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Notes d'Itinérances
1 août 2022

Chroniques tunisiennes 1975 / 2023 (1/69). La coopération franco-tunisienne dans les années 70/80.

Une coopértion de substitution

 

 

Après son accession à l’Indépendante, obtenue en 1956, la Tunisie a développé une coopération étroite avec la France, même si les relations entre les deux pays connurent des moments houleux et difficiles avec une série de crises postcoloniales : en 1958 avec le bombardement du village tunisien de Sakiet-Sidi-Youssef par l’aviation française au prétexte qu’il accueillait des « rebelles » algériens, en 1961 avec le conflit sur le maintien de la base aéronavale française de Bizerte, et enfin en 1964 suite à la nationalisation des terres possédées par des étrangers. 

 

A partir de 1972 se développe une coopération culturelle, scientifique et technique importante, doublée d’une coopération économique intense. Au début des années 80, la France est alors le premier fournisseur et le deuxième client de la Tunisie. 

 

Cette coopération culturelle, scientifique et technique sera notamment facilitée par la création du service de la coopération permettant aux appelés du service militaire d’accomplir leur service national en dehors du service armé [1]. Elle sera conduite dans un cadre juridique contractuel, une convention signée à Tunis le 3 mars 1973 entre les gouvernements des deux républiques. La convention, établie pour une durée de cinq ans, sera prorogée en 1978 assortie d'un protocole financier et d'annexes relatives à la situation des agents civils et des volontaires du service national mis à la disposition du gouvernement tunisien. 

 

Si, dans un premier temps, la coopération française sera de substitution, les cadres administratifs et les enseignants tunisiens étant encore en nombre insuffisant, dès la fin des années 70 la « tunisification » de la fonction publique et de l’enseignement primaire et secondaire est une priorité du gouvernement tunisien. Le but de la coopération entre les deux pays évoluera alors afin de favoriser la mise en œuvre de projets de coopération intégrés définissant des objectifs précis, arrêtés en commun accord, sur un nombre plus limité d'opérations, exigeant à la fois une haute qualification des intervenants et une action conduite dans un cadre pluriannuel. En 1980, la Tunisie bénéficie de la part de la France du montant d'aide par habitant le plus élevé́ au monde, l'aide publique atteignant alors 210 millions de francs [2].

 

La coopération éducative se concentre essentiellement dans l’enseignement supérieur : 938 enseignants français étaient en poste en Tunisie, détachés auprès des 20 facultés, écoles et instituts d'enseignement supérieur relevant du ministère de l'Éducation Nationale. Ils représentaient à eux seuls près de la moitié du personnel d'origine étrangère, soit 12% environ de l'ensemble du corps enseignant de ces établissements. Progressivement la coopération s’oriente vers la formation des formateurs et l’appui au développement économique. Les actions de coopération technique concernent alors 143 experts français à temps plein, des secteurs de la santé publique, de la recherche agronomique, de la formation administrative, de l'informatique et de la statistique, ainsi que les ministères de l'Économie, de l'Équipement et des Transports. Parallèlement, de nombreuses missions d'expertise et d'enseignement, de courte durée, de l'ordre du millier, sont effectuées chaque année en Tunisie, orientées de plus en plus sur les secteurs prioritaires de l’agriculture, la pêche, l’informatique, les énergies renouvelables [3].

 


[1] En 1970, il y avait plus de 25 000 coopérants français déployés dans « les pays du champs » (ex-colonies françaises). Loi du 9 juillet 1965.

[2] Michel Treutenaere. « La coopération culturelle, scientifique et technique entre la Tunisie et la France : évolution et perspectives ». Sd.

[3] C’est dans ce cadre que plusieurs établissements d’enseignement supérieur agronomique français auront l’occasion de coopérer avec la Direction de l’Enseignement, de la Recherche et de la Vulgarisation (DERV) du ministère de l’Agriculture et de la Pêche de Tunisie.

 

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