévère, les deux frères (qui se détestaient) deviennent conjointement empereurs. Chacun fourbi ses armes et ses appuis, mais à ce petit jeu Caracalla était le « meilleur ». Il fait assassiner son frère lors d’un rendez-vous chez leur mère. Dans la foulée, il en profite pour éliminer tous les partisans de Geta lesquels se seraient chiffrés au nombre de 20 000 !

 

A 800 mètres de la Porte San Sébastiano, la voie se sépare en deux, à gauche la via Appia antica et, à droite, la via Ardeanita [2]. Au croisement, à gauche, est située une modeste église dénommée étrangement « Quo vadis ? » (« Où vas-tu ? »). L’église a été construite sur le lieu de la rencontre présumée entre le Christ et Pierre. Pierre fuyait les persécutions de Néron contre les Chrétiens qu’il accusait d’être les auteurs du grand incendie de Rome. Sur la via Appia, il aurait alors rencontré Jésus qui se dirigeait vers Rome. Pierre lui aurait demandé « Quo vadis, Domine? » (« Où vas-tu, Seigneur ? ») et Jésus aurait répondu : « Venio Romam iterum crucifigi » (« Je vais à Rome me faire crucifier de nouveau »), montrant ainsi qu’il faut affronter son destin. Pierre serait alors retourné à Rome, où il aurait été crucifié, la tête en bas à sa demande, par humilité. 

 

Au lieu supposé de la rencontre entre le Christ et Pierre a été érigée au IXe siècle une chapelle transformée en église en 1637 à la demande du cardinal Francesco Barberini, Santa Maria in Palmis [3] ; le blason en façade porte les armes des Barberini, trois abeilles. Bien que de taille modeste, la façade affirme, plus nettement encore que San Cesareo di Appia, son pari baroque : fronton triangulaire à ressauts en fort relief, pilastres colossaux cannelés, chapiteaux en fort relief, corniche brisée avec l’insertion d’un fronton de fenêtre interrompu et à volutes ! L'église abrite une plaque de marbre blanc qui présente l'empreinte de deux pieds que la tradition populaire associe à ceux du Christ lors de son apparition à Pierre. « On les a mesurées : c’est un bon 44/45. Taille remarquable pour l’époque » [4]. Si le pape Innocent III (1161 / 1216) les a décrétées vraies, il s’agirait en fait d’un ex-voto païen pour assurer le succès d’un voyage. Tout cela ne serait donc que légende et tradition ? Hommes de peu de foi ! Mais ces légendes, ces traditions, ces mythes, ont participé à l’histoire de notre civilisation et à forger notre culture et il est donc important de les connaître afin de comprendre ce que nous sommes.

 

Retour aux thermes de Caracalla par la Porte San Sébastiano et la via di Porta Latina.

 


[1] Homme d’État de la République romaine, censeur, par deux fois consul, dictateur, interroi par trois fois, préteur, édile curule par deux fois, questeur, tribun militaire par trois fois, mais aussi premier écrivain latin connu.

[2] A 1 200 mètres à partir de ce croisement, vous pouvez atteindre les fosses ardéatines où furent massacrés 335 civils italiens par les troupes d'occupation nazies à Rome, le 24 mars 1944.

[3] Romanchurches. Quo vadis.

[4] Marco Lodoli. « Nouvelles îles – Guide vagabond de Rome ». 2014.

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