Viêt-Nam - 1995 / 2023 (25/27). En 2023, le Viêt-Nam du nord au sud.

En 2023, le pays s'est profondément modifié

[1]           Évidemment, on peut se douter, qu’en 2023, on va retrouver un Viêt-Nam qui n’est plus tout à fait celui que l’on a connu et aimé en 1995 même si les agences internationales de voyage continuent à en donner la même image. Mais il a coulé de l’eau sous les ponts du Fleuve rouge comme du Mékong.

En 2023, le Viêt-Nam est un pays de 98,9 millions d’habitants (74 en 1995) dont 22% de moins de 14 ans (36 en 1995), un nombre d’enfants par femme de 1,9 (3,23 en 1995) soulignant que le Viêt-Nam a terminé sa transition démographique. Le taux de croissance de l’économie est de 8% en 2022 (9,54% en 1995). Le PIB par habitant (en $ constants de 2010) est de 3 655 en 2022 (à titre de comparaison : Algérie 3 996, France 38 914, Thaïlande 6 278) contre 906 en 1995 [2]. Près de 18% du Produit Intérieur Brut du Viêt-Nam provient de l’agriculture (40 en 1995) ; 64% de la population habite en zone rurale (80 en 1995). En 2023, l’industrie contribue à 38,8% au PIB vietnamien, les services à 43,7%.

En 2008, le Viêt-Nam a rejoint le groupe des pays à revenu intermédiaire, il est désormais le 15e pays du monde pour sa population et le 40e pour son économie. L’économie du Vietnam est profondément intégrée dans l’économie mondiale avec des relations avec les grandes économies de la planète, États-Unis, Union Européenne, Japon. La COFACE, une compagnie française d’assurance spécialisée dans l’assurance-crédit à l’exportation à l’usage des entreprises françaises, souligne les points forts de l’économie vietnamienne : un des taux de croissance les plus rapides de la région, le bénéfice de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, un grand réservoir de main-d'œuvre à faibles coûts salariaux, une stratégie de développement basée sur la montée en gamme de la production et la diversification, de la chaussure, l'habillement et le mobilier vers l'électronique.

Les Vietnamiens, du moins une partie d’entre eux, peuvent désormais goûter aux plaisirs d’autoroutes rapides et payantes, de larges avenues embouteillées aux heures de pointe, de logements au confort moderne dans de hautes tours d’immeubles entourées d’espaces verts, d’une distribution efficace dans les hypermarchés et du chalandage dans les boutiques internationalisées de Prada, Versace, LVMH, Vuitton ou Dior… soit un mode de vie et de consommation internationalisé !

L’ex-touriste de 1995 constate très vite les changements, en 2023, dans une énumération à la Prévert : vastes aéroports récents et anonymes, extension des villes en longueur et en hauteur, autoroutes, routes plus larges et mieux goudronnées, disparition des bicyclettes et cyclopousses au profit des scooters et voitures, grands hôtels aux standards internationaux, multiplication des bars et restaurants dans les quartiers anciens, développement des lodges et des accueils à la ferme en zones rurales, remplacement des bacs sur le Fleuve rouge et le Mékong par de magnifiques ponts à haubans, embouteillage des navires dans le chaos de la baie d’Halong, transformation en dur de l’habitat rural, climatisation des wagons de l’Express de la Réunification lequel ne roule toutefois pas plus vite, restauration de la cité impériale de Hué, saccage des fronts de mer avec des immeubles laids et médiocres à Halong et Danang, transformation de la rue Dong Khoï à l’architecture contemporaine et mondialisée, élévation générale du niveau de vie et une jeune génération de Vietnamiens plus grande et manifestement mieux nourrie… et partout des chantiers, des constructions et des boutiques, des boutiques, des boutiques. 

Mais tous les touristes peuvent aussi remarquer le développement de fortes contradictions tant économiques que sociales : les formidables inégalités de revenus entre une classe aisée et des populations condamnées aux petits boulots, entre les villes et les campagnes, entre littoral et hautes terres [3], les conditions de travail sommaires, la disparition d’excellentes terres agricoles sous l’urbanisation, l’urbanisation anarchique, l’insuffisance du traitement des déchets, la pollution atmosphérique des villes, la remontée des eaux marines dans les deltas…

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[1] Saigon, Rue Dong Khoï, place du théâtre.

[2] Les statistiques économiques sont tirées de Perspective Monde, Université de Sherbrooke, Québec, Canada.

[3] Même si la part des personnes vivant avec moins de 2 $ / j serait passée de 85 % (1990) à moins de 20 % (2010). Voir Yves Duchère, « Carte à la une. Dynamiques et contrastes du développement au Vietnam ». In Géoconfluences. Février 2023.

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