Emilie - Romagne (5/28). Dozza, une galerie d’art à ciel ouvert.

La Biennale des Murs Peints

Dozza, entre Bologne et Ravenne, est dominée par une forteresse édifiée en 1250. Sa position stratégique en a fait l'enjeu de conflits armés entre cités italiennes et factions guelfes et gibelines. Détruite lors des conflits avec Bologne, elle fut restaurée par celle-ci en 1310. Dans la seconde moitié du XVe siècle, Dozza passe sous domination milanaise et Caterina Sforza reconstruit le château sur les vestiges des précédentes forteresses. Mettant en œuvre les mesures défensives de l’époque, la structure de la forteresse est carrée, avec quatre tours d’angle rondes et une tour centrale carrée. Avec l'entrée du condottiere Cesare Borgia, fils du pape Alexandre VI Borgia, à Imola en 1499, le pouvoir du pape est établi sur le château et le fief de Dozza, lesquels sont ensuite cédés au cardinal Nunzio Campeggi. Cette famille réalise d'importants travaux de transformation afin d’adapter la forteresse à ses nouvelles fonctions d’habitation et de représentation. Puis, après avoir été utilisée comme prison à partir du XVIe siècle, elle abrite désormais un musée. Le château a accueilli Nicolas Machiavel, Caterina Sforza, César Borgia et Léonard de Vinci.

La petite ville de Dozza est désormais plus connue pour sa « Biennale del Muro Dipinto » (la Biennale des Murs Peints), un festival d’art de rue qui a lieu tous les deux ans, les années impaires, dans le courant du mois de septembre. L’idée de la Biennale du Mur peint est née dans les années soixante. Des artistes, italiens et internationaux, viennent régulièrement peindre de nouvelles fresques sur les murs du village (photo). Au fil des ans, plus de deux cent artistes auraient laissé leur marque sur les murs et Dozza est progressivement devenue une galerie d’art à ciel ouvert, toujours disponible pour la visite, sans heures d’ouverture ni de billets d’entrée, avec des fresques et des reliefs sur les murs de la cité comme témoignage permanent des artistes invités [1]. Au cours de la semaine de la biennale, en septembre, il est même possible d’assister, en direct, à la création des œuvres par les artistes.

Une fondation, « La fondazione Dozza città d’Arte », créée par la municipalité en 2003, assure l’organisation de la Biennale, la conception et la mise en œuvre d’expositions et d’événements culturels et, plus généralement, la mise en valeur et la promotion touristique du village. Pour la XXVIIIe biennale de 2021, une commission d’invitation avait été chargée de sélectionner les artistes qui, au cours de la semaine du lundi 13 au dimanche 19 septembre, ont créé des œuvres dans les espaces urbains de Dozza, Toscanella et Castel Guelfo. La commission était composée de critiques d’art, d’enseignants et d’historiens d’art et de membres de la Fondation. Le sous-titre de l’événement 2021 était « Anda e rianda » (« Aller et retour »), d’après une idée de Giuliano Bettinzolli, designer, professeur et directeur artistique qui avait participé à l’édition de 1962. 

Les artistes invités à la biennale de 2021 étaient Onorio Bravi, peintre, sculpteur, scénographe, mosaïste et graveur, Vittorio D’Augusta, ancien directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Ravenne, Ana Hillar, spécialisée dans le travail des terres, le japonais Takako Hirai, formé à l’art de la mosaïque à Ravenne, Grelo, architecte bolognais, Eron, peintre et graffiteur, Fabio Petani artiste de street art.

Cette action d’art de la rue semble populaire vu l’importance de la fréquentation de la petite ville un dimanche matin d’octobre !

Cette initiative en rappelle une autre, celle du Symposium international d’art contemporain de la petite ville de Baie-Saint-Paul, au Québec. Le symposium invite chaque année une douzaine d’artistes à travailler pendant un mois devant le public qui assiste, en direct, au processus de création artistique. Un vaste espace couvert, gymnase ou stade, est offert aux artistes qui peuvent aussi, à cette occasion, discuter et débattre avec leur public. Depuis 1982, plus de 400 artistes provenant du Québec, du Canada et d’une vingtaine de pays, ont participé au Symposium qui accueille en moyenne plus de 15 000 visiteurs annuellement. Des œuvres sont acquises chaque année par le comité organisateur et les artistes invités proposent une œuvre de leur choix à la collection permanente du Centre d’exposition de Baie-Saint-Paul permettant à la petite cité de développer intelligemment un musée d’art contemporain [2].

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[1] Fondazione Dozza Città d’Arte. Site internet.

[2] Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Site internet.

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