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Notes d'Itinérances
27 juillet 2014

Sri Lanka, l'ïle dont on rêve (14/37). Drame shakespearien à Sigiriya.

Querelle familiale et meurtres sanguinaires - Sigiriya, une forteresse inexpugnable - Les demoiselles de Sigiriya

 

 

« J’arrivais jusqu’à la roche Sigiriya où un roi fou s’était fait construire une forteresse. J’honorais comme autrefois les statues géantes de Bouddha à l’ombre desquelles les hommes vont et viennent comme des insectes » [1].

 

Sigiriya est un site spectaculaire par son histoire et l’architecture qui en découle. L’histoire est un vrai drame shakespearien. Le roi Kassapa Ier fit emmurer vivant son père après l’avoir écorché vif parce que celui-ci lui refusait l’accession au trône. Il faut dire qu’à la suite d’une querelle familiale ordinaire le père avait brûlé vive sa propre sœur. Mauvais exemple !

 

« Si c’était fait, lorsque c’est fait, alors ce serait bien
Si c’était vite fait ; et si l’assassinat
Pouvait saisir dans son filet les conséquences, capturer
Le succès par son tranchement ; mais que ce coup
Puisse être le tout-être et fin-de-tout »[2].

 

Pour échapper à la colère de son demi-frère, Mogellana, qui s’était enfui en Inde pour y lever une armée, Kassapa Ier se fit construire une forteresse inexpugnable sur une falaise escarpée de Gneiss, absolument lisse et de plus de 200 mètres de haut. Pendant 18 ans, il en améliora constamment les défenses. Deux enceintes, séparées par des douves, entouraient le rocher et enserraient la ville ainsi que les jardins royaux situés sur une terrasse rocheuse comprenant de multiples bassins et des citernes entre lesquelles circulaient des réseaux d’eau souterrains. De ces jardins, trois portes situées sous des amas de gigantesques rochers, conduisaient à une étroite galerie creusée dans la falaise. Celle-ci débouche sur une plate-forme naturelle située au pied de la falaise. Un escalier monumental était aménagé entre les pattes dans l’avant corps d’un énorme lion assis, permettant enfin d’accéder au sommet du rocher. Sur la surface plate du rocher étaient situés les palais et les piscines.

 

« La nuit a été singulière : où nous formions,
Nos cheminées ont été renversées par le vent,
Et dit-on, furent entendues des lamentations
Dans l’air, avec d’étranges cris de mort,
Et qui prophétisaient en terribles accents
D’horribles rébellions, confus évènements
Nouvellement éclos pour des époques noires.
L’oiseau des ténèbres
Ulula tout au cours de la nuit ; d’aucuns disent
Que la terre fiévreuse trembla » [3].

 

Mais un jour, la forêt de Alakolavara est montée, elle aussi, à l’assaut de la forteresse de Sigiriya !

 

Mogellana revint pour assiéger la forteresse à la tête d’une armée indienne. Kassapa se poignarda et Mogellana fit raser tous les bâtiments de la forteresse et du palais [4].

 

Il faut ajouter à cette description de la forteresse de Sigiriya les magnifiques peintures faites sur ses murs représentant des Apsaras (ou Essences-des-Eaux), des nymphes éternellement jeunes, courtisanes et danseuses célestes. Les Apsaras sont d’une étonnante beauté, avec des yeux de lotus, des tailles étroites et des hanches opulentes. Elles sont nées du barattage de la mer de lait originelle et sont au nombre de trente cinq millions. Elles dispensent volontiers leurs faveurs, notamment parmi les soldats tombés sur les champs de bataille, séduisent les sages et leur dérobent leur sagesse. On peut aussi les conquérir en leur volant leurs vêtements pendant qu’elles se baignent !

 


[1] Pablo Neruda. « J’avoue que j’ai vécu ». 1974.

[2] Shakespeare. « Macbeth ». 1605.

[3] Shakespeare. « Macbeth ». 1605.

[4] Dans « Sigiriya, le Rocher du Lion » (2012) l’écrivain Alain Delbe propose une version différente de l’histoire…

 

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