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Notes d'Itinérances
4 décembre 2019

Campo Marzio - Entre Corso et Tibre (19/20). La via di Campo Marzio.

Deux plaques en façades qui rappellent des moments-clefs de l’histoire italienne

 

 

La via di Campo Marzio s’ouvre avec une jolie madonelle sur le bâtiment de gauche : la tête entourée d’étoiles, les pieds reposant sur un croissant de lune, elle est insérée dans une niche ovale entourée de putti ailés, protégée par une draperie et éclairée par un fin lampadaire. Au n°2, une plaque rappelle que Giuseppe Verdi a habité cette maison :

 

GIUSEPPE VERDI
ABITÒ IN QUESTA CASA
L'INVERNO DEL 1859
QUANDO PRIME LE SCENE DI ROMA
UDIRONO LE MELODIE DEL BALLO IN MASCHERA
INTANTO CHE DALLE ALPI AI DUE MARI
VOCI DI POPOLO
ACCLAMANDO ALLA GLORIA DI LUI
NEL SUO NOME ESPRESSERO
LE RIDESTE SPERANZE D'ITALIA
E ADDITARONO IL RE LIBERATORE" [1].

 

L’opéra « Un bal masqué » est inspiré de l’assassinat du roi de Suède Gustave III, au cours d’un bal masqué, en 1792. Destiné au théâtre San Carlo de Naples, le livret y a été refusé par les censeurs au prétexte qu’on n'assassine pas un roi sur scène ! L'action fut alors transposée par Verdi à Stettin et le roi de Suède devint un duc de Poméranie. Mais le crime de lèse-majesté demeurait ! C’est pourquoi l'action se déroule finalement à Boston dans la jeune démocratie américaine et que le roi de Suède, devenu duc de Poméranie, termine finalement en gouverneur ! L’opéra fut créé le 17 février 1859, au Teatro Apollo de Rome. Le Teatro Apollo était situé sur les quais du Tibre, non loin de la via di Campo Marzio, à l’emplacement des anciennes prisons papales de Tor di Nona et avait été construit en 1795 par plusieurs architectes dont le célèbre Guiseppe Valadier pour la façade. La première du Bal Masqué fut un immense succès. Du parterre, des balcons, des loges chacun crie « Viva Verdi ! ». Mais « VERDI » est aussi l’acronyme d’un slogan patriotique : « Vittorio Emanuele RDItalia » ! Il faut dire qu’un mois avant, le 9 janvier, Victor-Emmanuel IIroi de Sardaigne, avait prononcé devant le parlement du Piémont ces paroles : « Respectueux des traités, nous ne sommes cependant pas insensibles au cri de douleur qui monte vers nous de tant de parties de l’Italie », signifiant ainsi qu’il était prêt à organiser l’unité de l’Italie autour de sa personne.

 

Côté droit, au numéro 84, au-dessus d’une porte du XVIIIe siècle, une autre plaque indique :

 

DA QUESTA CASA OVE ABITAVA USCÌ PER ANDARE AL MARTIRIO ED ALLA MORTE ANTONIO BUSSI COMBATTENTE DELLA LIBERTÀ FUCILATO DAI NAZIFASCISTI IL 7-3-1944 - GLI ABITANTI DEL RIONE A PERENNE RICORDO POSERO [2].

 

Antonio Bussi, était un employé, membre du Parti Communiste Italien, alors interdit et clandestin, et il organisait la diffusion du journal du PCI « L'Unità » dans son quartier [3]. Arrêté puis emprisonné pendant la période d’occupation de Rome par les nazis (10 septembre 1943 / 4 juin 1944), il fut fusillé le 7 mars 1944 au Fort Bravetta, une des constructions fortifiées qui entourent Rome, située à la périphérie Ouest de la capitale. Le 5 Mars 1944, un groupe de partisans de Torpignattara avait attaqué le siège local du mouvement fasciste à Quarticciolo. Au cours de l’attaque un soldat allemand ayant été tué, les autorités nazies exécutèrent dix prisonniers en représailles : Antonio Bussi, Concetto Fioravanti, Vincenzo Gentile, Giorgio Labò, Paul Lauffner, Francesco Lipartiti, Antonio Nardi, Mario Mechelli, Augusto Pasini, Guido Rattoppatore

 

Ce sont au total 66 résistants qui seront fusillés par les Allemands, ou par la Polizia Africa Italiana (PAI), pendant la période d'occupation à Forte Bravetta. Roberto Rossellini fera un film sur l’un d’entre eux, le père Don Giuseppe Morosini, fusillé le 3 avril 1944, dans son film « Rome ville ouverte » [4].

 


[1] « Giuseppe Verdi habitait dans cette maison l’hiver 1859 lorsque les premières scènes (d’opéra) de Rome entendirent les mélodies du Bal masqué, alors que des Alpes aux deux mers les voix du peuple acclamèrent celui dont la gloire de son nom redonna espoir et montrèrent le roi libérateur ». Traduction personnelle.

[2] « De cette maison est parti pour aller au martyr et à la mort, Antonio Bussi, combattant de la liberté, fusillé par les nazis fascistes le 7-3-1944 - Les habitants du quartier ont posé cette plaque en mémoire ».

[3] Luisa Severi e Dario Scatolini. « Forte Bravetta 1932-1945 - Storie memorie territorio ». Provincia di Roma. 2000.

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