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Notes d'Itinérances
11 août 2021

Algérie au coeur (12/42). Alger la Blanche.

Une ville haussmannienne dans un site spectaculaire

 

 

« Cette ville forme un amphithéâtre fort joli à la vue, et représente, quand on la regarde du côté de la mer, la voile d’un hunier de vaisseau »[1].

 

Nous n’avons pu admirer la baie d’Alger à partir de la mer ayant choisi de voyager en avion ou en automobile. De nombreuses photos ont popularisé ce site exceptionnel, notamment au moment de l’exode des Pieds-noirs, en juillet 62. En arrière plan du pont d’un paquebot encombré de personnes et de bagages, se dessine un vaste théâtre à l’antique, blanc sur fond bleu, avec les hauts dossiers des bancs du premier rang constitués par les arcades du boulevard du front de mer, eux-mêmes surmontés d’une seconde rangée d’immeubles alignés comme à la parade, ensuite, plus haut encore, c’est un moutonnement de maisons qui montent à l’assaut de la colline comme un groupe de spectateurs indisciplinés dans les gradins les plus élevés. En arrivant de l’aéroport de Dar El Beida, la vue de la baie d’Alger est néanmoins un choc, même si nous pénétrons dans l’amphithéâtre par une des entrées latérales de l’orchestre ! Ce choc nous l’aurons une autre fois des hauteurs d’El Biar, des derniers rangs de l’amphithéâtre, d’où nous dominons l’ensemble des gradins qui plongent directement vers cette scène exceptionnelle, le port et la mer. Ce magnifique théâtre à l’antique est néanmoins de construction récente, l’urbanisation moderne y a tracé ses grandes voies parallèles à la courbe de la baie et l’architecture des immeubles est de même facture que celle des immeubles parisiens. 

 

« De magnifiques maisons y dressent leurs cinq étages, en bordure de larges rues à arcades ou de longs boulevards plantés de palmiers. Dans la masse mouvante des promeneurs et des gens affairés, le costume banal imposé par la mode l’emporte sur les accoutrements bizarres des indigènes.(...) On ne se croirait pas en Algérie, mon oncle, dit Georges, exprimant sa première impression » [2]

 

« D'avance il s'était figuré une ville orientale,  féerique, mythologique, quelque chose tenant le milieu entre Constantinople et Zanzibar... Il tombait en plein Tarascon... » [3]

 

Où est passée l’El-Djezaïr des beylerbeys ? Des frères Barberousse, les pirates barbaresques qui écumèrent la Méditerranée et firent trembler l’Empire et les royaumes d’Occident ? Où sont les casernes des janissaires turcs ? Le « Badistan » où les captifs européens étaient vendus à l’encan ? Les souks des teinturiers, des bijoutiers, des armuriers où s’échangeaient les produits de l’artisanat contre l’argent des prises faites en Méditerranée ? Et les cent mosquées qui parsemaient la ville ?

 

 « En face, sur une colline, Alger la blanche avec ses petites maisons d’un blanc mat qui descendent vers la mer, serrées les unes contre les autres. Un étalage de blanchisseuse sur le coteau de Meudon. Par là-dessus un grand ciel de satin bleu, oh ! mais si bleu !... » [4].

 

La « couleur locale » se croise quand même parfois au coin des rues. Place des Martyrs de la Résistance, au bas de la cascade des maisons de la casbah, un photographe ambulant a dressé un antique et monumental appareil à plaques sur son imposant trépied de bois ! Il a installé son studio en plein air à l’ombre d’un des kiosques à journaux de la place. Il prend les clichés de ses clients, en buste, pour photos d’identité, en les installant sur un tabouret, devant le mur blanc du kiosque. Dans la casbah, les enfants s’amusent avec des jouets qu’ils ont fabriqués eux-mêmes, des voitures composées de carton, de bois, de fil de fer et de bidons.

 


[1] Jean-André Peyssonnel. « Voyage dans les régences de Tunis et d’Alger ». 1724-1725.

[2] A.Prignet. « A travers l’Algérie - provinces de Constantine et Kabylie ». 1914.

[3] Alphonse Daudet. « Tartarin de Tarascon ». 1872.

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