Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Notes d'Itinérances
22 juillet 2021

Algérie au coeur (2/42). Voyage par l’Espagne et le Maroc.

Passages difficiles des frontières avec le Maroc

 

 

En 1982, pour nous rendre en Algérie par la route, plutôt que de passer par Gibraltar, nous avons choisi un parcours plus rapide en faisant une traversée de la Méditerranée de Malaga à l’enclave espagnole de  Melilla située à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne. A l’étape d’Alcala de Henares, une ville proche de Madrid, la mort du « Caudillo » en 1975 semble avoir brutalement fait sauter la chape de plomb morale qui étouffait le pays. Les Espagnols paraissent vouloir rattraper rapidement et goulûment toutes les décennies de liberté dont ils avaient été privés. Au soir, la « passegiata » manifeste une liberté sociale, dans les comportements et l’habillement, qui frisent la provocation et nous surprennent. 

 

Débarqués en soirée à Melilla, enclave espagnole au Maroc depuis 1497, nous sommes pressés de passer la frontière marocaine pour trouver un hébergement à Nador ou à Oujda. Le franchissement de la frontière marocaine s’effectue dans une jolie pagaille. Une longue file de voitures est coincée au poste frontière et nous attendons notre tour avec discipline. Mais cela n’a pas l’air de marcher du tout ainsi, car ce n’est pas dans l’ordre de la file d’attente que passent les véhicules. Dans l’édifice situé entre les voies d’entrée et de sortie du territoire, un guichet est assailli par un attroupement. Renseignement pris, il faut y donner ses passeports pour obtenir son visa. Dans une cohue de bras tendus tenant des poignées de passeports, le flic semble effectuer un prélèvement au hasard. A cette loterie, il faut parfois attendre longtemps pour gagner le gros lot par suite des inévitables et dangereux mouvements de repli des heureux élus qui ont obtenu leurs visas et qui risquent de vous faire perdre quelques précieux centimètres. A ce petit jeu là, j’ai manifestement beaucoup à apprendre des Marocains qui concourent avec moi. 

 

Finalement, le policier a fini par prendre nos passeports. Il faut maintenant attendre leur retour en conservant, contre flux et reflux, une place proche du guichet. Nouvel étonnement, certains qui ont donné leurs pièces après moi les récupèrent avant moi ! Le policier interrogé, me fait signe de la main que « ça vient, ça vient... ». Mais ça ne vient toujours pas quand je remarque que, parfois, il dépasse des billets de banque des passeports tendus vers le policier. Mais oui, bon sang, mais bien sûr, quelle naïveté ! Pour obtenir son visa rapidement, il suffit de glisser un bakchich entre les pages du passeport ! Finalement, j’obtiens nos visas... mais, moins vite, beaucoup moins vite.

 

A Nador, tous les hôtels sont pleins et nous finissons par trouver un petit hôtel en chantier qui a encore une chambre disponible. Elle est propre mais les WC sont sur le palier, mais avons-nous le choix ? Finalement, la nuit s’avère excellente, mais bien courte ! La fenêtre de la chambre est située face à une mosquée et le muezzin n’a pas manqué de nous rappeler l’heure du lever du soleil. A cette première mauvaise surprise s’en ajoute une seconde, il n’y a pas d’eau par suite des travaux en cours. Donc, le muezzin nous a réveillés pour rien puisque nous ne pouvons pas faire nos ablutions. Il nous faut faire contre mauvaise fortune bon cœur et se débarbouiller à l’eau de toilette. 

 

Décidément, cette année-là, les douaniers marocains ne sont ni agréables ni sympathiques. A la frontière avec l’Algérie nous sommes la seule voiture de passage car la frontière n’est ouverte que pour les ressortissants autres que marocains et algériens [1]. Policiers et douaniers veulent fouiller tous les bagages et regardent d’un air particulièrement soupçonneux les cahiers d’école primaire d’enfants d’amis algérois. Ceux-ci nous avaient demandé de ramener quelques paquets qu’ils n’avaient pu placer dans leurs bagages suite à leur séjour d’un an à Paris. Ces cahiers d’écoliers avec leurs pages d’écriture, leurs courtes dictées et leurs petits problèmes d’arithmétique doivent évidemment constituer un langage codé pour faire passer des secrets militaires. Tout à la compréhension de cette énigme, les douaniers en oublient de nous faire ouvrir les valises !

 


[1] Depuis 1994, quelle que soit votre nationalité, on ne passe plus ! La frontière terrestre entre les deux pays est fermée (2021).

 

Liste des articles sur Algérie au coeur

Télécharger le document intégral

Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 989 841
Promenades dans Rome