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Notes d'Itinérances
2 octobre 2022

Castro Pretorio / Piazza della Repubblica (8/15). L'église et Galilée.

Quatrième centenaire de la création de la lunette astronomique - Réhabilitation de Galilée

 

 

Cette année-là, Santa Maria degli Angeli accueille une exposition sur Galileo Galilei. Il faut dire que l’on célèbre le quatre-centième anniversaire de la création de la lunette astronomique par celui-ci. On sait l’importance de Galilée dans l’élaboration des sciences modernes. Ses théories, avec celles de l'astronome allemand Johannes Kepler, servirent de fondement aux travaux du physicien britannique Isaac Newton sur la loi de l'attraction universelle. Ses principales contributions à l'astronomie, outre l'invention de la lunette, furent la découverte des taches solaires, des montagnes et des vallées lunaires, des quatre plus grands satellites de Jupiter et des phases de Vénus. En physique, il découvrit la loi de la chute des corps et les mouvements paraboliques des projectiles. 

 

Chacun sait aussi que, remettant en cause la mécanique céleste d’Aristote qui plaçait la terre au centre de l’univers, il fut convoqué à Rome par l'Inquisition pour répondre d'une accusation de « sérieuse suspicion d'hérésie », qu’il fut contraint d'abjurer et condamné à la prison à vie, même s’il ne fit aucun jour de prison et que sa peine fut commuée en une assignation à résidence [1]

 

En 1992, le Vatican réhabilitait Galilée sur la base des travaux d’une commission mise en place par Jean-Paul II, travaux qui durèrent onze années ! Il est vrai que, si ces quatre derniers siècles la terre était restée au centre de l’univers, elle pouvait encore attendre onze ans pour enfin se mettre à tourner autour du soleil sans crainte d’être excommuniée ! Bref, il fallut du temps à l’église catholique pour se rendre compte que les Saintes Écritures n’avaient pas réponse à tout, qu’il ne fallait pas nécessairement les prendre « au pied de la lettre » et qu’il était largement temps d’essayer de le rattraper… son temps ! L’année de l’astronomie, lancée par l’UNESCO en 2009, est donc l’occasion d’essayer de se refaire une virginité et de montrer que désormais l’église est en phase avec son époque. Les panneaux de l’exposition présentent les travaux de Galilée, montrant les avancées scientifiques auxquelles il avait participé et se donnent constamment beaucoup de mal pour souligner que les Écritures ne s’occupent pas nécessairement des détails du monde physique et que la connaissance de celui-ci était confiée à l’expérience et au raisonnement humain. Le tout, bien sûr, sans oublier la foi.

 

« La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. » [2].

 

L’argument est souligné par un instrument scientifique qui est aussi une sculpture contemporaine : un pendule de Foucault illustrant la rotation de la terre. La boule du pendule représente la terre, laquelle est reliée à son fil par une main tendant l’index sur la terre, la main et le doigt de Dieu bien sûr. Comprenez : certes la terre tourne sur elle-même et l’invention du pendule par les hommes permet de le démontrer mais derrière tout cela il y a bien, quand même, la main de Dieu. Un peu comme la « main invisible » des économistes libéraux laquelle, par magie, orienterait toujours au mieux les marchés économiques ! Comparaison n’est pas raison, il vaudrait mieux d’ailleurs car la main invisible des libéraux est manifestement atteinte de sénilité et tremble beaucoup. Encore qu’elle sache fort bien toujours attirer l’argent vers les poches des puissants. Passons.

 

A proximité de Santa Maria degli Angeli est situé le dernier obélisque antique érigé à Rome. Retrouvé en 1719 il est dressé en 1887 devant la façade de la gare de Termini à la demande du roi Humbert Ier. L’objectif était de faire de cet obélisque un monument commémoratif en l’honneur des 548 soldats italiens tués dans la bataille de Dogali lors de la conquête coloniale de l’Érythrée. Le haut piédestal permet d’y graver les noms des soldats. En 1927, pendant les travaux de la gare de Termini, l’obélisque Dogali a été transféré sur cette placette. En 1937, le régime fasciste y a ajouté, au pied de l’obélisque, la statue du lion de Judah, animal emblématique de la royauté éthiopienne, volée à ce pays comme la stèle d’Axoum. Les deux étant rendus, non sans mal et réticences, à leur légitime propriétaire, l’Éthiopie, l’un en 1967, l’autre en 2008.

 


[1] Jean-Pierre Lonchamp. « A propos de la réhabilitation de Galilée ». Académie Nationale de Metz. 1995.

[2] Jean-Paul II. Encyclique « Fides et Ratio ». 1998.

 

Liste des promenades dans Rome et  liste de la promenade Castro Pretorio / Piazza de la Repubblica

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