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Notes d'Itinérances
17 janvier 2024

Ripa - Jours tranquilles sur l'Aventin (15/18). Le Foro Boario – Temple de Portunus et Ponte Rotto.

Un petit temple classique - Nettoyage mussolinien par le vide 

 

 

Le temple de Portunus est un bâtiment rectangulaire de style ionique (photo), construit en l'honneur du dieu du port fluvial. Il est composé d'un portique de style classique et d'un naos, élevés sur un podium Les colonnes ioniques du portique sont indépendantes, tandis que celles situées sur les faces latérales et arrière de la cella sont engagées (pseudopériptère) [1]. Le temple a sans doute été construit au IVe ou au IIIe siècle av. J-C, puis remanié à plusieurs reprises jusqu'à sa reconstruction complète sur un sol rehaussé de plusieurs mètres vers 75 av. J-C. Au IXe siècle, l'édifice est transformé en église sous l'appellation Sainte-Marie-de-Gradellis (1290), puis sous celle de Sainte-Marie-l'Égyptienne (1492). 

 

L’intérieur du temple aurait conservé des fresques rares du VIIIe siècle racontant la vie de Marie l’Egyptienne selon des évangiles apocryphes, ainsi que des épisodes des vies des saints Basile Zosime et Marie l’Égyptienne (Egiziaca). L’attribution de ce temple antique a également varié au cours des âges : d’abord identifié sous le titre de « temple de la Fortune virile » au XVIe siècle, puis « temple de la Pudeur » au XVIIe, pour devenir « temple de Mater Matuta » au XIXe ! C'est finalement au milieu des années 1920 que son attribution à Portunus, le dieu du port et protecteur des entrepôts de grain, est définitivement affirmée. Les grands travaux de l’architecte Antonio Muñoz, réalisés en 1925 au détriment du  quartier populaire correspondant à l'antique Forum Boarium, ont néanmoins permis de dégager le petit sanctuaire qui avait été enfermé partiellement dans les bâtiments d’un hospice arménien, construit en 1555, suite à l’extension du ghetto [2].

 

En face du temple de Portunus, de l’autre côté de la Via del Ponte Rotto (rue du pont brisé), la maison fortifiée de la famille Crescenzi a été construite, entre 1040 et 1065, pour contrôler les anciens moulins de Rome et le Pont Emilio sur lequel la puissante famille percevait un péage lors des passages. Le bâtiment avait deux étages mais il ne reste aujourd'hui que le rez-de-chaussée et une partie de l'étage supérieur. Ses murs intègrent des marbres antiques les plus divers, colonnes, chapiteaux, corniches... L’étage fut détruit en 1312, la maison abandonnée au XVe siècle, puis utilisée comme étable. En 1939, la Casa dei Crescenzi a été restaurée par la Commune mais le bâtiment est fermé au public.

 

Lors des travaux des années 1930 visant à « libérer » la colline du Capitole de ses constructions non antiques et à ouvrir de vastes espaces pour le tracé d’une voie triomphale (Via del Mare, devenue les Via del Teatro di Marcello et Vialle Luigi Petroselli, ancien maire PCI de Rome), tout l’espace a été profondément modifié en transformant un quartier à forte densité urbaine, en une zone ouverte constituée d’une autoroute urbaine, de places de parking et de jardinets étiques. Dans cette mâchoire désormais édentée, le fascisme s’était efforcé de poser quelques implants constitués de bâtiments gouvernementaux comme le Palazzo dell’Anagraafe, bien quelconques et solennels.

 

Le pont Æmilius ou ponte Rotto (le pont brisé) est le plus vieux pont en pierre de Rome [3]. Il franchissait le Tibre en aval de l'île Tibérine, un peu au nord de l'emplacement du premier pont de Rome, le pont Sublicius. Il reliait le Forum Boarium au Trastevere et à la Via Aurelia. A l’origine, il comprenait sept piles en pierres soutenant un tablier en bois. Il fut reconstruit entre 179 et 142 avant J-C, avec des voûtes en pierre. Après plusieurs crues du Tibre, les arches furent reconstruites en 1552, mais une nouvelle crue emporta deux arches en 1557. Reconstruit, le pont est à nouveau détruit par la crue de 1598 ! Depuis, sans doute lassés des sautes d’humeur du Tibre, les Romains ne l’ont plus jamais réparé. Au XIXe siècle, une passerelle métallique suspendue pour les piétons remplaçait le pont jusqu’à la construction du pont Palatino (1886-1890), un pont métallique avec des poutres en treillis surnommé pont anglais parce que les sens de circulation y sont inversés. Les deux arches restantes du pont Æmilius sur la rive droite ont alors été détruites et il ne subsiste qu’une seule arche au milieu du fleuve avec les piles de l’époque romaine. Près de sa tête, rive gauche, est située la sortie de la Cloaca Maxima, un égout romain qui partait de la Suburra (rione Monti).

 


[1] Site de l’Université de Caen Normandie. « Le temple de Portunus ». In « Le Plan de Rome ». 2020.

[2] Adam Jean-Pierre. « Le Temple de Portunus au Forum Boarium ». École Française de Rome, 1994.

Comune di Roma. « Itinerari romani – La culla della Civiltà – Dal Foro Boario al Palatino ». Sd.

[3] Site de l’Université de Caen Normandie. « Le pont Æmilius ». In « Le Plan de Rome ». 2020.

 

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