Esquilino et Monti Nord - Des perles dans un écrin banal (11/13). Monti - Saint-Pierre-aux-liens (San Pietro in Vincoli).

Les chaînes de Saint-Pierre - Le mausolée du pape Jules II - Le Moïse de Michel-Ange

L'impératrice Licinia Eudoxa (422 / 462), épouse de l'empereur Valentinien III, aurait fait construire l'église dans les années 430 pour abriter les chaînes qui avaient entravé saint Pierre à la prison Mamertine, à Rome, avant son supplice. Ces reliques furent complétées par les chaînes de saint Pierre à Jérusalem qui étaient conservées à Constantinople. Présentées au pape Léon Ier (440 / 461) les deux chaînes se seraient soudées miraculeusement. Les chaînes sont conservées dans un reliquaire en-dessous de l'autel. Derrière le sanctuaire, la crypte contient un sarcophage romain censé contenir les reliques des saints Macchabées, les sept héros juifs morts pour refuser de renier leur foi. Les reliques furent transportées à San Pietro in Vincoli sous le règne du pape Pélage Ier (556 / 561). Problèmes… Il existerait d’autres reliques des saints Macchabées à Cologne, et une étude des reliques de San Pietro en 1930 aurait montré qu’il s’agissait d’os de chiens [1]. Mais avec le très fructueux commerce des reliques au Moyen-âge, il ne faut s’étonner de rien.

L’église fut restaurée sous les papes Sixte IV et Jules II, puis le bâtiment médiéval sera encore remanié au XVIIe et XVIIIe siècles. La façade, de 1475, est tout à fait insolite, constituée d'un portique du Quattrocento, ne permettant pas de préjuger qu’il s’agit d’une façade d’église. Le portique comporte cinq arcades supportées par des piliers octogonaux, et est surmonté d’un étage percé sobrement de cinq fenêtres. Attribué longtemps à Vasari ou à Baccio Pontelli, il est aujourd'hui considéré comme une œuvre de Meo del Caprino. L’église présente un plan basilical à trois nefs et transept. De belles colonnes doriques, probablement prises sur un monument antique, rythment la nef. La voûte surbaissée à caissons, conçue par Francesco Fontana et ornée d’une fresque de Giovanni Battista Parodi « Le Miracle des chaînes » (1706), écrase le volume intérieur.

La principale curiosité c’est le mausolée au pape Jules II della Rovere (1503 / 1513). Le projet initial (1506), destiné à la basilique Saint-Pierre, était gigantesque. Il comportait une chambre funéraire autour de laquelle s'articulait une structure de plusieurs étages (5 mètres de hauteur), peuplée de 40 statues représentant des personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament ou figurant des allégories des arts et des vertus triomphant sur les vices. Michel-Ange se rendra à Carrare durant huit mois afin de choisir les blocs de marbre nécessaires à sa réalisation. Mais le Pape délaissa le projet et Michel-Ange était occupé par d’autres commandes ce qui fait que le projet initial n'a jamais été réalisé. Michel-Ange ne retravaillera sur le monument qu'après la mort du pape. Il sculptera un groupe d’esclaves, aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, et entreprendra l'exécution des statues des filles de Laban, Lia (à droite) et Rachel (à gauche), et le Moïse (1514 / 16). Le pape Jules III Ciocchi del Monte (1550 / 1555) souhaitait que Michel-Ange abandonne le chantier du mausolée de Jules II pour se consacrer à la peinture de la Chapelle Sixtine. Découvrant le Moïse dans l'atelier de l'artiste, il jugea que la statue était d'une qualité suffisante pour honorer la sépulture de son prédécesseur comme élément central. Moïse est représenté au moment où, descendu du Sinaï avec les Tables de la Loi retranscrivant les paroles de Dieu, il constate que le peuple juif honore une idole païenne, le « Veau d’or ». Léa et Rachel sont positionnées de part et d’autre, dans des niches séparées par des atlantes. Elles sont considérées comme les Matriarches, les mères fondatrices dans le Judaïsme. Ce premier niveau est donc composé de personnages considérés comme fondateurs du peuple et de la religion juive. La statue de Moïse, statique, toute en force et virilité, s’oppose aux deux statues plus dynamiques de Léa et Rachel sculptées en contrapposto.

L'exécution du reste du mausolée reviendra aux élèves de Michel-Ange et n’égale pas la puissance du maître. Il se dilue dans les hauteurs avec des colonnes étirées, beaucoup plus hautes que les statues qu’elles abritent. Quant au tombeau de Jules II, il est placé à cheval sur deux atlantes et son gisant relève curieusement la tête. Il faut dire que placé à une grande hauteur soit le gisant reposait la tête mais on ne pouvait alors voir son visage, soit il fallait qu’il relève fortement la tête pour éviter à l’énorme tiare de tomber. Conclusion, la posture n’est vraiment ni gracieuse ni naturelle !

Dans la chapelle absidiale de droite, la sainte Marguerite du Guerchin « tient en respect, d’un geste de la main le dragon qui pointe son museau dans le coin du tableau » (Marco Lodoli).

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[1] Churches of Rome Wiki. « San Pietro in Vincoli ».

Liste des promenades dans Rome et liste de la promenade Esquilino et Monti Nord

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