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Notes d'Itinérances
15 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (12/47). Le Vedado et la Rampa.

 Un dévloppement concentrique par couronnes successives - La villa, une structure inverse à celle de la maison traditionnelle cubaine - La Rampa et ses boîtes de nuit

 

 

« Ils se trouvaient dans le quartier neuf du Vedado : petites maisons crème et blanches appartenant à des gens riches. On pouvait juger de la fortune du propriétaire au petit nombre d’étages. Seul un millionnaire pouvait s’offrir un bungalow sur un terrain qui aurait pu servir à construire un gratte-ciel »[1].

 

L’urbanisme de La Havane suit une évolution très semblable à celui des villes européennes, avec un même processus de développement par couronnes concentriques. Au centre, la vieille ville aux rues étroites, mais rectilignes, avec des places rectangulaires selon le modèle de la Renaissance italienne.

 

La seconde couronne, sur les anciens remparts et hors les murs, est une ville haussmannienne, aux larges avenues bordées d’immeubles, puis, troisième couronne, les quartiers résidentiels composés de riches villas. A l’articulation entre ville haussmannienne et ville résidentielle, à l’endroit où des terrains assez vastes étaient encore disponibles, mais encore proches du centre, s’est installé, dans les années 50, un quartier d’affaires, d’administrations, de bureaux et de grands hôtels, notamment dans la Rampa et la rue L. C’est, qu’à La Havane, sur le modèle américain, rues et avenues qui se coupent à angles droits, sont généralement dénommées par un numéro ou une lettre de l’alphabet. Pour indiquer votre situation, aux carrefours, de petites pyramides de pierre portent sur leurs différentes faces le numéro ou la lettre de l’alphabet des voies qui se croisent.

 

Le quartier du Vedado est essentiellement composé de riches villas situées chacune au milieu d’un jardin selon, là encore, un modèle européen. Sans compter que l’architecture de ces villas plagie les styles européens avec colonnes, pilastres, balustrades à colonnettes, frontons, le tout le plus souvent inspiré du « grand siècle » français. En conséquence, les villas du Vedado inversent le schéma traditionnel de la maison cubaine : fermée sur une cour intérieure, peu ouverte sur la rue, et dont le statut social du propriétaire se juge à la taille de la porte ou à la richesse des ornementations du portail. Au contraire, la villa est au centre du jardin, largement ouverte sur l’extérieur, elle est construite pour être vue et toute son architecture vise à souligner le statut social de son propriétaire.

 

La Rampa était autrefois la rue « chaude », elle comptait les plus grands hôtels de la ville : le « Nacional » à l’architecture éclectique, qui hébergea Winston Churchill, Ernest Hemingway – encore lui - mais aussi Nat King Cole, Tyrone Power, Errol Flyn, Marlon Brando, Frank Sinatra, Ava Gardner et le gangster Meyer Lansky quand La Havane était dans la banlieue de Las Vegas ; le « Hilton », transformé en « Habana Libre » au lendemain de la Révolution, le « Victoria » qui reçut également son lot de célébrités, parfois les mêmes qu’au « Nacional » : Marlon Brando, Errol Flynn, mais aussi des gloires littéraires Nicolas Guillen et le prix Nobel de la littérature Juan Ramon Jimenez. C’était aussi le quartier des boites de nuit : « La Zorra y el Cuervo » devenu club de jazz en 1997 et où s’est produit la fine fleur du jazz cubain, Chucho Valdés, Roberto Fonseca, Yasek Manzano et que fréquente Wynton Marsalis, mais aussi « La Gruta », « le Montmartre », « Las Vegas », « Le Capri », toutes boîtes de nuit où s’est forgé le jazz cubain dans les années 50.

 

 « Monter ou descendre : telle a toujours été la question. Parce que descendre et monter, monter et descendre la Rampa avait été la première expérience extraterritoriale du Conde et de ses amis. Prendre le bus dans le quartier et faire le grand tour jusqu’au Vedado, dans le seul but de monter et de descendre, ou de descendre et de monter cette pente lumineuse qui naissait – ou mourrait – dans la mer, fut le signal pour eux de la fin de l’enfance et du début de l’adolescence… »[2].

 


[1] Graham Greene. « Notre agent à La Havane ». 1965.

[2] Leonardo Padura. « L’automne à Cuba ». 1998.

 

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