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Notes d'Itinérances
24 décembre 2023

Ripa - Jours tranquilles sur l'Aventin (3/18). Santa Prisca, lieu de culte ancien.

L’église chrétienne et le temple de Mithra

 

 

L’église Santa Prisca porte le nom de la première femme qui aurait subi le martyre à Rome. Elle serait édifiée sur le site de la maison de Prisca dans laquelle aurait été hébergé saint Pierre sous le règne de Claude (41 à 54 av. J-C). Prisca, à l’âge de 13 ans, aurait été baptisée par saint Pierre. Elle aurait été emprisonnée suite à son refus d’adorer la statue d’Apollon. Comme elle persévérait dans sa foi chrétienne, elle aurait été flagellée et condamnée à être livrée aux fauves dans le Cirque Maxime. Cependant les lions, au lieu de la dévorer, se couchèrent à ses pieds ! Prisca fut de nouveau emprisonnée, flagellée et condamnée au bûché, mais les flammes la laissèrent intacte. Elle fut conduite au dixième milliaire de la Via Ostiense où elle fut décapitée. Les restes présumés de la sainte auraient été trouvés au cours du IIIe siècle dans les catacombes de Priscillia, puis transférés par le pape Eutychien (275 / 283) dans l’église alors consacrée à ses parents Aquila et Priscilla. C’est le plus ancien lieu de culte chrétien sur l’Aventin.

 

L’église fut très dégradée lors des incursions normandes de 1084. La façade, en briques, a été refaite au XVIe siècle par Carlo Francesco Lambardi, sous le pontificat de Clément VIII Aldobrandini (1592 / 1605) [1]. Elle présente un fronton imposant, posé sur des pilastres ioniques jumelés partant d’une base de travertin. Au centre, la porte est entourée de deux colonnes romaines à chapiteaux ioniques, en granite gris, et est surmontée d’un fronton triangulaire. Entre la porte et le fronton est encastré un œil de bœuf, dans un encadrement de travertin. L’église est à plan basilical, avec une nef de huit travées, des bas-côtés et une abside semi-circulaire. Les colonnes antiques de la nef ont été enserrées dans des piliers lors de la restauration du XVIIIe siècle. « Ces piliers soutiennent des impasses doriques carrées, et en dessous des fronts se trouvent des paires de petites fioritures. L'effet est, soit de charmer, soit de faire enrager, selon votre idéologie architecturale » [2] ! L’autel, baroque, est entouré de fresques maniéristes d’Anastasio Fontebuoni (1571 / 1626) représentant le martyre de sainte Prisca et le transfert de ses reliques. L’église a connu plusieurs restaurations, par Adrien Ier (772 / 795) et Pascal II (1099 / 1118). En 1414, un incendie détruisit la partie antérieure de l’église qui fut restaurée par Calixte III (1455 / 1458). Elle a encore été restaurée en 1600 et en 1728.

 

Des vestiges antiques ont été découverts sous l'église en 1934 par les Pères augustins. Ce vaste complexe à caractère résidentiel était fréquenté à partir du IVe siècle av. J-C. jusqu'à l'âge post-antique. Une partie des structures serait la maison de Lucio Licinio Sura, conseiller militaire et ami de l'empereur Trajan [3]. Au cours du IIIe siècle a été érigé un lieu de culte dédié à la divinité Mithra d'origine orientale [4]. Ce culte, secret, était marqué par le passage d’épreuves initiatiques. Le sanctuaire se compose d'une salle principale à plan rectangulaire où se déroulait le rite du banquet au cours duquel les adeptes entraient en communion avec leur dieu. Elle est précédée de deux niches avec des représentations des deux génies mithriaques porteurs de torches, Cautes et Cautopates, en stuc doré. Ils symbolisaient le lever et le coucher du soleil. Il ne reste aujourd'hui que la sculpture en marbre de Cautes, le flambeau levé. L'autel, qui évoque une grotte, est décoré de la scène de la mise à mort du taureau cosmique par Mithra. Sur les murs latéraux, une série de fresques représentant la procession des fidèles portant des offrandes. Dans la bande supérieure, il y a des traces d'inscriptions peintes qui définissent les personnages de la procession. Une inscription gravée à l'extérieur de la grande niche centrale indique une date (18 novembre 202) et est probablement attribuable à la fondation du sanctuaire. Trois autres salles communicantes sont conservées et destinées aux cérémonies préliminaires. D’autres lieux à Rome présentent des sanctuaires au dieu Mithra, les églises San Clemente, San Stefano Rotondo, les thermes de Caracalla, le cirque Maxime, le palais Barberini, l’hôpital Saint-Jean, la Castra Perigrinorum, les Via Passalacqua, Lanza, XX Settembre [5].

 


[1] Comune di Roma. « Itinerari romani - Il colle della poesia - L’Aventino e dintorni ». Sd.

[2] Remarque faite avec humour dans le site Romanchurches !

[3] Sovrintendenza Speciale di Roma. « Mitreo di Santa Prisca ».

Marina Humar. « Sulle tracce di Mitra nei sotterranei di Santa Prisca sull'Aventino ». In « Vespertilla ». 2019.

[4] Le site est temporairement fermé sans prévision de date de réouverture.

[5] Mahieu Vincent. « Les lieux de culte mithriaques face aux chrétiens dans la Rome tardo-antique ». In « Revue belge de philologie et d'histoire ». 2020.

 

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