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Notes d'Itinérances
1 février 2021

Regola - Le quartier du palais Farnese (3/13). Le palais Farnèse - Le salon d’Hercule et la galerie des Carrache.

Une salle sur deux niveaux – Dix ans de travail pour décorer une galerie

 

 

Il est désormais possible de visiter le palais Farnèse : sa cour intérieure, l’escalier d’honneur, le salon d’Hercule et la galerie des Carrache [1]. La salle des Fastes farnésiens reste du domaine strict de l’ambassadeur qui conserve jalousement son bureau.

 

L’escalier d’honneur conduit au premier étage où se trouvent les salles de réception. C’est un escalier de deux volées droites, en retour. Placé au cœur d’une aile du bâtiment, il aurait été aveugle si un puits de lumière faisant cour intérieure ne permettait de l’éclairer au niveau de son palier médian par deux arcades (cortile [2]). Ce cortile est décoré, sur le mur opposé, de deux niches situées dans le prolongement de chacune des volées d’escalier, montante et descendante, donnant ainsi de la profondeur à la structure par un effet de perspective et d’éclairage.

 

Le salon d’Hercule était à l’origine la salle des gardes. Michel-Ange en modifia la hauteur en utilisant deux étages, ce qui lui donne un volume impressionnant (8 mètres de haut !) tout en assurant une très grande luminosité. Le Bernin saura se souvenir de la leçon au Palais Barberini pour le grand salon où il utilisera le même procédé. Les parois devaient également être décorées par les frères Carrache, mais les 10 ans passés à décorer la galerie leur suffirent peut-être d’autant qu’ils furent payés avec pingrerie et les murs du salon sont donc restés nus, agrémentés seulement de deux tapisseries des Gobelins du XVIIe reprenant des thèmes des stances de Raphaël au Vatican.

 

Les fresques de la galerie ont été réalisées entre 1597 et 1607 / 1608 par Annibal Carrache (1560 / 1609), secondé par son frère Augustin (1557 / 1602). Elles racontent notamment les amours des dieux d'après « Les Métamorphoses » d'Ovide. Elles auraient été commandées à l'occasion du mariage de Ranuccio Farnèse avec Marguerite Aldobrandini, d'où le choix de la thématique amoureuse. La fréquentation des palais du XVIIIe nous rend certainement moins étonnante la composition générale de la voûte, c’est que celle-ci a depuis largement été reprise, notamment au Louvre puis à Versailles avec ces grandes compositions centrales entourées de tableaux. Au centre, une grande peinture au thème issu de la mythologie, « Les Noces de Bacchus et d’Ariane ». Puis, tout autour, ce ne sont pas moins de vingt-cinq tableaux qui sont assemblés, et qu’il faut pouvoir déchiffrer. Notre connaissance des classiques étant désormais réduite, c’est avec difficulté que l’on identifiera Orphée perdant Eurydice, Mercure offrant la pomme d'or à Pâris, ou la réconciliation de Jupiter avec Junon… Puis enfin, entre les tableaux, dans les angles, ou au niveau de la corniche, des trompe-l’œil mêlent sculpture, peinture et architecture : atlantes de marbre, médaillons de bronze, tableaux reportés avec leurs cadres dorés (photo).

 

Sur les parois, au-dessus des niches qui abritaient les plus belles sculptures antiques de la collection Farnèse, onze petits tableaux ont été réalisés par les élèves des Carrache : Lanfranco, le Guerchin et le Dominiquin auteur de « La jeune fille à la Licorne », emblème des Farnèse, qui occupe la place d’honneur sur le mur du fond.

 

« Nous nous sommes arrêtés deux heures dans la galerie où Annibal Carrache a peint à fresques (1606) la plupart des tableaux de la mythologie racontée par Ovide. Le centre de la voûte est occupé par le triomphe de Bacchus et d’Ariane. Les figures ont un peu le défaut de celles du Titien ; admirablement bien peintes, on y sent un peu l’absence d’âme céleste et de l’esprit que Raphaël donne toujours aux siennes » [3].

 

Les Carrache connurent un immense succès avec la galerie du palais Farnèse, mais aussi précédemment à Bologne où ils avaient fondé « l'accademia dei Incamminati », une école de dessin et une académie littéraire antiquisante regroupant aussi des médecins, des astronomes, des philosophes, dans le but de créer des artistes cultivés. Ils passèrent ensuite un peu de mode, ce que souligne l’appréciation de Stendhal.

 


[1] Voir ambassade de France / Visiter le Palais Farnèse.

[2] Cortile : espace intérieur à arcades.

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