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Notes d'Itinérances
1 août 2021

Algérie au coeur (7/42). Des appréciations différentes du temps.

Temps cyclique ou linéaire - Quel déroulement du temps ?

 

 

Le bungalow qui nous est attribué présente la simplicité rustique alors chère au « Club Med », une simplicité qui frise le sommaire et est encore accrue par le manque de pièces détachées, par exemple la tirette des toilettes est remplacée par un fil de fer. Surprise, il n’y a que deux lits à une place dans la chambre alors que nous sommes trois ! Ayant fait part du problème à la réception, un employé nous apporte bientôt un matelas qu’il pose par terre. Pour le sommier, il nous précise qu’il faut attendre, car ce n’est pas possible d’en avoir un aujourd’hui. Pourquoi le matelas et pas le sommier ?

 

Le lendemain, nous rappelons aux employés qu’ils doivent nous fournir un sommier bien que son absence ne semble pas avoir gêné le sommeil de neuf ans de notre fils. Le réceptionniste nous assure avec gentillesse et un large sourire qu’il donne les ordres tout de suite et que le lit sera installé immédiatement. Ce qui n’est toujours pas le cas le soir venu ! Nouvelle démarche, nouvelle réclamation, mais cette fois il nous est répondu qu’il est trop tard, car le personnel d’entretien est déjà parti, mais cela sera fait demain, sans faute. Mais quel « Demain » ?

 

« L’expression « lundi suivant » est une expression vicieuse. Pour qui songe à l’avenir, tous les lundis sont « suivants ». Nombreux seront encore nos lundis s’il plaît à Dieu ; mais comment dans cette suite de lundis, choisir celui qui est le plus « suivant » que les autres ? » [1]

 

De jour en jour, nous demandons l’installation du fameux sommier, à quoi il nous est immanquablement répondu que cela sera fait dans la journée ou, au pire, le lendemain, sans que cela ne donne jamais lieu à aucune concrétisation. Mais jamais au grand jamais personne ne nous dira que ce n’est pas possible, qu’il n’y a plus de sommiers disponibles, que les employés n’ont pas le temps, ou qu’ils ne veulent pas le faire, ou que cela peut attendre ou que sais-je encore ?

 

Du côté des clients, la société que l’on croise au restaurant ou sur la plage est apparemment très mêlée : des employés attirés par des plages de sable fin peu fréquentées, des quinquas ou sexagénaires séduites par un voyage organisé à l’étranger plutôt bon marché, et des « baroudeurs » qui « font » l’Algérie parce que c’est une destination de voyage encore rare : les souvenirs de la guerre restent très présents dans les mémoires et l’équipement hôtelier en Algérie est encore très sommaire. Au bar, une espèce de tartarin moderne, exhibant chèche ou turban et portant de petits sacs de cuirs targuis autour du cou, raconte à qui veut l’entendre sa virée dans le Sud algérien. Un siècle après, les mêmes rêves d’aventure orientale fonctionnent encore ! Il y a pourtant bien longtemps que le dernier lion de l’Atlas est mort ; le célèbre chasseur de lions, Bombonnel, ne l’affirmait-il pas déjà à Tartarin de Tarascon dès 1872 ? Et, avec les lions, ce sont aussi les caravanes dans le désert, les rezzous sauvages, les bédouins farouches qui ont disparu. En Algérie, il y a des avions, des voitures, des bus, comme partout, même s’il n’y a pas toujours l’électricité et l’eau dans les douars.

 

TIPAZA. 17 juillet 1998.
L’explosion d’une bombe sur
la plage de Kouali a fait
deux blessés parmi les baigneurs.
L’explosion a entraîné un
mouvement de panique parmi
les milliers d’estivants.

 


[1] Georges Duhamel. « Le Prince Jaffar ». 1924.

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