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Notes d'Itinérances
31 juillet 2023

Pinciano - Le parc Borghese (9/12). Les jardins de la Villa Borghese.

Les jardins secrets, jardins des orangers et des fleurs

 

 

En 1580, la famille Borghese possédait un terrain modeste, hors les murs, sur les hauteurs du Pincio. Au début du XVIIe siècle, le Cardinal Scipione Caffarelli Borghese, neveu préféré du Pape Paul V Borghese (1605 / 1621), fit une série d’acquisitions pour s’y construire une « villa de délices » dans laquelle il pourrait présenter sa très riche collection d’antiques, mais aussi d’œuvres d’art contemporaines (entendez « de la période de la Renaissance » !). Le bâtiment a été réalisé entre 1613 et 1615 sur un plan en forme de U. La façade est décorée de statues et de bustes antiques et de bas-reliefs.

 

« Leur maison de campagne et celle des Pamphili sont à mon gré les plus belles de Rome, soit par l’étendue, soit par l’agrément des jardins, soit par le nombre prodigieux de choses rares qu’elles contiennent. Celle-ci fourmille de statues antiques et modernes, en dedans et au-dehors. Le jardin a de longues allées, des parterres, des bois, des parcs, des volières et des oiseaux heureux » [1]

 

La villa est située au centre d’un très vaste terrain que le cardinal fait diviser en trois parties distinctes, délimitées par des clôtures de maçonnerie de trois mètres de haut et accessibles par des portes. Au sein de la première clôture est situé le casino entouré, en face, vers la porta Pinciana, par une forêt de pins, d’ormes, de cyprès, des bosquets de lauriers, et comprenant des fontaines et de nombreuses statues. La seconde clôture est située à l’arrière du casino, réservée au prince, avec des bosquets de chênes verts et dans lequel ont été lâchés des cerfs et des chevreuils (l’actuel Parco dei daini – le parc des daims). Des hermès [2] décorent les allées du jardin à l’arrière du casino, hermès auxquels le jeune Bernini aurait participé car les Borghese commandèrent à son père, Pietro, à partir de 1616, des restaurations d'antiques et des créations de fontaines et de sculptures pour le parc de la villa. Enfin, la troisième clôture, la plus vaste, est une réserve de chasse et comprend des espèces rustiques avec des bois, des pelouses naturelles et des étangs. 

 

De chaque côté du casino, sont réalisés deux jardins « secrets », l’un « dei melangoli » (oranges amères), l’autre « dei fiori » (des fleurs - photo) [3]. Une reconstitution des jardins secrets de la villa Borghese (« dei melangoli » et « dei fiori »), ainsi que des pavillons de la Volière et de la Méridienne, a commencé à partir des années 1990 car ceux-ci avaient été transformés en jardins potagers pendant la guerre, puis en zone de chantier lors des travaux de confortement de la villa [4]. Cette reconstitution a pu être effectuée en s’appuyant sur des documents anciens de la villa : listes des variétés végétales plantées et traités botaniques de l’époque pour déterminer leurs emplacements.

 

Après avoir touché les empereurs romains puis les papes, l’obéliscomania frappa à son tour la noblesse romaine ! Deux fontaines basses, surmontées chacune d’un obélisque, encadrent la Viale del Uccelliera (la rue de la voliere) à l’endroit où celle-ci croise l’avenue des Deux Pyramides. Ce croisement est situé près des deux hémicycles qui encadrent l’entrée du Parco dei Daini. A l’origine, ces deux fontaines étaient situées de part et d’autre de la porte qui séparait les première et troisième clôtures. Lors de la réorganisation du jardin de la villa par le prince Marcantonio Borghese, à la fin du XVIIIe siècle, la porte a été démolie ainsi que tous les murs qui divisaient les différents enclos du parc. 

 

A la fin d'une longue bataille juridique avec les héritiers de la famille Borghese, l'État acheta l’ensemble, villa, jardins, parc et collections d’œuvres d’art, en 1901. La fixation des prix des œuvres d’art donna notamment lieu à expertises et contre-expertises, qui permettent d’illustrer les évolutions du marché de l’art comme des goûts des publics et des spécialistes [5] ! L’État céda ensuite le parc à la municipalité de Rome pour qu’il soit ouvert au public (1903).

 


[1] Charles De Brosses. « Lettres d’Italie ». 1740.

[2] L’hermès est un pilier quadrangulaire surmonté d’un buste, placé aux carrefours.

[3] Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali. « Villa Borghese ». Site Web.

[4] Alberta Campitelli. « La restauration des jardins secrets de Villa Borghese ». Actes du colloque « La conservation et la restauration des jardins historiques ». 2011.

[5] Agosti Giacomo. « Les chefs-d'œuvre n'ont pas de prix ». In « Actes de la recherche en sciences sociales ». Volume 66-67 1987.

 

Liste des promenades dans Rome et Liste des promenades dans le quartiere de Pinciano 

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