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Notes d'Itinérances
25 janvier 2015

Entre Toscane du Sud et Ombrie (17/22). Ombrie, Assise, entre raison et religion.

La ville de Saint-François - Les fresques de Giotto

 

 

 « Près de là est la ville d’Assise, où je me gardais bien d’aller, craignant les stigmates comme tous les diables » [1].

 

De Brosses joue aux esprits libres et irrespectueux ; en réalité, il était sur le chemin du retour et avait certainement peu de temps pour faire un crochet assez conséquent dans son itinéraire. Mais, par contre, pas question pour lui de rater un bon mot !

 

Ayant le temps et ne souhaitant pas particulièrement faire preuve d’impertinence, il n’était pas question pour nous de manquer les richesses architecturales d’Assise.

 

La ville est évidemment réputée pour être celle de saint François (1182 / 1226), fondateur de l'ordre des frères mineurs caractérisé par la prière, la pauvreté, l'évangélisation et le respect de la Création. Il a été canonisé très tôt, deux ans seulement après sa mort, par le pape Grégoire IX.

 

Saint François est connu pour connaître le langage des animaux et de prêcher aux oiseaux. Il semblerait que cette anecdote soit à mettre au compte de son accueil par les autorités romaines. C’est qu’il défendait un strict respect de l’Evangile ce qui n’était pas nécessairement très bien vu par le clergé de l’époque. Suite à sa troisième entrevue avec le Pape, François aurait finalement obtenu l'autorisation de prêcher mais dans le respect des dogmes de l'Eglise. Mécontent de l'accueil romain, il aurait alors prêché aux oiseaux ; une façon de signifier son désaccord avec les pratiques de l’église et de tourner la papauté en ridicule.

 

La basilique San Francesco est magnifiquement située sur un éperon rocheux et domine la plaine environnante. Elle se compose de deux églises superposées construites très peu de temps après la mort de saint François, l’inférieure dès 1228 (1228 / 1230) et la supérieure en 1230 (1230 / 1253). La visite de la basilique vaut surtout pour le magnifique ensemble de fresques qui rend compte du début de l’art de la Renaissance : un art plus centré sur l’Homme, dans des décors et des attitudes des personnages moins hiératiques. Il ne faut donc pas s’étonner si c’est parmi ces fresques que l’on peut observer les premiers éléments de la représentation de décors en perspective.

 

Le tremblement de terre du 26 septembre 1997 a endommagé la basilique tuant aussi quatre personnes avec la chute de pierres. Les fresques de Cimabue et de Giotto ont été endommagées, mais une campagne de restauration a permis de les sauver.

 

Les fresques sur la vie de saint François, peintes par Giotto (1227 / 1337) sont particulièrement intéressantes. De grande taille et situées dans un espace bien éclairé par de hauts vitraux, leur observation est facile. Pour certaines la construction de l’espace reste marquée par la tradition du Moyen-âge : les espaces intérieurs des maisons ou des églises sont représentées en écorché, le mur de devant étant enlevé (le rêve d’Innocent III, saint François prêche devant le pape), les villes sont encore parfois représentées avec leur ceinture de remparts à l’intérieur desquelles les maisons se pressent sans respecter la taille respective des personnages (saint François chassant les démons de la ville d’Arezzo, saint François faisant délivrer de prison Pierre d’Assise). Mais, dans ces compositions, il respecte les règles de la perspective avec l’organisation des lignes de fuite dont certaines particulièrement bien rendues (Honorius III approuve la règle des Frères mineurs).

 

Si les personnages de certaines des compositions sont parfois encore raides, aux proportions corporelles maladroites (saint François faisant délivrer de prison Pierre d’Assise) d’autres sont dynamiques, avec des gestes souples (saint François prédit la mort d’un gentilhomme, fait jaillir l’eau de la montagne).

 

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