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Notes d'Itinérances
13 septembre 2023

Ostiense - Révolution au sud de Rome (9/12). La cité-jardin de Garbatella.

Un quartier pour loger les ouvriers de la zone industrielle

 

 

Sur la colline qui domine la via Ostiense le quartier de Garbatella a été construit à partir de 1920, par l'Institut des maisons populaires (Istituto di Case Popolari - ICP) et l'Office autonome pour le développement maritime industriel (SMIR), sur des terres agricoles appartenant à d'anciens domaines de l'aristocratie romaine [1]. Deux hypothèses sur l’origine du nom : soit il dériverait de la culture de la vigne « a garbata » (vignes placées contre des érables ou des ormes), soit d'une aubergiste particulièrement aimable et gracieuse (garbate) avec ses invités, notamment masculins ! La rénovation du quartier a débuté dans les années 2009-2012 avec la construction de la Circonvallazione Ostiense et du pont Settimia Spizzichino (une des rares survivantes de la rafle du ghetto de Rome) sur les voies de la ligne B du métro, une magnifique structure suspendue de 160 m de long soutenue par deux poutres voûtées blanches.

 

Conçu dans l’objectif de loger la classe ouvrière qui devait travailler dans les entreprises voisines (port, gare, gazomètres, halles, entrepôts, abattoirs), le quartier a été imaginé sur le principe des cités-jardins : des maisonnettes avec un jardin potager et de petits immeubles. Il se caractérise par la variété de ses architectures conçues par les architectes des années 20/30. En 1927-1930, la nouvelle planification urbaine initie l’érection d’immeubles de style rationaliste-futuriste, tout en maintenant des espaces verts et des services publics, afin d’accueillir les nombreuses familles déplacées suite à la démolition des quartiers du Borgo pour la réalisation de la via della Conciliazione et de Campitelli pour la construction de la Via Trionfale ou del Impero (via dei Fori Imperiali). Les quatre hôtels (Rouge, Blanc, Beige et Jaune) de la Piazza Michele da Carbonara témoignent de cette histoire : il s’agissait de résidences de transit pour des familles déplacées, comprenant 997 chambres avec des services communs au rez-de-chaussée (cantines, blanchisseries, repassage, loisirs, infirmeries). A remarquer, au début de la Via Ignacio Persico, n°7, le portrait d’Alberto Sordi (Lucamaleonte, 2021).

 

La via Rocco da Cesinale croise la Piazza Nicola da Longobardi où est situé un des bâtiments emblématiques de Garbatella, La Scoletta, nom donné par les habitants à l'école maternelle Luigi Luzzati. Le bâtiment a été construit en 1927 sur les bases d’une villa de la Renaissance appartenant à la famille noble Sergardi de Senese. Puis, la via Magnaghi débouche sur le cœur du quartier, la piazza Damiano Sauli comprenant l'église San Francesco (1932) et l'école Cesare Battisti (1930). L’école comprend deux imposants immeubles, de quatre étages, de style rationaliste, encadrant une cour au fond de laquelle un bâtiment plus bas, présente un avant-corps à portiques encadrés de pilastres colossaux supportant quatre aigles de bronze ; il est dominé par une tour carrée terminée par un tambour octogonal contenant une horloge. Au n°40 de la via Passino est située la peinture murale « Oh my darling Clementine » (Solo et Diamond, 2020). La piazza Bartolomeo Romano est dominée par la structure du théâtre Palladium (1930), ancien cinéma-théâtre Garbatella de style romano-antique. En face, sur le mur d’un immeuble, le portrait du résistant « Enrico Mancini » (Francesco Pogliaghi, 2020) [2]. Par la via Luigi Fincati, on atteint la piazza Pantero Pantera. Au n°14, peinture murale « Prière au coucher du soleil » (Gomez, 2020). Les premières constructions du quartier étaient situées autour de la via Guglielmotti, avec des routes qui suivaient le profil des collines, selon les principes des cités-jardins, avec de petites villas économiques et un jardin potager attenant, et de blocs de petits immeubles entourant des cours et des jardins, avec des lavoirs, étendoirs, boutiques, caves. L’architecture, de style barocchettoromain, faisant référence à la tradition locale avec moulures, colonnettes et frises en stuc (photo). Habité à partir de 1921 et achevé en 1923, les noms des rues sont ici d'inspiration maritime (navigateurs, architectes navals…) pour faire référence au port construit sur le Tibre. Vittorio Emanuele III a posé la première pierre piazza Benedetto Brin le 18 février 1920.

 


[1] Pietro Giovanni Stoppani, Edoardo Spada. « Un itinerario a piedi per scoprire il quartiere della Garbatella, a Roma ». 2022.

Federico Riccardi. « Garbatella ». Romaapiedi.com.

[2] Le 25/04/2023, date anniversaire de la libération antifasciste, l’artiste Laika a peint Piazza Bartolomeo Romano « 2023. Mia nonna partigiana è ancora arrabbiata » (2023, Ma grand-mère partisane est toujours en colère). Une grand-mère, foulard rouge au cou, poursuit avec son rouleau à pâtisserie, le président du Sénat Ignazio La Russa pour ses propos révisionnistes !

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Ostiense

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