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Notes d'Itinérances
11 mai 2021

Les obélisques de Rome (21/28). 1842 - Villa Torlonia (n°18).

70 via Nomentana - Quartiere Nomentano

 

 

La Villa Torlonia est une des plus récentes villas romaines. Le riche banquier Giovanni Torlonia, petit-fils d’un marchand et paysan auvergnat, qui avait obtenu le titre de marquis en 1797 en prêtant de l’argent au pape, voulu faire preuve de son nouveau statut. Il acheta la Vigna Colonna sur la via Nomentana et chargea Giuseppe Valadier, l’architecte qui avait réalisé l’aménagement de la piazza del Popolo, de rendre son nouveau domaine digne des autres demeures princières de Rome. Entre 1802 et 1806, Valadier transforma le bâtiment principal en un élégant palais avec des avant-corps et des terrasses et aménagea un parc « à la française ». 

 

A la mort de son père, en 1832, son fils poursuivit l’aménagement de la villa en lui ajoutant un monumental pronaos de six colonnes colossales surmontées d’un fronton triangulaire abritant un haut-relief en terre-cuite figurant « Bacchus revenant triomphant des Indes sur un chariot traîné par des tigres » ! Les deux petites ailes à arcades de Valadier furent remplacées par deux portiques à colonnes doriques, sur les flancs de la villa formant des saillies semi-circulaires.

 

Le parc à la française fut entièrement repris dans un style anglais, avec allées serpentantes, grandes pelouses, petits lacs et de nombreux bâtiments annexes : « Capanna Svizzera » (cabane suisse), Casino dei Principi (maison des Princes), temple de Saturne, serre mauresque, fausses ruines d’un temple de Minerve, champ de tournois ! Sous la villa avait également été construite une salle circulaire à coupole surbaissée, redécouverte en 2004 lors des travaux de restauration, figurant une tombe étrusque aussi bien par sa méthode de construction que par ses décorations inspirées des vaisselles étrusco-corinthiennes.

 

L’obéliscomania frappa à son tour ces nouveaux riches. Alessandro Torlonia, fit ériger en 1842 deux obélisques en l’honneur de ses parents, devant (voir photo) et derrière la villa. De dix mètres de haut, auxquels il faut ajouter la base, les obélisques sont en granite rose, des carrières de Baveno sur le lac Majeur. Ils furent transportés par voies fluviales du lac Majeur à Milan où ils finirent d’être taillés, puis jusqu’à Venise, enfin par voie maritime pour atteindre Rome. Le bateau remonta alors le Tibre puis l’Aniene, avant d’être hissé à terre avec sa cargaison d’obélisques et tiré sur la via Nomentana en roulant sur des rondins jusqu’à la villa Torlonia [1] ! Les inscriptions hiéroglyphiques furent réalisées à Rome, sur les indications du père barnabite Luigi Ungarelli [2], orientaliste et archéologue. Elles rendent hommage à Giovanni et Anna-Maria Torlonia.

 

En 1925, la Villa fut cédée à Mussolini qui y logea jusqu’en 1943. La présence de Mussolini n’apporta que des modifications secondaires, le champ de tournois fut transformé en court de tennis et des bunkers souterrains furent creusés. Trois au total, le Duce ne les trouvant certainement pas assez sûrs. En juin 1944, tout le complexe a été occupé par les troupes du commandement anglo-américain, qui y resta jusqu’en 1947. Puis les bâtiments furent abandonnés et continuèrent à se dégrader. En 1977, la Mairie de Rome racheta la Villa et ouvrit le parc au public l’année suivante. Depuis les années 90, la municipalité restaure patiemment et avec constance les différents éléments de la villa Torlonia : la « Casina delle Civette » (l’ancienne cabane suisse comprenant un petit musée des vitraux), puis la villa, les anciennes écuries, le théâtre. 

 

Le deuxième étage de la villa accueille aujourd’hui un agréable musée de « l’École romaine », une école de peinture qui s’affirma dans l’entre-deux guerres et dans la période postérieure. Il réunit des œuvres de peintres qui permettent de se faire une idée des tendances qui traversaient la peinture italienne au milieu du XXe siècle.

 


[1] Andrea Gaddini. « Les obélisques Torlonia ». Site web.

Francesco Arbitrio. « Il viaggio via terra della nave con gli obelischi: da Sacco Pastore a villa Torlonia ». Il Fonendoscopio. 23/04/2020.

[2] Luigi Ungarelli a fait paraître, en 1835, un ouvrage sur les inscriptions des obélisques romains, réalisé de fait à partir des notes de Jean-François Champollion. Voir Jacques-Joseph Champollion-Figeac. « Notice sur un ouvrage intitulé : Interpretatio Obeliscorum Urbis ad Gregorium ». Extrait de la revue de bibliographie analytique. 1842.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur les obélisques de Rome

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