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Notes d'Itinérances
16 mars 2024

Portugal - Lisboa rime avec Pessoa (7/16). La place du Rossio et le bureau de tabac Monaco.

Le nœud de communication de la ville – Un bureau de tabac à la devanture modeste

 

 

La place du Rossio est le nom populaire de la Praça de Dom Pedro IV. Elle est la place principale de Lisbonne à la fois comme nœud de communication, métro, bus et autrefois tramways, mais aussi comme lieu social et culturel avec de très nombreux restaurants et cafés et le Théâtre National Dona Maria. II est enfin un lieu historique, c’est de l'église du couvent de Saint-Dominique, voisine du Rossio, qu’est parti, en 1506, un terrible pogrom contre le quartier juif de la ville situé dans le Barrio de Santa Magdalena, massacre qui fera plus de 4 000 victimes. Au nord de la place le Palais de Estaus, qui servait à accueillir les nobles étrangers en visite à Lisbonne, est devenu au XVIe siècle, le siège de l’Inquisition à Lisbonne, une inquisition portugaise tristement célèbre par sa rigueur : 40 000 procès, 30 000 condamnations, 750 autodafés, 1 175 personnes brûlées vives. 

 

Au-dessus de l’agitation de la place règne la statue de Dom Pedro IV (1798 / 1834), empereur du Brésil sous le nom de Pedro Ier, de 1822 à 1831, et roi du Portugal du 10 mars au 2 mai 1826 (photo). Empereur du Brésil, conscient de la nécessaire indépendance du Brésil par rapport au Portugal, il abdique au Portugal en faveur de sa fille aînée, Maria, sous la condition de l’application de la constitution qu’il a rédigée. Son vœu n’ayant pas été exaucé, son frère Michel ayant usurpé le trône du Portugal, il s’allie avec les libéraux pour reconquérir le Portugal, de 1832 à 1834, au profit de sa fille qui sera reine de 1834 à 1853 sous le titre de « Reine du Portugal et des Algarves, de chaque côté de la mer en Afrique, duchesse de Guinée et de la conquête, de la navigation et du commerce d'Éthiopie, d'Arabie, de Perse et d'Inde par la grâce de Dieu » ! Ronflant, mais poétique.

 

 « (…) l’empereur Maximilien du Mexique qui, moulé dans la statue de Rossio, fait semblant d’être Don Pedro IV du Portugal » [1]

 

La légende veut en effet que la statue de Dom Pedro IV soit en réalité celle de l'empereur Maximilien du Mexique qui, inutilisée après son assassinat en 1867, aurait resservi au profit de Pedro IV. Après tout, il s’agit de deux empereurs sud-américains ! De plus, le pauvre Maximilien devait initialement épouser Marie-Amélie, fille de Dom Pedro IV : cette statue, c’est quasiment une histoire de famille. Mais non, la statue présenterait bien des particularités propres au Portugal : les armes du Portugal sur les boutons de la vareuse et la Charte constitutionnelle accordée en 1826 qu’il tient à la main. 

 

Naturellement, la place du Rossio voyait régulièrement passer Fernando Pessoa du fait des lignes de tramway ou des cafés qu’il fréquentait. Il achetait son tabac à la minuscule boutique « Monaco », au n°21, côté ouest de la Praça Dom Pedro IV, non loin du café Nicola. Selon Luis Machado, il fumait quatre-vingt cigarettes par jour ! [2] Sûr qu’il devait faire ses provisions régulièrement. Le bureau de tabac Monaco a ouvert en 1894. C’était un des premiers endroits dans Lisbonne où existait un téléphone public. On peut y aller pour y admirer la peinture de son étonnant plafond, ses azulejos, mais aussi y acheter les journaux étrangers et enfin, comme Fernando Pessoa, ses cigarettes ou toutes sortes de tabacs.

 

Au Sud-est du Rossio s’ouvre une autre place laquelle était occupée au début du XXe siècle par un marché couvert.

 

Há tanta coisa mais interessante
Que aquele lugar lógico e plebeu,
Mas amo aquilo, mesmo aqui... Sei eu
Porque o amo? Não importa nada. Adiante...
 Isto de sensações só vale a pena
Se a gente se não põe a olhar p’ra elas.
Nenhuma d'elas em mim é serena... [3]

Il y a tant de choses plus intéressantes
Que ce lieu là, ce lieu logique et plébéien,
Oui, mais j’aime ça, oui, même ici... Sais-je pourquoi,
Je l'aime, au moins ? Aucun intérêt. Poursuivons...
Cette histoire de sensation ne vaut la peine
Que si l’on reste bien sans y mettre les yeux.
En moi, il n’en est pas qui soient vraiment sereine... »

 

[1] José Cardoso Pires. « Lisbonne – Livre de bord ». 1997.

[2] Luís Machado.  « À Mesa Com Fernando Pessoa ».

[3] Álvaro do Campos / Fernando Pessoa. « A Praça da Figueira de manhã - La Place de Figueira le matin ». 1913.

 

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