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Notes d'Itinérances
21 novembre 2017

Ponte - Dans la courbe du Tibre (12/13). Le Palais Altemps.

Une illustration du népotisme pontifical – Un élément du Musée National Romain

 

 

A l'époque antique, des ateliers de marbriers et un temple dédié au dieu Apollon occupaient l’emplacement du palais. Au Moyen-âge, il divisait les domaines de deux des grandes familles romaines, les Orsini et les Colonna. 

 

En 1477, à l'occasion de son mariage avec Catherine Sforza, Girolamo Riario, neveu du pape Sixte IV, fit construire ce palais sur des dessins de Baldassare Peruzzi. C’est qu’il venait d’être nommé commandant du château Sant Angelo et capitaine général de l'Église par son très généreux tonton et qu’il devait désormais loger à Rome. 

 

En 1484, à la mort du pape, le palais fut pillé par la population romaine puis laissé à l’abandon et, quatre ans plus tard, Girolamo devait être assassiné lors d’émeutes à Forli.

 

La façade est simple, seulement marquée par les corniches saillantes des étages et les angles renforcés de travertin. La magnifique cour intérieure, œuvre de Baldassarre Peruzzi, est entourée de deux étages d’arcades en plein cintre encadrées par des pilastres doriques au premier niveau et ioniques au second.

 

Le palais change de propriétaire en 1568, il est acheté par le cardinal Mark Sittich von Hohenems, encore une fois par le neveu d’un pape mais de Pie IV de Médicis (1559 / 1565) cette fois. Le nom du cardinal, d’origine tyrolienne, sera italianisé en Altemps d’où le palais tire son nom. Le palais est alors embelli, le belvédère qui forme la tour d’angle avec ses obélisques est ajouté par l’architecte Martino Longhi il Vecchio (1534 / 1591). La famille Altemps sera propriétaire du palais jusqu’à la fin du XIXe siècle, palais dans lequel s’installèrent notamment des académies comme celle d’Arcadie. 

 

Le palais fut ensuite vendu au Saint-Siège qui le mit à disposition du collège pontifical espagnol. En 1982, la municipalité de Rome devint finalement propriétaire des lieux et, après une longue restauration, y installa en 1997 une partie des collections antiques du musée des thermes : la collection égyptienne, mais surtout les collections de sculptures antiques, Mattei, Ludovisi et Altemps dont les pièces de cette dernière retrouvèrent leur place d’origine [1]. On peut y admirer des pièces très célèbres comme la naissance d’Aphrodite, le buste de Antinoüs, l'Hermès Loghios, l'Ares Ludovisi. Le suicide du Galate est probablement la pièce la plus réputée. Le chef Galate est figuré après une bataille perdue contre le roi Attale de Pergame. Fuyant, il préfère tuer son épouse et se suicider plutôt que de tomber entre les mains ennemies.  La sculpture le représente la tête tournée vers ses poursuivants, et se plantant son épée dans la poitrine tout en soutenant sa femme agonisante.

 

Certaines salles sont encore décorées de fresques et de plafonds peints à la Renaissance. Une pièce du premier étage, dite « la chambre du buffet » (sala délia piattaia), présente une surprenante peinture murale à fresque. L'espace entre les deux fenêtres est occupé par le trompe-l'œil d’un dressoir garni de pièces d'orfèvrerie. Peu « parlante » à priori cette peinture peut néanmoins être riche d’enseignement sur les habitudes sociales et alimentaires au cours de la Renaissance italienne  ! [2]

 

Rome / Montpellier / Senlis, 2007 / 2017

 


[1] Museo Nazional Romano. Ouvert tous les jours de 9h à 19h45. Fermé le lundi.

[2] Philippe d’Arshot. « Un buffet romain méconnu : Aperçu d’un ensemble d’orfèvrerie de la fin du XVe siècle ». Annales d’histoire de l’art et d’archéologie. N°34. 2012.

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