Trastevere et Lungaretta (12/19). La Via della Lungaretta et ses particularismes.

Santa Agata in Trastevere - La festa de Noantri 

La via della Lungaretta emprunte une rue antique, du second siècle av. JC, la via Aurelia nova, qui gravissait le Janicule et quittait la ville à la porte Aurelia. Appelée ensuite via della Lungara, elle prit le diminutif de Lungaretta quand elle fut raccourcie de 300 mètres. Elle traverse une partie du Trastevere et conduit à l’église Santa Maria in Trastevere. Elle est coupée par une voie tracée à la fin du XIXe (1886) la via di Trastevere, ex viale del Re. 

Au croisement de ces deux rues, l’église Santa Agata in Trastevere daterait du pontificat du pape Grégoire II (715 / 731) et aurait été édifiée en 727 dans la maison familiale de la sainte. Au XIIIe siècle, après la suppression de sa paroisse, l’église a été donnée à la Confraternité de la Doctrine Chrétienne qui l'utilisait comme base pour ses activités pastorales dans le Trastevere. En 1911, elle fut concédée à l'Archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement et Notre-Dame-du-Carmel. A l'intérieur l’église abrite la statue de la « Vierge du Carmel », protectrice des habitants du Trastevere, connue sous le nom de « Madonna de Noantri » (« Madone de nous autre »). Son culte remonterait vers 1535 quand une grande statue en bois de la Vierge aurait été trouvée près de l'embouchure du Tibre. Remise par les marins aux frères carmélites de San Crisogono, elle fut déposée dans une chapelle spécialement construite par le cardinal Scipione Borghese. En 1890, suite à la démolition de l'édifice avec l'ouverture de la Viale di Trastevere, elle a été transférée à Santa Agata. La façade de l’église a été reconstruite en 1710 par Recalcati, en s’inspirant de dessins de Francesco Borromini. La façade, de taille modeste, à deux étages, est rendue très dynamique par le jeu complexe de ses différentes formes et reliefs. Le premier niveau est découpé en trois parties, chacune étant encadrée de pilastres ioniques ; ceux de la partie centrale, encadrant la porte, sont triplés, et la porte est dominée par un fronton à angles aigus assez étonnant, presque « gothique ». Au-dessus, la corniche est très marquée, en fort relief Le second niveau reprend la structure de la partie centrale basse, encadrée de pilastres, mais doublés, flanquant une grande fenêtre elliptique verticale, décorée d’ailes d’anges et d’un pignon incurvé. Entre corniche et fenêtre, un imposant fronton courbe, en fort relief, segmenté par un cartouche entouré de palmes.

A l'occasion de la « Festa de Noantri » (« la fête de Nous-autres » !), la fête du rione du Trastevere (8 jours à partir du premier samedi après le 16 juillet), la statue, richement vêtue, portée en procession, sort de Santa Anna et parcours les rues du quartier selon des trajets qui peuvent être différents. En souvenir d’une caserne des Bersaglieri située dans le quartier après 1871, il est de tradition, lors de l’arrivée de la procession à San Crisogono, que la fanfare des Bersaglieri aille au pas de course à la rencontre de la statue de la Madone [1]. 

Une bulle signée du pape Paul III atteste de l’existence d’une garde corse du Saint-Siège à Santa-Agata [2]. C'est effectivement aux alentours de Santa Anna que séjournait la communauté corse de Rome. Des messes y sont dites en langue corse.

Au n°96 de la via della Lungaretta, en face de la boutique d’un glacier (Fior di Luna), une plaque rappelle le sacrifice de patriotes romains, les 24 et 25 octobre 1867 (photo). Lors de la dernière tentative d’insurrection garibaldienne contre les troupes papales pour unifier la totalité de la péninsule, la caserne Serristori des zouaves pontificaux, une troupe de volontaires internationaux sous la conduite du Général Lamoricière, avait été minée et trente-quatre soldats étaient morts dans l’explosion. Peu après, les zouaves avaient été informés que des insurgés s’étaient retranchés dans l’usine Ajani située dans la Via della Lungaretta, au n°96. Les patriotes romains, notamment Giuditta Tavani Arquati, soutinrent un siège dans lequel plusieurs trouvèrent la mort dont l’héroïne de la lutte, son mari et leur jeune fils de douze ans. Le 30 octobre 1867, les troupes impériales françaises débarquèrent à Civitavecchia pour venir secourir les armées du pape et les troupes garibaldiennes seront battues lors de la bataille de Mentana, le 3 novembre 1867.

La Via della Lungaretta a conservé des magasins d’alimentation typiques et elle attire désormais les touristes en foule compacte.

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[1] Site Trastevere App. « Festa de Noantri e Madonna Fiumarola ». 2019.

[2] Corse-Matin. « Trastevere, le quartier romain de la Guardia corsa papale ». 16/02/2014.

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