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Notes d'Itinérances
16 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (15/47). Le musée des Arts décoratifs.

Invitation chez la comtesse de Revilla de Camargo - Une formidable accumulation de richesses

 

 

Dans la calle 17, une des rues les plus chics du Vedado, une magnifique demeure abrite le musée des Arts décoratifs. II s'agit en fait de la demeure et de la collection privée de la richissime Maria Luisa Gomez Mena, comtesse de Revilla de Camargo, dont la famille avait fait fortune dans la production et le commerce du sucre.

 

L’hôtel particulier fut construit entre 1924 et 1927 sur le modèle d’un bâtiment classique du type du petit Trianon. Rien que cela. Carré, deux étages décorés de pilastres, séparés par une corniche à ressaut, façade couronnée par un attique à balustres, un avant corps à colonnes ioniques ouvre sur le vestibule et supporte un balcon. L’essentiel des matériaux de construction a été importé d’Europe et toute la décoration intérieure a été réalisée par la maison Jansen de Paris qui travaillait alors pour les commanditaires mondiaux les plus renommés.

 

L’intérieur est une accumulation de richesses des XVIe au XXe siècles : commodes Louis XIV, secrétaires Renaissance italienne, porcelaines de Meissen, Chantilly, Limoges et Sèvres, tapisseries d’Aubusson, paravents chinois, consoles Louis XVI, fauteuils Chippendale, vases de Lalique, cristaux de Bohême. Le visiteur passe successivement d’une entrée de style vénitien, à un salon Louis XV, un salon chinois, une salle à manger Régence, un boudoir second Empire, un salon anglais, une galerie Art Déco. Un grand nombre des pièces du mobilier proviennent de Versailles et ont été rachetées dans toute l’Europe. Le souvenir de Louis XVI et de Marie-Antoinette y est particulièrement cultivé, avec un bureau ayant appartenu à la Reine, mais aussi des bustes et des tableaux.

 

Une petite partie de ces 33 000 pièces ferait le plus grand plaisir d’un de nos musées !

 

En 1954, Fidel, alors en prison sur l’Ile des Pins, déclarait :

 

« Je pense que c'est à l'Etat de résoudre ce problème, en enlevant l'argent aux riches, en triplant les impôts sur les hôtels particuliers du Country Club et de la Cinquième Avenue, les résidences secondaires, les clubs privés, les héritages voués à la dilapidation et les rentes fabuleuses gaspillées dans le luxe. Mais que ne meure en tout cas aucun malade parce qu'il a plu ou que la comtesse Revilla de Camargo a eu un malaise ! Et que Dieu lui pardonne sa vanité, puisque nous pouvons bien, nous les hommes, lui pardonner son ridicule ! Après tout, pourquoi ne pas souhaiter qu'il reste encore des comtes et des comtesses de la même manière que nous souhaiterions qu'un cacique siboney ou un exemplaire de lamantin quasiment disparu soit encore en vie ? ».

 

Il ne fut pas entendu par la comtesse laquelle quitta le pays en 1961. Elle abandonnait une des plus belles maisons du Vedado, une richissime collection de meubles et d'objets chinois, néoclassiques, second Empire, orientaux et Art déco. La comtesse en partant, avait quand même pris soin de dissimuler, dans un réduit qu’elle fit murer, toute sa collection d’argenterie - des milliers de pièces disposées sur des étagères - dans l’attente de son hypothétique retour. Las, au cours de travaux d’entretiens du musée, la fabuleuse cachette fut découverte et les pièces sont aujourd’hui exposées dans les différentes salles de la demeure.

 

Quant à la comtesse, elle n’est jamais revenue. Peut-être ne souhaitait-elle pas être exhibée comme une antiquité, une pièce unique et ancienne, une survivante de la préhistoire capitaliste de Cuba ? Sa collection certes remarquable, plus que son « bon goût », souligne surtout son désir de paraître, d’étaler sa puissance et les fabuleux profits que pouvaient alors réaliser les riches familles cubaines.

 

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