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Notes d'Itinérances
12 juin 2013

Inde du Sud (2/31). Une histoire particulière.

L'Inde ? Ou Les Indes ? L'inde du Sud, une domination musulmane superficielle

 

 

« Et je sais l’un des chagrins qui assombrissent la vie presque cloîtrée de la reine : Brahma ne lui a point donné de fille, ni de nièce qu’elle puisse adopter ; aussi sa dynastie va-t-elle fatalement s’éteindre, et il s’ensuivra certainement de grands bouleversements dans ce Travancore, à peu près épargné jusqu’ici par les siècles en marche… » [1].

 

L’Inde est vaste : 3 214 km du Nord au Sud et 2 933 km d'Est en Ouest, soit 3,3 millions de km2, une superficie comparable à celle de l'Europe. Pour désigner l’Inde en sanskrit, on emploie le mot « Bharat ». C'est le nom d'un peuple originel, comme les Francs ont donné leur nom à la France.

 

Pendant très longtemps, à l’étranger, le terme utilisé pour désigner cette partie du monde fut « Les Indes », soulignant ainsi tout à la fois une unité sociale et culturelle, mais aussi une diversité des peuples, des langues et des cultures dans le vaste sous-continent indien. Cette diversité étant intensifiée par l’absence d’un Etat, d’une administration et d’une organisation commune, voire même d’un sentiment national. « L’Inde » apparaît ainsi être une création récente, qui fait suite à la colonisation et à la lutte d’Indépendance contre les Britanniques.

 

Dans ce vaste ensemble, hétérogène, la pointe de l’Inde du Sud (Tamil Nadu et Kerala) se présente tout à la fois comme un élément de l’ensemble indien, culture indo-aryenne, hindouisme, système des castes… mais aussi avec une histoire particulière, plus stable, moins soumise à des invasions extérieures successives, notamment musulmanes.

 

La puissance tamoule se développe sous les dynasties des Chola, Pandya et Chera pendant les premiers siècles du millénaire, puis se succèdent ensuite les dynasties Pallava (Ve au VIIIe siècles), Rashtratuka (VIIIe au Xe siècles) puis à nouveau Chola (XIe et XIIe siècles). La civilisation classique tamoule s’étend du IXe au XIe siècles conquérant les Maldives, Ceylan et une partie de l’Indonésie. La civilisation tamoule est fondée sur une économie organisée, basée sur la riziculture irriguée et une administration reposant sur une armée de fonctionnaires, mais en laissant aux pays occupés une autonomie politique effective. Le mécénat des Pallava et Chola permet le développement des littératures sanskrite et tamoule et d’une architecture caractéristiques des temples : gigantisme, enceintes et portes surmontées de tours pyramidales à plan rectangulaire, sanctuaire-tour, salle hypostyle (ou mandapa), sculpture nombreuses.

 

Les conquêtes musulmanes vers le Sud de l'Inde ont entraîné la chute de tous les royaumes hindous de l'Inde méridionale et déclenché la création de l'empire Vijayanagar (1336) recouvrant approximativement les quatre Etats actuels de l’Andhra Pradesh, Karnataka, Tamil Nadu et Kerala, jusqu'à sa défaite face à une confédération de sultanats du Deccan lors de la bataille de Talikota en 1565. Le royaume de Vijayanagar est le dernier grand royaume hindou, formant pendant toute cette période un rempart contre l'expansion musulmane au Sud du sous-continent.

 

Toutefois, l’occupation musulmane à l’extrême Sud (Tamil Nadu et Kerala) apparait lâche, sporadique, alors même qu’à la même période les Européens cherchent à s’implanter pour avoir accès aux épices et multiplient les comptoirs au long de ses côtes : français avec, d’Ouest en Est, Mahé (1721), Karikal (1738), Pondichéry (1674), portugais avec Cannanore (1501), Calicut (1498), Cochin (1500), Nagapatam (1507), anglais avec Madras (1639), danois avec Tranquebar (1620) ou hollandais avec Pulicat (1600). Ces comptoirs se transforment parfois en véritables principautés étrangères à l’image de celle créée par Joseph François Dupleix qui se taille un territoire entre le Deccan et le Cap Camorin (extrémité sud du sous-continent indien) pour lequel il se fait octroyer le titre de « nabab » par le Grand Moghol.

 

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, profitant de l’affaiblissement de la dynastie moghole, les Britanniques étendent progressivement leur influence sur le Malabar et le Travancore (actuel Kerala), et le Carnatic (partie Est du Tamil Nadu).

 


[1] Pierre Loti. « L’Inde (sans les Anglais) ». 1903.

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