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Notes d'Itinérances
4 septembre 2020

Esquilino et Monti Nord - Des perles dans un écrin banal (3/13). Monti - La basilique Sainte-Marie-Majeure.

1500 ans de travaux, d'ajouts, de remaniements, de rénovation, de réfection...

 

Rome Monti Nord Sainte Marie Majeure FaçadeSainte-Marie-Majeure est reliée à La-Trinité-des-Monts par la longue ligne droite de la strada Felice tracée en 1593 (aujourd’hui les via Sistina, di Quattro Fontane, Depretis) et à Saint-Jean-de-Latran par la via Merulana. Il est matérialisé par trois obélisques à chacun de ses points-clef qui jouaient ainsi le rôle de repère pour les pèlerins afin de leur faciliter l’accès des lieux saints. C’était aussi une manifestation du pouvoir de Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) dans des quartiers encore très peu construits de la ville[1]

En longeant Sainte-Marie-Majeure par la droite, au n°21 de la via Liberiana,, l’hôtel Antico Palazzo Rospigliosi était, dans les années 1600 une propriété d’une famille toscane, possédée ensuite par Monseigneur Giustino Ciampini, un érudit littéraire romain qui transforma l’immeuble en véritable musée d’antiquités et d’instruments scientifiques. En 1769 y fut établie la Maison des Missionnaires Apostoliques puis, au XIXe siècle, l’Institut des exercices spirituels. Lors des travaux d’infrastructure dans le cadre de Rome-Capitale, en 1872, le niveau de la zone fut abaissé de quatre mètres de sorte que les soubassements du palais en sont devenus le rez-de-chaussée et le portail s’est transformé en fenêtre avec balcon au premier étage ! L’hôtel a conservé la chapelle de l’Institut avec un décor néo-classique tardif [2]. Au n°24, le bâtiment est connu sous le nom de « la Maison du Bernin », construite en 1606 par Pietro Bernini (le père de Gian Lorenzo). La stèle mémorielle posée en façade rappelle : « GIAN LORENZO BERNINI - LES GRANDES OEUVRES DE SA PREMIÈRE ACTIVITÉ DE SCULPTEUR L’ENLEVEMENT DE PROSERPINE, LE DAVID, L’APOLLON ET DAPHNE, FURENT SCULPTÉS DANS LA MAISON PATERNELLE QU’IL HABITA DE 1606 À 1642 - S.P.Q.R. 28 NOVEMBRE 1968 ». Ce bâtiment, comme le palais Rospigliosi, a également vu le sous-sol devenir le rez-de-chaussée et le rez-de-chaussée devenir le premier étage.

Sainte-Marie-Majeure fut remaniée à de nombreuses reprises, érigée après le concile d’Éphèse de 431, agrandie au XIIe, flanquée d’un clocher au XIIIe (le plus haut de Rome), entourée de palais, le tout ceinturé et habillé aux XVIIe et XVIIIe siècle. Les dernières modifications datent de la fin du XIXe.

« Cette façade construite sur les dessins de l’architecte Fuga porte le caractère douteux de l’architecture de cette époque, qui n’était ni grecque, ni romaine, ni gothique, et affectait un certain décor grandiose, qui ne parvint pas à cacher l’absence de la pensée sous l’éclat de l’exécution : comme si la forme extérieure du christianisme avait dû suivre la décadence de sa discipline intérieure » [3].

1 500 ans de travaux, de démolitions, d’ajouts, de remaniements, cela se sent. Si l’extérieur est d’un baroque assez sage, l’intérieur est d’une architecture simple des basiliques romaines mais avec des chapelles d’un baroque opulent. Ajoutez à cela le mauvais goût du XIXe avec une « confession » (une crypte), à l’architecture lourde et chargée, dans laquelle est déposée une relique de la crèche. Les sommets de l’art pompier sont atteints avec, au centre de cette confession, une statue du pape Pie IX Peretti (1846 / 1878) en prière, statique, massive, sans grâce : un masque sans expression sur un visage bouffi. Tout l’art du sculpteur semble s’être concentré dans les creux du coussin sur lequel le pape est agenouillé. Il voulait nous faire croire sans doute que cela représentait la sérénité, la gloire, alors que cela ne représente que la vanité et la morgue ! Seule note émouvante dans cette suffisance bornée : un petit bouquet de fleurs fraîches glissé entre les mains jointes de Pie IX. 

« Un dimanche qu’il était entré, par un matin de pluie, à Sainte-Marie-Majeure, il avait cru se trouver dans une salle d’attente, d’une richesse inouïe certes, avec ses colonnes et son plafond de temple antique, le baldaquin somptueux de son autel papal, les marbres éclatants de la Confession, de sa chapelle Borghèse surtout, et où Dieu cependant ne semblait pas habiter » [4]


[1] Brice Gruet. « La rue à Rome, miroir de la ville : entre l'émotion et la norme ». 2006.

[2] Soprintendenza per i Beni Ambientali e Architettonici di Roma. « Antico Palazzo Rospigliosi ».

[3] Norvins, Charles Nodier, Alexandre Dumas. « Italie pittoresque, tableau historique et descriptif de l'Italie, du Piémont, de la Sardaigne, de la Sicile, de Malte et de la Corse ». 1836.

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