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Notes d'Itinérances
14 avril 2019

Campo Marzio / Pincio : Vue plongeante sur Rome (7/9). Les terrasses et jardins du Pincio.

La colline du Pincio - Les jardins de Guiseppe Valadier

 

Rome Campo Marzio Pincio Piazza del Popolo vue du Pincio Manuel Gratacap

[1]          « Rome s’étalait sous nos yeux comme une immense tourte noire brûlée, avec des rais de lumière et chacun de ces traits lumineux était une rue » [2].

La colline du Pincio ne fait pas partie des sept collines de Rome, car elle est située hors de l’enceinte sacrée de la Rome antique. En revanche, elle est incluse dans le périmètre des murs d'Aurélien construits entre 270 et 273 après J-C. Des jardins y existaient déjà qui accueillaient les villas de riches familles patriciennes notamment les Pincii qui lui laissèrent leur nom. Néron, condamné à la « damnatio memoriæ » par le Sénat, une condamnation à l'oubli mais aussi à une mort peu glorieuse par flagellation la tête prise dans une fourche, s’est « suicidé » dans la maison de campagne d’un de ses affranchis, Phaon, située entre les voies Salaria et Nomentane, non loin de la colline du Pincio. Son corps aurait ensuite été brûlé sur cette colline puis ses cendres furent enterrées à ses pieds, ce qui a donné lieu à de nombreuses légendes et des apparitions de fantômes ! C’est également ici que le général byzantin Bélisaire (500 / 565) établit son camp lorsqu'il défendit Rome contre l'Ostrogoth Vitigès en 537. 

Les jardins du Pincio poursuivent ceux de la villa Borghèse, ils permettent de rejoindre la Place du Peuple (piazza del Popolo). La création des jardins dans leur forme actuelle, entre jardins anglais et français, avec d'amples allées plantées de pins et de chênes, et le réaménagement des abords de la piazza del Popolo avec terrasses et fontaines, furent confiés à l’architecte Giuseppe Valadier [3]. C’est Napoléon qui voulut cet aménagement pour faire de Rome, annexée en 1809, la seconde ville de l’Empire après Paris. Outre les jardins du Pincio, il fit aménager les abords de la piazza del Popolo, déblayer le Colisée, dégager l'arc de Titus ainsi que la basilique de Constantin et le temple de Castor et Pollux, et enfin réaménager le palais du Quirinal, autrefois siège de la cour pontificale et désormais palais impérial, en confiant la décoration intérieure aux meilleurs artistes alors présents à Rome. Une maison bourgeoise cossue, de style néoclassique, dominant Rome, perpétue le souvenir de Valadier. Destinée à être un restaurant depuis son ouverture, en 1817, elle a été récemment rénovée mais les prix de la carte n’incitent pas vraiment à s’y arrêter malgré la vue exceptionnelle sur la ville.

Au Pincio, vous croiserez aussi un de ces obélisques dont Rome est truffée. Celui-ci est un obélisque romain, dédié par l'Empereur Adrien (117 / 138) à son jeune amant, Antinoüs, mort noyé dans les eaux du Nil. L’obélisque, retrouvé brisé près de la Porte Majeure, fut d’abord érigé dans les jardins du Vatican au XVIe siècle puis déplacé dans les jardins du Pincio en 1822. Les boulevards qui traversent le jardin ont été ornés, sur l’initiative de Guiseppe Mazzini, de 228 bustes d’italiens illustres, mais aussi d’européens (dont un buste de Bonaparte) mais ils ne comptent que trois femmes ! 

 « Et Larusso, à son ordinaire, recommençait à avoir l’esprit ailleurs. Oubliant l’amour, il paraissait tout préoccupé par ces bustes de marbre.

- Que représentent toutes ces statues ? me demanda-t-il. Je voudrais savoir qui elles sont…

- Tu vois comme tu es ignorant… ce sont de grands hommes et, parce c’étaient des grands hommes, on leur a fait leur statue et on l’a mise ici » [4].

Ces bustes font pendant à ceux des Garibaldiens qui ont combattu pour la défense de la République romaine en 1849, situés sur la promenade du Janicule, de l’autre côté du Tibre. Place Napoléon les jardins dominent la Piazza del Popolo et permettent une vue magnifique sur Rome. 

« Si le Corso ne mérite nullement l’éloge qu’en fit Stendhal, qui a dit que c’était la plus belle rue de l’univers, par contre le jardin du Pincio est digne de sa réputation (…) avec cette vue devant les yeux on n’est pas sensible à l’étroitesse de ce petit jardin, pas plus qu’on ne remarque les affreux bustes des grands hommes illustres ou inconnus qui servent de bouteroues à ses allées » [5].


[1] Photo Manuel Gratacap. Mars 2020.

[2] Alberto Moravia. « La terreur de Rome à la villa Borghèse ». In « Nouvelles romaines ». 1954.

[3] Sovrintendenza capitolina ai Beni Culturali. « Passegiata del Pincio ».

[4] Alberto Moravia. « La terreur de Rome à la villa Borghèse ». In « Nouvelles romaines ». 1954.

[5] Hector Mallot. « Comte du pape ». 1877.

Liste des promenades dans Rome et liste des articles sur Champ de Mars et Pincio

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