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Notes d'Itinérances
14 mai 2014

Cuba, oriente (10/34). Hatuey, le « premier rebelle d’Amérique » ?

Le massacre des Indiens taïnos - La Cruz de la Parra

 

 

Si Baracoa revendique l’antériorité du passage de Christophe Colomb à Cuba, la ville s’enorgueillit aussi d’avoir été le premier lieu de la révolte des Indiens, révolte dirigée par le cacique Hatuey, le « premier rebelle d’Amérique » comme le proclame le monument qui lui est dédié.

 

Hatuey serait venu en canoë d’Haïti, « Ayiti » selon le nom taïno de l’île alors dénommée « Hispaniola » par les Espagnols, en 1511, avec 400 de ses compatriotes. Ayant pris contact avec les différentes tribus d’indiens taïnos de l’est de l’île, il leur conseilla de lutter contre les envahisseurs et il prit la tête de la guérilla en attaquant les petits groupes d’Espagnols, les obligeant à se retrancher dans le fort de Baracoa.

 

Diego Velásquez, organisa alors l’extermination des rebelles en s'appuyant sur sa supériorité technologique et en détruisant systématiquement les cultures et en tuant le bétail. Hatuey sera finalement capturé grâce à la délation d'un prisonnier. Comme il se doit, il fut condamné au plus vil des châtiments, le bûcher.

 

Bartolomé de Las Casas raconte les derniers instants d’Hatuey à qui un prêtre proposait de le baptiser, avant de le brûler vif, pour le laver de ses péchés.

 

 « Un prêtre de Saint François, un saint homme qui était là, lui disait certaines choses au sujet de Dieu et de notre foi (dont il n'avait jamais entendu), ce qui pouvait suffire dans le peu de temps que les bourreaux lui donnait, et que, s’il voulait croire, il irait au ciel où il y avait la gloire et le repos éternel, et si non, il devait aller en enfer à souffrir des tourments et des peines perpétuelles. Il réfléchit un peu, et il questionna le religieux s’il y avait des chrétiens au ciel. Le prêtre répondit que oui, mais iront ceux qui étaient bons. Ensuite, sans réfléchir davantage, le chef dit qu’il ne voulait pas y aller, mais plutôt en enfer, pour ne pas être là où ils étaient et ne pas voir ces gens si cruels » [1].

 

Si nous pouvons admirer le buste d’Hatuey, dressé devant la façade de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, comme pour rappeler à l’église catholique sa participation au génocide des Indiens, impossible de voir dans l’église la « Cruz de la Parra », la croix qu’aurait plantée Christophe Colomb en débarquant sur la plage de la baie ! L’édifice est en cours de réfection  et il n’en subsiste que les murs extérieurs par suite du cyclone de 2008. La croix aurait été transférée au domicile du prêtre de la paroisse.

 

L’hôtel « Gaviota Porto Santo » est situé sur l’autre rive de la baie de Baracoa, dominant la mer de quelques rochers où, d’après la légende, Christophe Colomb aurait planté la fameuse croix de Parra. Chaque hôte peut ainsi se donner l’illusion qu’il redécouvre l’Amérique d’autant qu’en février les pluies tropicales donnent au paysage, à peine deviné dans la brume, un aspect fantomatique, comme un rêve éveillé.

 

Curieusement, le sol de collines rougeâtres, couvert d’une végétation luxuriante de bananiers plantain, de cacaoyers, et de petits champs cultivés à flanc de coteaux et plantés de manioc, de maïs et de haricot, avec un habitat dispersé, de cahutes de bois, le climat tropical humide, l’ensemble fait penser aux paysages du pays bamiléké au Cameroun.

 


[1] « Brève relation de la destruction des Indes, par l'évêque Don Bartolomé de las Casas, frère de l'ordre de Saint Dominique ». 1552.

 

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