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Notes d'Itinérances
10 mai 2014

Cuba, oriente (6/34). Ne pas confondre José María Heredia et José-María de Heredia !

Un poète national rêvant de l'Indépendance de l'île - Et un éternel proscrit

 

 

Le « Grand Homme » de Santiago de Cuba, c’est José María Heredia y Campuzano… Non, pas le José-Maria de Heredia que nous connaissons, nous Français, le poète parnassien dont des générations de lycéens ont appris la poésie « Les conquérants » (Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal…). « Notre » José María de Heredia Girard (1842 / 1905) est bien un homme de lettres d'origine cubaine, mais naturalisé français en 1893, il était aussi le cousin d’un poète cubain portant le même nom !

 

Le José María Heredia y Campuzano « cubain », est né à Santiago le 31 décembre 1803 et est décédé à Toluca (Mexique) le 7 mai 1839. Même si ce Heredia-là était, de fait, de nationalité espagnole l’île n’ayant pas encore acquis son indépendante, lui se revendiquait Cubain et il est aujourd’hui considéré comme l'un des premiers poètes cubains.

 

Sa maison natale est située… Calle Heredia (!), dans le cœur de la vieille ville. Sur la façade, une plaque posée à sa mémoire, le 31 décembre 1917, rend hommage à celui qui reçut le titre de « Poète National ». Toute sa vie il combattit la colonisation espagnole, pour l’indépendance de l’île, à la fois d’un point de vue politique, mais aussi d’un point de vue littéraire en cherchant à fonder une poésie ancrée dans la réalité cubaine. En exil aux Etats-Unis, il embarque en1825 sur une goélette qui devait le conduire au Mexique. Une tempête et des vents contraires déroutent le navire qui longe alors les côtes de Cuba, au large de la montagne « Pan » (le Pain) qui domine la ville de Matanzas où il vécut jeune homme. Il écrivit alors un de ses poèmes les plus connus, « L’hymne du proscrit ».

 

“¡Tierra!” claman: ansiosos miramos
Al confín del sereno horizonte,
Y a lo lejos descúbrase un monte...
Le conozco... ¡ Ojos tristes, llorad !
 
Es el Pan... En su falda respiran
El amigo más fino y constante,
Mis amigas preciosas, mi amante...
¡Qué tesoros de amor tengo allí!
 
Y más lejos, mis dulces hermanas,
Y mi madre, mi madre adorada,
De silencio y dolores cercada
Se consume gimiendo por mí.
 
Cuba, Cuba, que vida me diste,
Dulce tierra de luz y hermosura,
¡Cuánto sueño de gloria y ventura
¡Tengo unido a tu suelo feliz!

Ils clament « Terre !» et anxieux nous regardons
Aux confins de l'horizon calme,
Et au loin se discerne une montagne…
Je la connais… Yeux tristes, pleurez !

C'est le Pan… En son sein respirent
L'ami le plus fin et le plus constant,
Mes amitiés précieuses, mon amante…
Quels trésors d'amour j’ai ici ! 
 
Et plus encore, mes douces sœurs,
Et ma mère, ma mère adorée,
De silence et de douleurs encerclée
Qui se consume pour moi.
 
Cuba, Cuba, qui cette vie est éloignée,
Douce terre de lumière et de beauté,
Combien de rêves de gloire et de célébrité
J'ai uni à ton sol heureux !

 

La vie et l’œuvre de José María Heredia a donné l’occasion à Leonardo Padura d’écrire un roman tout à la fois historique, politique, littéraire et policier, tout à fait passionnant [1]. A travers le retour à Cuba, après 18 années d’exil, d’un enseignant qui avait consacré sa thèse au poète, et la recherche d’un manuscrit perdu du poète national, c’est l’occasion d’une réflexion sur l’histoire de Cuba, la naissance et le développement de la littérature cubaine et le rôle des Francs-maçons dans l’indépendance de l’île. A deux cents ans d’écart entre les deux personnages, se tisse une trame romanesque mettant en parallèle les destins de l’un et de l’autre, marqués pour chacun d’eux par la littérature, l’exil, le désenchantement et la trahison des amis les plus chers.

 


[1] Leonardo Padura. « Le palmier et l’étoile ». Titre original « La novela de mi vida ». 2001.

 

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Commentaires
M
Oups ! Cela m'a échappé. L'habitude sans doute. Merci, je rectifie.
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A
Merci pour cet article intéressant <br /> <br /> (mais à la fin vous confondez ! puisque vous mettez "de")
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