Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
13 octobre 2013

En pays maya - Yucatan et Hautes Terres (6/24). La fausse voûte maya.

Technique de construction des voûtes - L'utilisation du mortier par les Mayas - Voûte et lieu de culte

 

 

Outre les pyramides et leurs temples, les Mayas ont laissé d’autres monuments que les Espagnols ont nommé « castillo » (château) quand il leur semblait que ce pouvait être un palais, ou « annexe des nonnes », voire « quadrilatère des nonnes », quand la disposition des pièces leur faisait penser à un couvent et à son cloître. Tous ces bâtiments présentent une voûte particulière, dite « fausse voûte maya ».

 

Les Mayas ne connaissaient pas la voûte à claveaux, c'est-à-dire une voûte réalisée à partir de pierres juxtaposées, taillées en forme de coins, permettant de former un arc et de répartir la poussée gravitationnelle sur les murs adjacents, voûte inventée par les Etrusques [1], utilisée et diffusée dans tout le bassin méditerranéen par les Romains. La voûte maya est constituée de blocs de pierre superposés sur les murs adjacents de manière à se rapprocher, sans se rejoindre ni s’adosser l’un à l’autre, au sommet. La couverture finale est alors composée d’une pierre plate posée à cheval sur le sommet des deux murs.

 

Cette technique exige des murs massifs, susceptibles de supporter ces hautes arches, mais aussi d’utiliser un mortier suffisamment puissant pour assurer la cohérence des pierres entre elles et lutter contre la gravité. La portée de la voûte est extrêmement limitée ; elle est réalisée en masse et exige des murs épais, d'un mètre à un mètre cinquante, pour pouvoir supporter les dalles du plafond sans s’effondrer. Les murs épais et la voûte étroite ne peuvent donc permettent que des pièces très réduites, de deux à trois mètres de large. Cette technique, caractéristique de l’architecture maya, est désignée sous le terme de « fausse voûte » dans la mesure où, contrairement à la voûte en encorbellement, les murs opposés ne s’adossent pas l’un à l’autre à leur sommet.

 

Les Mayas avaient parfaitement conscience des problèmes liés à la construction de cette fausse voûte et des risques constants d’effondrement induits par la pose de pierre en encorbellement. Sur certaines voûtes, notamment à Uxmal, dont la pierre calcaire devait se travailler facilement pour prendre des formes complexes, on remarque que les pierres de la voûte, posées en encorbellement, sont taillées en forme de L. Cette forme, en coin, permet de bloquer les pierres de la fausse voûte et contrebalancer l’effet de la gravité ! Mais, en général, c’est moins l’effet physique par l’utilisation de contrepoids, que l’effet chimique du mortier qui est utilisé. Pendant la construction de l’encorbellement, les Mayas devaient utiliser des échafaudages maintenant les assises de pierre pendant qu’était coulé et que séchait le mortier réalisé à base de chaux. Les temples des pyramides, comme les « palais », sont donc composés de chambres ou de couloirs, d’une largeur réduite sous un haut plafond pointu. Cette forme et cette taille devaient d’ailleurs être très semblables aux maisons du peuple maya comme de ses dignitaires. Les matériaux en étaient vraisemblablement le bois, le torchis, et les palmes, pour des maisons rectangulaires. Les maisons des nobles, dignitaires ou prêtres possédant vraisemblablement un muret de pierre à la base et le torchis, au-dessus, étant remplacé par le stuc avec des dessins ou des bas-reliefs.

 

Chez les Mayas, comme chez les Khmers, le temple n'est pas un lieu de rassemblement des fidèles, un lieu de culte public comme dans les religions chrétienne ou musulmane, mais la demeure du Dieu ou un lieu dans lequel le prêtre entre seul en communication avec les Dieux. Les fidèles ne pénètrent pas dans le temple, ils demeurent à l’extérieur. Notre représentation de l'architecture religieuse est souvent liée à l’existence de grands volumes intérieurs, autorisés par la voûte à claveaux, ou le dôme fondé sur le même principe, et qui permettent le rassemblement des fidèles et l’exercice collectif du culte. Dans le temple maya, le prêtre entre seul en communication avec les dieux. Nul besoin de vaste salle, de larges fenêtres, mais au contraire, il convient plutôt d’avoir un lieu exigu, protégé par des murs épais, à l’abri des regards, pour effectuer le culte mystérieux qui permet au prêtre de rentrer en communication avec les dieux. Comme les Khmers, les Mayas accentuèrent cette caractéristique en allongeant le profil de leurs temples, les Khmers montèrent de hautes tours en encorbellement, les Mayas, ajoutèrent une crête faîtière sur le mur arrière du temple sommital afin d’augmenter la hauteur globale et le caractère majestueux des pyramides.

 


[1] En réalité, les Grecs connaissaient déjà la voûte à claveaux issue d’Orient. Mais ils ne savaient pas comment contrebalancer les poussées horizontales sur les murs porteurs. Il la réservait donc aux ouvrages enterrés.

 

Liste des articles sur les Mayas

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 802
Promenades dans Rome