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Notes d'Itinérances
23 octobre 2023

Pigna - Entre les places de Venise et de Minerve (8/23). La Piazza del Gesù (la place du Jésus).

Un ensemble de palais du XVIe siècle

 

Sur la place du Gesù se succèdent, dans le sens des aiguilles d’une montre et à partir de la façade du Gesù, la Casa Professa dei Gesuiti (maison professorale des Jésuites) à l’est, le palais Petroni-Cenci-Bolognetti au sud, le palais Petroni-Borgnana à l’ouest, le palais Altieri au nord. 

 

Le grand bloc composé de la maison professorale des Jésuite est situé au n°45 de la Piazza del Gesù, à l'est, à la droite de l’église. Le bâtiment a été construit entre 1599 et 1623 comme siège de la Compagnie de Jésus, remplaçant le bâtiment précédent dans lequel les Jésuites, reconnus comme ordre religieux par Paul III en 1540, s'y installèrent en 1544. Après l’inondation de 1598 qui avait endommagé le bâtiment, il fut reconstruit sur un projet de Girolamo Rainaldi en conservant toutefois les quatre pièces qui avaient servi d'appartement à saint Ignace de Loyola. 

 

Au sud, au n°46, le palais Petroni-Cenci-Bolognetti a été construit en 1563 pour la famille Petroni. Il est agrandi, en 1737, avec notamment l’érection d’une nouvelle façade. De style rococo, elle est réalisée par Ferdinando Fuga (1699 / 1782) ; passablement chargée, séparée verticalement par des pilastres colossaux à chapiteaux ioniques, des fenêtres aux pignons en fort relief, triangulaires au premier étage, courbes au second. La porte d'entrée est flanquée de deux lampadaires en forme de dragon et de piliers cannelés qui soutiennent le balcon. La corniche, percée de petites fenêtres, est surmontée d'une balustrade. Le palais passa à la famille Bolognetti dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le palais est connu pour avoir été le siège du parti de la Démocratie Chrétienne au temps de sa splendeur, entre 1946 et 1992, quand il présidait au gouvernement et à la politique italienne. La Démocratie Chrétienne y a fait son retour en 2022… mais dans une mezzanine au dernier étage, le parti n’étant plus que l’ombre de lui-même suite aux bouleversements politiques en Italie.

 

A l’ouest, au n°54, le Palazzo Petroni-Borgnana était la propriété de l'archiatre [1] pontifical et médecin personnel d’Ignace de Loyola, Alessandro Petroni, avant de passer à la famille Borgnana, La façade, de trois étages, présente en façade, au rez-de-chaussée, un édicule du XVIIIe avec une modeste madonelle « Notre-Dame des Douleurs ». Elle est entourée d’un petit cadre ovale en stuc, décoré de rinceaux (tige de feuilles ou de fleurs, en volutes) et suspendu à un ruban de métal. Sous l’image, une plaque placée par Pie VI Braschi, le 15 novembre 1796, annonce que tous les fidèles qui réciteront les litanies de sainte Marie devant l'Image bénéficieront de 200 jours d'indulgence pour les âmes du Purgatoire. C’est que, selon la tradition, cette madonelle a bougé les yeux et pleuré le 9 juillet 1796 quand les armées de la Révolution française ont envahi une partie des États pontificaux ! Le phénomène s’est produit dans 26 endroits différents de la ville avec d’autres madonelles miraculeuses (Madonna dell'Arco dei Pantani, Madonna dell'Archetto, Madonna della Provvidenza, Madonna del Rosario, Madonna de l'église de San Niccolò dei Prefetti…) [2].

 

Au nord, à gauche de l’église, en traversant la Via del Plebiscito, se dresse le Palazzo Altieri, construit vers le milieu du XVIIe siècle. Quand Giambattista Altieri est élevé au rang de cardinal par le pape Urbain VIII Barberini, il estime que le palais n'est plus assez digne de son nouveau titre et, en 1650, il charge Giovanni Antonio de Rossi de commencer les travaux de rénovation. Le bâtiment a été agrandi et achevé en 1675 quand son frère, Clément X Altieri, devient pape. Le complexe de bâtiments occupe un pâté de maison entier. Il comprend deux cours dont la première, via del Gesù, comprend trois ordres d’arches sur piliers, et la seconde se caractérise par un escalier monumental animé par des sculptures antiques, dont la célèbre statue du « prisonnier Barbaro ». Le bâtiment est actuellement une copropriété occupée en partie par des banques et des personnes privées. L’actrice Anna Magnani (1908 / 1973 – « Rome, ville ouverte », « Le carrosse d’or », « Mamma Roma »…) y occupait un appartement.

 


[1] Médecin d’un monarque, d’une cour royale ou pontificale.

[2] Cette vague de miracles a notamment été étudiée par Vittorio Messori et Rino Cammilleri dans un essai « Gli occhi di Maria » (Les yeux de Marie. 2001). Les auteurs font l’hypothèse que les apparitions miraculeuses ont lieu à des moments historiques et idéologiques cruciaux : les madonelles, en 1796, lors de la Révolution française, les États de l’Église envahis et pillés, Fatima en 1917 lors de la révolution bolchévique…

Voir également : Jean-Marie Sansterre. « Vivantes ou comme vivantes : l’animation miraculeuse d’images de la Vierge entre Moyen Âge et époque moderne ». In « Revue de l’histoire des religions 2 ». 2015/2.

 

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