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Notes d'Itinérances
14 janvier 2015

Entre Toscane du Sud et Ombrie (4/22). Montepulciano, partout la présence de l’histoire.

Andrea Pozzo à Montepulciano - Lieu de naissance du poète Angelo Ambrogini, dit Politien, et du cardinal Roberto Francesco Romolo Bellarmino

 

 

La Toscane, après avoir participé au rayonnement de l’art Renaissance, notamment à Rome, sera nourrie en retour des évolutions romaines.

 

L’église du Gesù, de Montepulciano, présente la particularité d’être de forme elliptique. A l’intérieur, elle présente des autels dessinés en trompe l’œil avec colonnes, entablement, statues et une fausse lanterne. Ce sont des peintures d’Andrea Pozzo (1642 / 1709), père jésuite, qui sera l’auteur d’un traité sur les règles de la perspective, « Perspectiva pictorum et architectorum » de 1693 et 1698. Cet ouvrage savant, écrit en latin, a été l’un des premiers manuels sur les règles de la perspective et il connut de nombreuses rééditions jusqu’au XIXe siècle dans de nombreuses langues, italien, français, allemand, anglais et même chinois ! Pozzo développa ses talents de peintre à Rome dans les églises du Gesù, de Saint Ignace, puis à la Jesuiten Kirche de Vienne. Ces deux dernières églises ayant elles aussi la particularité de présenter une coupole peinte en trompe-l’œil.

 

Andrea Pozzo décorera également, à Montepulciano la salle des fêtes du palais Contucci, entièrement en trompe-l’œil et en fausses perspectives, bien sûr, avec fausse loggia à colonnes torses, ouvrant sur une enfilade de colonnes droites. Dans l’église Santa Maria dei Servi, Andrea Pozzo serait également intervenu dans la décoration afin de la « baroquiser » ce qui s’est fait par la création de curieuses colonnes insérées dans des pilastres !

 

Et ce ne sont là que quelques uns des monuments de Montepulciano… A chaque pas dans cette petite ville de quinze mille habitants, vous buttez sur une œuvre d’un des grands artistes de la Renaissance. Il n’y manque que Bramante, Michel Ange ou Raphaël !

 

Cette présence de l’histoire sur les paysages, les villes, mêmes petites, continue d’imprégner durablement les modes de vie comme les activités sociales. Ce que notait déjà Stendhal il y a près de deux siècles ! « Les paysans de la Toscane forment, je le crois sans peine, la population la plus singulière et la plus spirituelle de l’Italie. Ce sont peut-être, dans leur condition, les gens les plus civilisés du monde » [1]. Certes, il faut entendre ici « civilisé » au sens où l’interprétaient les élites européennes du XIXe siècle, en prenant pour référence la civilisation chrétienne d’Europe occidentale, mais la Toscane n’en est-elle pas justement une des composantes majeures ?

 

C’est que Montepulciano a vu naître Angelo Ambrogini, dit Politien (1454 / 1494), écrivain humaniste de la Renaissance, le Pape Marcel II, né Marcello Cervini (1501 / 1555), mais aussi Roberto Francesco Romolo Bellarmino (1542 / 1621), théologien jésuite, archevêque de Capoue. C’est ce dernier qui instruisit le procès de Giordano Bruno, dont il obtint la condamnation comme hérétique et qui fut brûlé vif en 1600 sur la piazza dei Fiori, à Rome. En 1616, le même Bellarmino ordonna à Galilée de cesser d'enseigner le système de Copernic. Poliziani peut-être… mais pas progressiste !

 

Aujourd’hui, il est toujours saisissant de constater, même pour un Français dont le pays est pourtant lui aussi chargé d’histoire, combien les communes toscanes conservent une vie culturelle intense : réalisation d’expositions, création de musées, restauration de monuments, organisation de fêtes historiques. Plus remarquable encore, ces communes développent une politique d’édition. Ainsi, la municipalité de Radda in Chianti finance-t-elle la réalisation régulière d’ouvrages sur l’histoire et le patrimoine de la commune. Celle de Montepulciano vient de participer à l’édition du journal de guerre (la Grande) de Lucangelo Bracci Testasecca, premier maire de la commune après la période fasciste. Les éditeurs privés n’hésitent pas non plus à réaliser des livres ou des brochures touristiques, éditées en plusieurs langues étrangères, abondamment illustrées et parfaitement documentées sur ces petites villes.

 

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