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Notes d'Itinérances
21 mars 2024

Portugal - Lisboa rime avec Pessoa (12/16). La Rua Coelho da Rocha et la Casa Fernando Pessoa.

Le dernier lieu d’habitation du poète – Devenu une maison vivante de la poésie

 

 

Dans le Campo de Ourique, au n°16 de la Rua Coelho da Rocha, est située la dernière demeure habitée par Pessoa de 1920 à 1935, laquelle a été depuis transformée en musée.

 

Pour s’y rendre, il suffit de prendre le pittoresque tram n°28 lequel vous dépose devant la basilique de Estrela. En contournant à pied, ou mieux, en traversant les jardins de Estrela, puis par la Rua da Estrela, on arrive à une placette, à deux pas de la Casa Fernando Pessoa. Avant d’entrer dans le musée, coup d’œil pour repérer le bureau de tabac. Rien qui puisse y ressembler !

 

Pourtant le poème date de 1928. Était-ce donc une image poétique ? Pourtant j’ai souvenir d’avoir lu, il y a quelques années, un article dans lequel des lecteurs du poète s’inquiétaient de la vente de ce commerce et souhaitaient son rachat par une institution publique. L’ai-je rêvé ? Certainement, car c’est de la fenêtre de son bureau [1], où il restait très tard, que Pessoa aurait décrit le bureau de tabac, « Havanesa dos Retroseiros », situé à l'intersection de la Rua da Prata et de la Rua da Conceição dans la Baixa [2].

 

 

Mas o dono da Tabacaria chegou à porta e ficou à porta. 
Olhou-o com o desconforto da cabeça mal voltada 
E com o desconforto da alma mal-entendendo. 
Ele morrerá e eu morrerei. 
Ele deixará a tabuleta, e eu deixarei versos [3].

Mais le patron du Tabac est venu à sa porte, est resté à sa porte.
Je le regarde avec l’inconfort de ma tête mal tournée
et l’inconfort de mon âme comprenant mal.
Il mourra, et je mourrai.
Il laissera son enseigne, je laisserai des vers.

 

L’écrivain est venu s’installer Rua Coelho da Rocha en mars 1920 quand sa mère, veuve de son second mari, et ses enfants sont rentrés d’Afrique du Sud. Il y vivra avec sa mère malade, puis avec sa sœur Henriqueta et son beau-frère le colonel Caetano Dias. La famille occupait l’appartement de droite au premier étage. Après avoir si souvent déménagé dans Lisbonne, Pessoa ne bougera plus de cet appartement. Le bâtiment comprend trois niveaux. De l’immeuble d’origine n’a été conservé que la façade, l’escalier et la chambre de Fernando Pessoa. Le bâtiment était en très mauvais état quand il a été racheté par la municipalité et l’objectif était plus d’en faire une maison de la poésie, vivante, unissant passé récent et présent. C’est une architecte italienne, Daniela Ermano, résidant à Lisbonne, qui a été chargée de la transformation de l’immeuble inauguré en 1993. Une grande partie du bâtiment est consacrée à la bibliothèque laquelle comprend les 1 200 ouvrages possédés par Pessoa sur des sujets aussi divers que les sciences occultes, les mathématiques, la religion, la philosophie et des récits. En outre, elle possède tous les travaux du poète et sur le poète, ainsi que de nombreux ouvrages sur la littérature portugaise du XXe siècle. La chambre de Pessoa est située au premier étage. C’est un espace vide proposé à des artistes qui viennent y exposer des œuvres en lien avec celles de l’écrivain. Y sont seulement exposés son bureau et la commode sur laquelle, dans la nuit du 8 Mars 1914, il écrivit trois de ses plus grands poèmes : « Le gardien des troupeaux » d’Alberto Caeiro, « Pluie oblique » de Fernando Pessoa, et « l'Ode Triomphale » d’Álvaro de Campos. Est présentée également la machine à écrire qu’il utilisait dans l'un des bureaux où il avait travaillé comme traducteur et sur laquelle Fernando Pessoa écrivit une grande partie des poèmes de son hétéronyme Álvaro de Campos. Enfin, au mur, le seul portrait effectué de son vivant, en 1912, par le peintre espagnol Rodriguez Castañé. Il représente un jeune homme (il est alors âgé de 24 ans) habillé avec le plus grand soin. Comme il paraît que Fernando Pessoa détestait perdre du temps à poser pour des photographies, Castañé fut le seul qui réussit à le convaincre de poser, certainement parce qu’il faisait partie du groupe des amis.

 

La Casa Fernando Pessoa veut être un lieu vivant, aussi comporte-t-elle des salles d’exposition, des salles de conférence et une librairie en libre accès remarquablement achalandée en ouvrages récents sur le poète, bien sûr le plus souvent en portugais, mais aussi en anglais et en français.

 


[1] Casa Ourivesaria Moitinho, Rua da Prata, n°71, au premier étage, au coin de la Rua da Conceição.

[2] Ivan Claudio. « Tudo sobre Fernando Pessoa ». ISTEO. 25/02/2011.

José Paulo Cavalcanti. « A Tabacaria da tabacaria ». Academia Bresileira de Letras. 08/09/2023.

[3] Álvaro de Campos / Fernando Pessoa. « Tabacaria - Bureau de tabac ». 1928.

 

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