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Notes d'Itinérances
29 mai 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (16/26). En face de la « Marginal », l’île.

Un mince cordon littoral – Entre plage, cabanes et bordels

 

 

« Le terrain est fort sec et fort sablonneux, excepté dans quelques endroits du côté Nord, où l’on voit croitre naturellement un petit nombre de buissons dispersés. (…) Les Portugais de Loanda y ont fait plusieurs jardins, où les oranges, les limons, les citrons, les grenades, les figues, les bananes, les noix de coco, les raisins même et d’autres fruits croissent en abondance » [1].

 

« L’île » est un très mince cordon littoral sableux de près de neuf kilomètres  de long qui ferme la baie de Luanda du Sud-ouest vers le Nord-est et crée ainsi un vaste mouillage bien défendu des assauts de l’océan. Ce cordon sableux s’est formé avec le dépôt des sédiments portés par le courant océanique froid qui remonte de l’Antarctique en longeant les côtes africaines, le courant de Benguela.

 

Ce mince cordon littoral fut relié au continent au pied du fort Saint-Michel afin de construire la route qui constitue aujourd’hui son épine dorsale ; à gauche, la plage, à droite, quelques immeubles, le centre d’accueil des sportifs, un petit port de plaisance où attendent quelques petits voiliers et canots à moteur. Ces petits bateaux donnent l’occasion aux expatriés de s’échapper de la ville en allant faire une virée dans la baie de Corimba, située plus au Sud.

 

La route de l’île longe ensuite l’hôtel « Panorama » occupé lors des périodes de négociation avec l’UNITA par ses responsables. C’est bien le dernier endroit où loger malgré l’intérêt de la vue sur la baie ! A la Toussaint de 1992, après la proclamation du résultat des élections, la rupture de la trêve et la reprise des combats, l’hôtel où séjournaient alors les cadres de l’UNITA, en plein centre-ville, avait été cerné et attaqué à la roquette et au canon ! Instruit par cette expérience, le mouvement a choisi un lieu d’où il lui était peut-être plus facile de s’échapper.

 

Après le « Panorama », les musseques s’étalent au long de la route. Baraquements de bois et de tôle abritent pêcheurs et bars. Les pêcheurs de l’île sont encore aujourd'hui la principale source de ravitaillement en poissons frais pour Luanda. La pêche reste une activité familiale, traditionnelle, où chacun joue son rôle, le mari est chargé des prises en mer, sa femme et ses enfants s’occupent de la revente laquelle s’effectue pour partie au bord de la route. C’est au milieu de ces cabanes que se trouve le restaurant, enfin, le boui-boui, « Chez Bernarda » où un conseiller culturel de l’ambassade, un jour, nous a généreusement invité ; une manière très personnelle de nous faire goûter à la culture populaire locale mais surtout de souligner que, lui, il connaissait parfaitement le pays et que nous n’étions donc que des « touristes ».

 

A l’époque coloniale, déjà, c’était sur l’île que l’on trouvait bars, restaurants, gargotes, cabarets et bordels. Cela n’a pas changé. Révolution, Indépendance et guerre ne modifient pas ces choses là. Manifestement, la prostitution est encore une des activités de subsistance pratiquées sur l’île. Tout au long de la route, de jolies filles font du « stop ». Difficile de dire qu’elles font le « trottoir », celui-ci se caractérisant plutôt par son absence totale.

 

Puis, au bout de la presqu’île, les baraques disparaissent, laissant la place, à gauche, à un bar-restaurant réputé et, à droite, à un vaste parking où s’égayent les voitures. C’est le parking aux « frottements » comme le dit joliment Antonio.

 

On la surnommait jadis « l'Île des Richesses » parce qu'on y trouvait un petit coquillage, le zimbo, qui tenait lieu de monnaie d'échange.

 

« La pêche des zimbis était anciennement un droit réservé aux rois de Congo ; Mais les Portugais l’ont usurpé (…) Les zimbis de Loanda sont de deux espèces l’une plus fine et l’autre plus grossière Ceux de la première espèce se nomment zimbis sisados ; ceux de la seconde, fonda et bomba » [2].

 


[1] Description du royaume de Dongo ou d’Angola selon Giovanni da Montecuccolo Cavazzi. 1684. In Charles Athanase Walckenaer. « Histoire générale des voyages ». Tome XIV. 1831.

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