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Notes d'Itinérances
21 janvier 2019

Iran - Histoire et architecture (10/19). Les Ilkhânides (1221 / 1355) - La route des caravanes.

Routes et caravansérails au temps de Marco Polo

 

 

Le plateau central de l’Iran est constitué de plusieurs bassins fermés. Il couvre les 2/3 de la surface du pays, depuis les monts Zagros à l’Ouest jusqu'à la côte Sud de l'Iran, le golfe Persique et la mer d'Arabie. Il est bordé par deux grandes chaînes de montagnes dont plusieurs pics dépassent les 5 000 mètres. L'altitude moyenne de ce plateau est d'environ 1 300 mètres, mais il est coupé de chaînes montagneuses qui peuvent atteindre 4 000 mètres. La partie orientale du plateau est couverte par deux déserts salés, le Dasht-e Kavir et le Dasht-e Lut. En dehors de certaines oasis très dispersées, ces déserts sont peu habités.

 

« Nous retrouvons l’habituelle et monotone solitude : la plaine, sans arbres, tapissée d’herbes courtes et de fleurs pâles, qui se déroule à deux mille mètres de haut, unie comme l’eau d’un fleuve, entre deux chaînes de montagnes chaotiques, couleur de cendre, ou bien couleur de cuir et de bête morte » [1].

 

Ici, la pluviométrie ne dépasse pas 250 mm/an. Aussi lorsqu’il pleut, et c’est notamment le cas lors de notre passage, avons-nous la surprise d’observer des attroupements de personnes, venues en voitures, regardant couler des rivières temporaires ! Ce à quoi nous ne faisions pas attention tant la chose nous apparaît ordinaire - une rivière coulant sous un pont ! - est manifestement ici un objet de grande curiosité pour les habitants de la région.

 

Marco Polo traverse la Perse, vers 1271, par Kâchân, Yazd et Kerman, à une époque où la Perse est sous la domination mongole, la stabilité politique qu’ils apportèrent sur de vastes espaces étant favorable au développement du commerce, en particulier entre l’Occident, l’Inde et la Chine. 

 

« Et qui part de cette terre (Yasd) pour aller plus avant chevauche bien sept journées tout à plat vers Cherman (Kerman), et, fors en trois lieux, ne trouve nulle habitation où loger. (…) A la fin de ces sept journées, se trouve une cité et un grand royaume qui sont appelés Cherman. (…) Et qui s’en va de la cité de Cherman chevauche sept journées au travers une plaine, trouvant toujours de villages, de villes et de bonnes demeures assez. Oui, on chevauche bien aisément dans cette campagne, car il y a venaison assez, et des perdrix en abondance » [2].

 

Une des branches de la route de la soie partait de Kaboul passait par Kerman, Yazd, Ispahan et Qom, c’est par cette route qu’est passé Marco Polo en Perse en 1271. D’autres routes commerciales allaient du Golfe Persique à Ispahan en passant par Chiraz, c’est le chemin qu’a suivi Pierre Loti en 1900 en revenant des Indes. Depuis l’Empire Achéménide, tout au long de ces itinéraires et tous les 30 kilomètres environ, avaient  été érigés des caravansérails qui permettaient aux caravanes de passer chaque nuit dans un lieu sécurisé et avec un minimum de confort. A la période islamique, sur le haut plateau iranien, les caravansérails ont généralement été développés sur plan carré avec une cour centrale ouverte, entourée de pièces pour les hôtes de passage et, derrière, une galerie pour abriter les bêtes de somme (chevaux, mulets ou chameaux) et entreposer les marchandises. Ces « auberges pour routiers » existaient bien évidemment aussi dans les villes à l’exemple des caravansérails de Gandj-e Ali Khân à Kerman, Mâdar-e Shâh à Ispahan ou le grand caravansérail de Shâh Abbâs à Kâchân [3].

 

Certains de ces caravansérails ont été restaurés et rendus à leur fonction d’auberge, comme le caravansérail Zin-ed Din, entre Kerman et Yazd, du XVIe siècle, une des 999 auberges construites durant le règne de Shah Abbas Ier afin de développer les routes commerciales. Exceptionnellement, ce caravansérail, fortifié, est de forme ronde. Le caravansérail d’Izadkhvast [4], entre Chiraz et Ispahan, où Pierre Loti passa une nuit, est à l’abandon. Carré, vaste, il est situé dans un environnement spectaculaire, une vallée encaissée dans une faille géologique, en face d’une ville abandonnée située sur un mince éperon rocheux. 

 


[1] Pierre Loti. « Vers Ispahan ». 1904.

[2] Marco Polo. « Le devisement du monde ». 1298 ?

[3] Babak Ershadi. « L’histoire des caravansérails et des relais de poste en Iran ». La Revue de Téhéran. N°25. Décembre 2007.

[4] UNESCO. « Le complexe d’Izadkhvast ». Liste indicative du patrimoine mondial de l’Humanité. 2007.

 

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