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Notes d'Itinérances
25 novembre 2023

Viêt-Nam - 1995 / 2023 (5/27). Pagodes, temples et monuments anciens de Hanoi.

Des rites semblables pour des religions différentes

 

 

Autre difficulté rencontrée : s’y retrouver entre croyances et religions ! Le temple de Quàn Thành est consacré au génie Trân-vo qui aurait libéré la région du renard à neuf queues qui la dévastait. Magnifique statue de bronze dans une demi-pénombre apaisante et, devant l’autel, dans une vitrine, les bottes du génie. A la pagode Trân-quôc, dite de la Défense du pays, sur une petite presqu’île de la langue de terre qui coupe le lac de l’Ouest, une des salles présente plusieurs rangées de Bouddhas. Au temple de la littérature, en réalité un collège littéraire préparant à la fonction mandarinale, on y honore Confucius, représenté assis, drapé dans une robe rouge à dragons d’or, entouré de ses premiers disciples et accompagné des animaux mythiques : la grue symbole de grâce et d’immortalité, la tortue, de longévité, le dragon, de vertu et de droiture, la licorne, de bonheur. La pagode du pilier unique (photo) est un remarquable petit pagodon de bois posé sur une colonne de pierre située au milieu d’un bassin où fleurissent les lotus. La pagode est elle-même une représentation du lotus, symbole du monde émergeant de la mer initiale. 

 

A chaque fois, c’est une référence à une confession particulière avec son culte. Ce peut-être le taoïsme, philosophie mystique et culte des génies, mais aussi ensemble de règles de conduite de la vie pour qu’elle soit en équilibre avec la nature. Ou le bouddhisme mahayana, du grand véhicule, venu de Chine et dans lequel sont honorées, de façon très personnifiée, les différentes formes du Bouddha. Ou encore une philosophie morale, le Confucianisme. Tout cela semble former un aimable amalgame pour lequel les Vietnamiens peuvent effectuer les mêmes pratiques, prière et offrande de baguettes d’encens, aussi bien devant la statue de Confucius, de Trân-vo ou de Bouddha !

 

De la Cité impériale d’Hanoi, il reste peu de choses. En 1882, les troupes du commandant Henri Rivière prirent d’assaut la citadelle et la détruisirent. Il ne subsiste que la tour du Drapeau, un des bastions de la citadelle construite en 1805, le portique d’honneur du Palais et quelques éléments de mur. Mais ces derniers sont enfermés au sein d’une immense cité militaire dans laquelle il est défendu de pénétrer. Plus rien ne subsiste de la pagode de l’Esprit du Roi dont un sergent français affirmait, en 1885, qu’elle constituait un des chefs-d’œuvre de l’architecture annamite avec dragons de pierre, bouddhas dorés, tables laquées aux riches filets dorés.

 

« Sommes-nous donc les fils d’une bien plus haute civilisation, nous, qui, dans ce beau monument avons installé des magasins d’armes et de vulgaires bureaux pour l’artillerie ? ». A quoi il ajoutait : « Est-il donc bien politique d’agir avec un tel sans-gêne envers un peuple qui a sur nous l’avantage d’ignorer tout fanatisme religieux, mais qui n’en a pas moins des croyances sincères dignes de nos respects ? » [1].

 

Au centre d’Hanoi le petit lac, ou lac de « l’Épée Restituée ». C’est un espace de verdure et de flânerie au milieu de l’activité fébrile de la ville, un lac du bois de Boulogne sous les tropiques. Sur un îlot ombragé, la pagode de la montagne de jade, dédiée au génie des lettres Van-xuong, aux piliers de laque rouge et aux murs décorés de dragons de porcelaine. 

 

« Ici, la ville était oubliée, on entendait seulement ses Klaxons assourdis moins par la distance que par la densité de l’air » [2].

 

L’île est reliée à la berge par une petite passerelle bossue peinte en rouge, le « pont où repose le soleil levant ». Avant le petit pont sont disposés le portique de « l’écritoire » et la tour du « Pinceau calligraphiant sur l’azur », un obélisque à 7 étages terminé par un pinceau effilé de lettré. Sur une autre petite île, le stupa octogonal à trois étages de l’îlot de la tortue.

 

« ... l’une des villes les plus troublantes du monde. Un périmètre où le temps s’attarde ; une cité nonchalante des années trente, comme une photo sépia que vient animer le doï moï (rénovation) » [3].

 


[1] Frédéric Garcin. « Lettres d'un sergent ». 1885.

[2] Alain Dugrand. « Les craven de l'Oncle Ho ». 1994.

[3] Jean-Claude Guillebaud, Raymond Depardon. « La colline des Anges ». 1995.

 

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