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Notes d'Itinérances
13 août 2021

Algérie au coeur (13/42). Le port d'Alger.

Le port des pirates et corsaires barbaresques – Un encombrement de marchandises

 

 

« Je ne sais quel nom donner à ce prolongement du môle jusqu’au phare, jetée de pierre, cubes énormes de débris qu’un mastic cimenteux conglutine ; puis, plus loin que le phare encore - jusqu’à l’extrême effort de ce promontoire factice, sur ce dernier bloc que le premier effort de la vague blanchit, refuge étroit où lorsque le soir tombe on croit entrer jusqu’au cœur de la mer » [1].

 

En 1510, les armées de Ferdinand le Catholique, roi d’Aragon, assiègent et bâtissent une forteresse sur un îlot de la baie d'Alger, le Peñón, destiné à bombarder la ville, à contrôler l’entrée du port et à empêcher l’approvisionnement d’Alger. L’îlot sera repris en 1529 par le fameux corsaire Khayr Ad-Dîn Barberousse (1466 / 1546).

 

Khayr Ad-Dîn fit relier le Peñón à la ville au moyen d'une jetée constituée des pierres de la forteresse espagnole et construisit un môle en blocs naturels en prolongement de l'îlot de façon à créer un abri pour les navires par gros temps. Cette jetée aurait été réalisée par 30 000 hommes et édifiée en seulement trois ans. Le port d’Alger devint dès lors le refuge habituel des pirates et corsaires barbaresques. A partir de 1840, les Français étendirent les digues de façon à agrandir le port et permettre son mouillage par des vaisseaux plus importants.

 

En 1982, le port d’Alger est encombré de marchandises. Partout des caisses, des containers, du matériel, des véhicules qui s’entassent dans le plus grand désordre sur les quais. Constamment les grues déchargent les bateaux. Mais, malgré cette activité fébrile sur le port, de nombreux navires mouillent dans la baie dans l’attente de débarquer leurs marchandises à leur tour. Nous comptons plus d’une vingtaine de navires en souffrance qui tirent sur leurs chaînes, face au vent, de tous gabarits, de toutes origines, russes, polonais, français, libériens... Or un bateau qui attend pour décharger ce sont des coûts supplémentaires pour l’importateur (location, assurance, pénalités) [2].

 

Par suite de formalités de douane longues et difficiles, les marchandises restent en attente de longs mois sur les quais, exposées à la chaleur, à la pluie et... aux rongeurs ! Un de nos amis devant installer un appareil de haute technologie à l’université d’Alger, un chromatographe en phase gazeuse [3], eut la mauvaise surprise de constater, lors de sa mise en service, que toutes les gaines des fils électriques avaient été grignotées par ces sympathiques bestioles. Ce sont de longs mois d’attente, de travail, sans parler du coût élevé de l’appareil, qui disparaissaient sans possibilité de réparation.

 

ALGER. 22 Mai 1998. Au
moins seize personnes ont péri,
déchiquetées, et une
soixantaine ont été blessées,
selon la radio officielle, par
l’explosion d’une bombe sur
un marché populaire bondé,
marquant un retour
des attentats aveugles
dans la capitale.
 

[1] André Gide. « Amyntas ». 1903.

[2] Si le nombre de bateaux qui attendent dans la rade s’est beaucoup réduit, les délais d’enlèvement des marchandises restent longs. Le port ne peut pas accueillir les nouveaux navires porte-containers, faute de quais assez longs, obligeant les marchandises à passer par des hubs étrangers. Au total, les surcoûts seraient estimés à 30% ! Voir M’hammed Setti, Fatima-Zohra Mohamed-Cherif et César Ducruet. « Les ports algériens dans la mondialisation : la fin du paradoxe ? ». Méditerranée. N°116. 2011. (2012).

[3] La chromatographie en phase gazeuse est une technique de séparation des molécules. Elle est utilisée pour repérer les substances qui composent un mélange gazeux sans décomposition par chauffage (2021).

 

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