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Notes d'Itinérances
29 juin 2023

Campitelli - Le tour du Forum (18/25). Grandeur passée, le Cirque Maxime (rione Ripa).

Le cirque des courses de chars, spectacle préféré des Romains

 

 

« Nous sommes descendus dans la vallée appelée autrefois Murcia, entre les monts Palatin et Aventin. Romulus choisit cette vallée pour y célébrer des jeux magnifiques en l’honneur de Neptune Consus. Le lieu où nous sommes fut le théâtre de l’enlèvement des Sabines »[1].

 

Le Circus Maximus (Le très grand cirque), situé dans une vallée naturelle entre les monts du Palatin et de l'Aventin, était le plus grand de Rome. Il date probablement de l’époque des Tarquins, au VIe siècle avant J-C et ses installations étaient en bois. Les équipements des compétitions en pierre datent du IIe siècle avant notre ère. C’est sous Jules César que les premiers gradins en pierre seront construits, donnant à l’édifice sa forme définitive vers 46 avant J-C. 

 

C’est une arène de forme rectangulaire, de plus d'un kilomètre de long, au côté Nord légèrement incurvé et au côté Sud de forme circulaire qui servait aux courses de chars dont les Romains étaient très friands. A l’extérieur, le cirque présentait trois étages d’arcades correspondant, à l’intérieur, à trois catégories de gradins séparées par des murs. De nombreux escaliers (vomitoria, vomitoires) permettaient aux spectateurs de se rendre dans leurs gradins selon les différentes catégories de citoyens. Agrandi, plusieurs fois reconstruit, le cirque pouvait contenir plus de 250 000 spectateurs [2]. Tout autour du Circus Maximus, le quartier était animé, comprenant de nombreux marchands et tavernes. Selon Tacite, le grand incendie de Rome, en 64, aurait débuté près du Cirque Maxime ; il aurait été favorisé par le vent et alimenté par les marchandises des boutiques placées dans les arcades du cirque et se serait étendu rapidement dans l'édifice notamment dans son dernier étage de gradins en bois. Du cirque Maxime, il ne reste que très peu de choses : une vaste prairie en cuvette oblongue ! Portiques, murets, gradins ont servi de carrière pour les palais de la papauté et les monuments de la Rome baroque quand ils n’ont pas été broyés pour faire de la chaux. 

 

« A la descente du mont Aventin, ne cherchez plus dans la place où était le grand cirque qu’un grand mauvais marais barlong, à qui les restes des fondations des gradins servent de clôture » [3].

 

Sic transit gloria Mundi ! (Ainsi Passe la gloire du monde !) [4]. A Rome, il nous faut constamment faire des efforts d’imagination pour nous représenter la ville antique telle qu’elle pouvait être. C’est le cas du Cirque Maxime qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Ce que nous appelons « Rome », certainement plus que dans toute autre ville au monde, est à la fois le produit de ses ruines et monuments visibles, mais aussi de la ville que chacun de nous « rêve », imagine, que nous nous sommes construits sur la base de nos lectures, des récits que nous en avons eu, des films vus. Cette Rome-là, toute personnelle, intègre ce qui n’est plus et peut-être n’a jamais été [5] ! Aujourd’hui lieu de promenade familiale, voire de pique-nique, dans un état de semi abandon, le Cirque Maxime retrouve de temps en temps les foules de sa gloire passée : pour un concert des Rolling-Stone (en 2014), de Bruce Springsteen (en 2023) ou pour une grande manifestation politique ou syndicale. Plusieurs manifestations gigantesques (plus de deux millions de personnes) à la politique du gouvernement de Silvio Berlusconi s’y sont tenues contre les restrictions budgétaires, les paradis fiscaux, les politiques anticrises (2008 à 2010). A chaque fois, la vaste pelouse du cirque était pleine, la foule grimpant sur ses gradins et envahissant les rues adjacentes.

 


[1] Stendhal. « Promenades dans Rome ». 1829.

[2] Odysseum. « Le Circus maximus, célèbre hippodrome de la Rome antique ». Site du ministère de l’Éducation.

[3] Président De Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[4] Lors de la cérémonie d'intronisation d'un nouveau pape, il était de coutume qu'un moine se présentât par trois fois devant lui pour lui annoncer « Sancte Pater, sic transit gloria mundi ». Ce rite rappelle celui en usage lors du triomphe d'un général romain victorieux, un esclave se tenant à ses côtés pour lui murmurer « Hominem te esse » (Toi aussi tu n'es qu’un homme) ou « Memento mori » (Rappelle-toi que tu mourras).

[5] En 1937, le cirque Maxime accueille des pavillons en vue de l’exposition universelle de 1942. Après une grande exposition sur les minerais, puis sur le textile (1938), l’ensemble est transformé en complexe balnéaire avec trois piscines, cours de tennis, terrains de sport, patinoire, restaurants, cinéma et même une maison coloniale entourée d’un paysage africain. L’ensemble fut fermé et abandonné avec la guerre. 

Voir Archivio Luce. « Apertura del villaggio balneare al circo Massimo ». 1939.

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