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Notes d'Itinérances
11 juin 2020

Celio - Entre parcs et églises romanes (6/11). De la porta Metronia à la porta Latina.

Le mur d’Aurélien, de porte à porte

 

 

Du jardin de la Villa Celimontana, la via de la Navicella descend en pente douce vers la Porta Metronia. C’est une rue large, bordée d’arbres, peu empruntée, et qui sert essentiellement de parkings aux autocars de tourisme. La porte Metronia est restée longtemps une simple ouverture à la base d’une tourelle, sans importance pour les échanges ou le passage. Elle fut même fermée en 1222 quand le pape Calixte II de Bourgogne (1050 / 1124) l’utilisa pour faire passer un canal d’adduction d’eau. Les quatre arches dans la muraille ont été ouvertes, en deux périodes successives, dans la première moitié du XXe siècle, pour assurer la circulation vers un nouveau quartier en construction autour de la piazza Re di Roma.

 

Sur le mur intérieur de la porte sont insérées deux plaques, l’une de 1157 et l’autre de 1579, qui se rapportent à des travaux de restauration du mur. Contrairement à toutes les dédicaces de ce type, la première plaque ne fait pas référence au pape régnant à la période considérée, Adrien IV Breakspeare (1100 / 1159), mais elle nomme les sénateurs qui ont pris l’initiative de cette restauration. La seconde plaque respecte les règles habituelles en nommant d’abord le nom du pape, Grégoire XIII Boncompagni (1502 / 1585). Ce petit fait n’est pas anodin et révèle une période particulière de l’histoire de la ville : une lutte pour l’abolition des privilèges féodaux, la participation du peuple romain à la gestion de la cité. Lutte qui a pris notamment l’aspect de la création d’une république en 1146 et, en 1154, d’un interdit sur la ville de Rome par le pape, ce qui entrainait la cessation des fonctions religieuses, des pèlerinages, de l’administration des sacrements, et l’impossibilité pour les morts d’être enterrés dans le sol consacré ! En 1188, les Romains reconnaissaient le pape comme souverain et celui-ci le Sénat de la ville.

 

À partir de la porte Metronia, il est possible de rejoindre la porte Latina en suivant le mur d’Aurélien à main droite, le long de la via Metronio. Un parc a été réalisé le long du mur avec des bancs et un chemin piéton très utilisé par les joggeurs et les promeneurs de chiens. Ce parc est malheureusement dans le même état que tous les parcs de Rome, à l’image du parc des Scipion, de celui de la Villa Celimontana et tous les autres… à l’exception notable de celui du Pincio. L’état de semi-abandon, voire d’abandon, des jardins publics de Rome (et de la ville de Rome en général) semble procéder de l’état d’esprit d’une très vieille noblesse, autrefois immensément riche mais aujourd’hui fauchée, qui feint d’ignorer l’état de sa demeure par résignation, négligence ou incurie.

 

« Le Romain, parce qu’il est né et a été élevé au milieu de ruines malmenées par les siècles, ne prend jamais rien durablement au sérieux »[1]

 

C’est une attitude qui peut être à la fois compréhensive et qui n’est pas dénuée d’agrément dans la mesure où elle semble accepter la réalité des choses, leur déclin et leur disparition future. La fébrilité avec laquelle les pays germaniques s’efforcent de conserver leurs monuments, leurs villes, leur environnement, brillants comme des sous neufs, satisfait dans un premier temps le visiteur curieux, mais il ne m’en laisse pas moins un sentiment de malaise tant cette lutte contre la déchéance est à la fois vaine et suspecte. Trop, c’est trop. Qu’ont-ils donc à cacher ? Si la désinvolture et la légèreté romaines me sont sympathiques, j’ai néanmoins l’impression que les choses ne s’arrangent guère et, qu’hélas, il s’agisse désormais moins de négligence que d’une incurie profonde de la municipalité, voire d’une emprise mafieuse sur la ville.

 

La porte latine dans le mur d’Aurélien doit son nom à la via Latina qui rejoint la ville de Capoue. La majeure partie de cette porte a été construite sous Flavius Honorius en 401 / 403. C’est une porte constituée d’un arc en plein cintre flanquée de deux tours cylindriques en brique renforcées au VIe siècle par les généraux byzantins Bélisaire et Narcès.Derrière la porte latine, vers les thermes de Caracalla, s’ouvre un quartier charmant de parcs, de jardins et de belles villas.

 

« Si Rome était une orange, le quartier le plus exquis serait situé entre la via di Porta Latina et la via di Porta San Sebastiano, une portion étroite au cœur de laquelle le fracas ne pénètre pas » [2].

 


[1] Marco Lodoli. « Nouvelles îles – Guide vagabond de Rome ». 2014.

[2] Marco Lodoli. « Nouvelles îles – Guide vagabond de Rome ». 2014.

 

Liste des promenades dans Rome et liste des promenades dans le rione de Celio.

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