Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
10 novembre 2023

Pigna - Entre les places de Venise et de Minerve (20/23). Le Collège romain et la via Pie di Marmo.

Un pied bien chaussé – Une boutique de mode pour Monsignori

 

 

En longeant par la droite l'église Sant'Ignazio, on rejoint la Piazza del Collegio romano dominée par le Palais qui lui a donné son nom. Le palais érigé à la demande du pape Grégoire XIII Boncompagni (1572 / 1585) serait de Guiseppe Valeriano, bien qu’Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, ait commencé à construire dès 1582. La façade, austère, grandiose et imposante, aurait été réalisée sur un projet de Paolo Maruscelli. Elle comprend trois parties, la partie centrale étant exaucée de deux étages supplémentaires et d’un clocheton qui sonnait les heures de cours. A droite se dresse la tour de l’observatoire astronomique construite en 1787. 

 

Ouverte comme école de grammaire, l’institution jésuite se développa rapidement dans tous les champs du savoir scientifique compte-tenu de la qualité de ses enseignements. Dès la fin du XVIe siècle elle devint un établissement d’enseignement supérieur. Comme université ecclésiastique, elle servait aussi d’école de philosophie et de théologie pour les Jésuites. Après la suppression de la Compagnie de Jésus, en 1773, le Collège romain fut confié au clergé romain puis à nouveau aux Jésuites, en 1814, quand la Compagnie fut à nouveau autorisée. En 1870, le Palazzo romano a été confisqué par l'État italien. Après avoir été utilisé comme caserne, il est devenu un lycée d'État, dédié à Ennio Quirino Visconti (1751 / 1813), archéologue, conservateur de musée, historien de l’art, savant mais aussi homme politique, diplomate, ministre de la première République romaine [1].

 

A l’ouest s’ouvre la via del Piè di Marmo (rue du pied de marbre !). Le Piè di Marmo était bien en vue dans la rue qui porte son nom jusqu'en 1878, mais il a dû être été déplacé pour faciliter le passage du cortège funèbre du roi Vittorio Emanuele II vers le Panthéon. Vous aurez l’occasion de le rencontrer, un peu plus loin, à l'angle des Via del Piè di Marmo et Santo Stephen Cacco, sur un piédestal de briques. Ce pied est chaussé d’une sandale ouverte, faite de lanières de cuir cousues à la semelle. La sandale remonte sur la cheville, lassée au-dessus, et est ouverte au bout laissant les orteils à l'airCompte-tenu de la pointure de la chaussure, du XXXXXL, la taille de la statue devait donc avoisiner les huit mètres de haut. C’est le reste d'une statue provenant vraisemblablement des temples antiques situés à cet endroit. Ils étaient dédiés à deux divinités égyptiennes : Isis et Sérapis. Plusieurs sculptures antiques découvertes dans cette zone attestent de la présence de ces temples : le buste de Madama Lucrezia (piazza San Marco in Campidoglio) lequel pourrait être la statue d’Isis, la Pigna (cour de la Pigna au palais du Vatican), une pomme de pin en bronze motif central d’une fontaine et, bien sûr, de très nombreux obélisques, grands (Macuteo / Place du Panthéon, Matteiano / Villa Celimontana, Agonale / Piazza Navone) ou petits (Minerveo / Piazza Minerva, Dogali / Viale Luigi Einaudi, Boboli / Florence)… 

 

La via Santa Catarina di Siena suit celle du Pied de marbre. Une boutique un peu particulière y est située, « Barbiconi », spécialisée dans les habits ecclésiastiques et les ornements religieux (photo) [2]. Au début du XIXe siècle, la famille Barbiconi a étendu son activité dans le champ religieux en confectionnant des couvre-chefs pour ecclésiastiques. Vers les années 1950, l’entreprise s’agrandit vers la confection « sur mesure » des habits sacerdotaux et s’installe rue Santa Caterina di Siena. A la fin des années 60, elle ouvre son catalogue aux ordres chevaleresques en confectionnant des manteaux et uniformes, et la fourniture de décorations, épées et accessoires divers. L'entreprise est néanmoins restée familiale, depuis quatre générations, même si ses activités se sont encore étendues à la vente de parements et objets pour les autels et les cérémonies religieuses, et même l'habillement des sœurs, égalité de « genres » oblige ! Il paraît que la crise touche aussi l’église et que les « monsignore » n’ont plus tout à fait les moyens de renouveler aussi souvent leur garde-robe et leurs habits sacerdotaux. Barbiconi s’en serait plaint. Il paraît même que désormais les boutiques de vêtements ecclésiastiques soldent leurs collections de l’année précédente. Mais mi-février, je n’ai rien vu qui annonçait des soldes chez Barbiconi. Oh ! Ce n’est pas que j’étais particulièrement intéressé ; simple curiosité.

 


[1] Mais aussi conservateur du musée du Louvre, membre de l’Institut de France, inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

[2] La Repubblica. « Ma c' è ancora chi preferisce la seta e l' oro ». 21/12/2013.

 

Liste des promenades dans Romeet Liste des articles sur le rione de Pigna

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 642