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Notes d'Itinérances
5 mai 2022

Borgo - Au pied du Vatican (9/16). Le Vatican - L’obélisque Vaticano et les fontaines.

Une place qu’il fallait aussi « meubler »

 

 

 

[1]           Sur le côté droit de l’ancienne basilique Saint-Pierre, de Maxence et Constantin, l’obélisque qui décorait la spina du cirque de Caligula et de Néron était demeuré à sa place d’origine, le seul des obélisques antiques à être resté dressé. C’est un obélisque d’origine égyptienne mais, faute d’inscriptions hiéroglyphiques, l’hypothèse est qu’il proviendrait du temple d’Amon-Rê à Héliopolis. Il est attribué au pharaon Amenemhat II. Auguste l’aurait fait ériger à Alexandrie, mais c’est Caligula qui, en 37, le fit transporter à Rome et dresser dans le cirque. L’obélisque était dénommé « l'aiguille de saint Pierre » selon la tradition qui veut que Pierre aurait été crucifié la tête en bas, sur la spina du cirque, vers 64, sous le règne de Néron. Le corps de saint Pierre aurait été inhumé à proximité. Le lieu du supplice et d’inhumation de Pierre définis par la tradition a, au IVe siècle, déterminé le lieu d’érection de la première basilique de Maxence et Constantin. 

 

L’idée de placer l’obélisque devant la basilique remonte à Nicolas V Parentucelli (1447 / 1455) qui souhaitait donner au monolithe une symbolique chrétienne. Sa base aurait été décorée de statues colossales des quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), en bronze, et le sommet d'une statue du Christ tenant une croix dans la main droite [2]. Mais Nicolas V avait aussi le projet de remplacer la basilique constantinienne qui menaçait de tomber en ruine et, devant l’urgence, Jules II della Rovere (1502 / 1513) décida, en 1505, de la construction de la nouvelle basilique. Sixte Quint Peretti (1585 / 1590) reprend l’idée du transfert de l’obélisque et le fait ériger en 1586, par son architecte Domenico Fontana, devant la basilique en construction, dans son axe, sans connaître ni les dimensions de la nef de la basilique, ni imaginer la forme future de l’esplanade.

 

« …en 1586, la façade de la basilique n'est pas encore commencée, il n'est même pas encore décidé si l'on achèvera l'église en croix grecque ou en croix latine, et par conséquent on ignore où se situera la façade. La place n'est qu'un espace vague, aux limites indéterminées, aux façades sans ordonnance… »[3].

 

Dans cet espace incertain, l’obélisque est dressé et son pyramidion est chapeauté désormais par une représentation de plusieurs monts dominés par une étoile, les armoiries pontificales de Sixte V, et enfin par une croix symbole de la victoire de la chrétienté sur le paganisme et l’hérésie (sous entendue aussi, les églises réformées !). 

 

De part et d'autre de l'obélisque sont positionnées deux fontaines ; ces fontaines jumelles sont dénommées Gregoriana pour la plus ancienne (au nord) et Clementina pour sa réplique (au sud). Au XVe siècle, dans l’espace vacant devant la basilique, il existait déjà une fontaine avec un bassin circulaire et deux vasques en hauteur. Après avoir terminé la construction de la façade de la basilique Saint-Pierre (1612), Carlo Maderno modifie la fontaine existante. Elle bénéficie du souhait du pape Paul V Borghese (1605 / 1621) de bénéficier d’importantes ressources en eau pour ses jardins du Vatican. Il fait restaurer l'ancien aqueduc de l'Aqua Trajana, long de 32 kilomètres, construit par l'empereur Marco Ulpio Traiano en 109, et qui collecte les eaux des lacs de Bracciano, Oriolo Romano et Trevignano. Les travaux commencent en 1608 et sont achevés en 1610. L'aqueduc est rebaptisé Acqua Paola. Le bassin supérieur de la fontaine est inversé, en dôme, composé de petits reliefs qui divisent le flot de l’eau. L’eau s’écoule alors en gouttelettes avec un effet de voile dans le bassin inférieur seule pièce de granit issue de la fontaine originale. L’ensemble est posé sur une base octogonale gravée des armoiries papales et de dauphins, et le tout est placé au centre d’un vaste bassin, légèrement ovale. En 1657, lors de l’érection de la colonnade de la place Saint-Pierre, Le Bernin déplace la fontaine sur sa position actuelle, au centre du demi-cercle nord de la place. Pour respecter la symétrie de l’ensemble, une fontaine identique est érigée sur le même axe, côté sud. Elle est semblable à la première, à l’exception du blason papal (du pape Clément X Altieri au lieu de Paul V Borgjese) et d’éléments décoratifs. Elle est inaugurée en 1677.

 


[1] Photo Tiziana Fabi. Mars 2020.

[2] Jean-Jacques Gloton. « Les obélisques romains de la Renaissance au néoclassicisme ». In « Mélanges d'archéologie et d'histoire ». Tome 73. 1961.

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