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Notes d'Itinérances
19 octobre 2023

Pigna - Entre les places de Venise et de Minerve (6/23). Le palais Grazioli et la via della Gatta.

L’influence des cultes égyptiens à Rome

 

 

La Via della Gatta est une petite rue qui débouche via del Plebiscito entre la galerie Doria-Pamphilj et le palais Grazioli. Le premier palais érigé à cet endroit, l’aurait été par Giacomo della Porta, au XVIe siècle, pour la famille Ercolani. Alessandro Gottifredi, général de la Compagnie de Jésus, l’acquit et fit réaliser une restauration baroque du palais dans les années 1645/1650. Au début du XIXe siècle, le palais devint la résidence de l'ambassadeur d'Autriche, puis de l'infante d'Espagne, de la duchesse de Lucques et du pape Grégoire XVI Cappellari (1831 / 1846). Acheté par Vincenzo Grazioli, le palais fut restauré une nouvelle fois dans les années 1870 en ajoutant notamment l'édifice situé à l’arrière sur la Piazza Grazioli. Vincenzo Grazioli était d’extraction modeste. Fournisseur de fourrage pour les chevaux, il devint locataire d’un moulin sur le Tibre, qu'il racheta, devenant ensuite boulanger en gros, puis propriétaire terrien. Il fut nommé baron de Castelporziano par Grégoire XVI, puis noble romain, et finalement promu duc de Santa Croce di Magliano en 1851 par Pie IX. Le palais Grazioli accueille l'Association de la Presse étrangère en Italie. Il a été la résidence privée de l'ancien président du Conseil des ministres, Silvio Berlusconi, qui loua le piano nobile jusqu’en 2020. Lorsqu'il était chef du gouvernement ; Berlusconi en faisait son lieu de travail, le préférant au siège de la présidence du Conseil des ministres au palais Chigi.

 

La Via della Gatta (rue de la chatte) doit son nom et sa célébrité à la statue de marbre qui se trouve sur la corniche de la façade arrière du piano nobile du palais Grazioli et qui, selon la tradition populaire, représente une chatte. C’est à l’occasion d’une restauration du palais, à la fin du XIXe siècle, qu’a été placée cette statuette de pierre. Elle donne depuis son nom à la ruelle qui longe le palais. L'origine de la statuette est incertaine, peut-être provient-elle du temple d’Isis du Champ de Mars qui se situait en partie à l’emplacement du palais ? L’influence des cultes égyptiens se serait fait sentir à Rome dès la fin du second siècle avant J.C. Un premier temple à la déesse Isis, fille de Geb, dieu de la Terre, et de Nout, déesse du ciel, et sœur et épouse du dieu Osiris, représentée sous la forme d’une jeune femme, aurait été érigé en - 43, mais il aurait ensuite été détruit sous Tibère. Les cultes égyptiens se seraient à nouveau développés sous le règne de Caligula (37 à 41). Deux temples voisins existaient alors à Rome, ceux d’Isis et de Sérapis (la manifestation terrestre d’Osiris sous la forme du dieu taureau Apis). Le temple de Sérapis, peut-être situé aux environs de Santa Maria Sopra Minerva, aurait eu une forme semi-circulaire autour d’un bassin. A côté, le temple d’Isis aurait été composé d’un dromos, une longue allée bordée d’obélisques, débouchant sur un temple construit sur le modèle d'un temple classique et abritant une statue de la divinité [1]. Le temple aurait été décoré de sculptures et d’obélisques importés d'Égypte ou de copies romaines. Plusieurs sculptures antiques découvertes dans cette zone attestent de la présence de ces temples : le buste de Madama Lucrezia (piazza San Marco) lequel pourrait être la statue d’Isis, le pied de marbre (via del Pie di Marmo) d’une statue d’Isis ou de Sérapis, la Pomme de pin gigantesque en bronze motif central d’une fontaine (Pigna - cour de la Pigna au Belvédère) et de très nombreux obélisques, grands (Macuteo / Place du Panthéon, Matteiano / Villa Celimontana, Agonale / Piazza Navone) ou petits (Minerveo / Piazza Minerva, Dogali / Viale Luigi Einaudi, Boboli / Florence). Si la statuette de la chatte était un vestige du temple, elle symboliserait la déesse Bastet représentée sous les traits d'une chatte.

 

Selon la légende, la statue aurait été placée sur la corniche en mémoire d'une chatte qui aurait sauvé les habitants du palais Grazioli en donnant l'alerte lors d'un incendie : ses miaulements auraient attiré l'attention des habitants qui auraient alors pu combattre le sinistre. Une tradition similaire évoque une chatte qui aurait donné l'alarme en voyant un enfant sur le point de tomber de la corniche. Enfin, une autre légende veut « qu’au point exact où plonge son regard se cache un fabuleux trésor, mais personne n’a jamais trouvé le point exact, sans doute parce que les chats ont des pupilles qui regardent l’au-delà » [2].

 


[1] Marcel Le Glay. « Sur l'implantation des sanctuaires orientaux à Rome ». In « L'Urbs : espace urbain et histoire (Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle ap. J.-C.) ». Actes du colloque international de Rome (8-12 mai 1985).1987.

Site de Rafaël Vila. « Visite virtuelle du temple d’Isis à Rome, via Minecraft ». 17/04/2021.

[2] Marco Lodoli. « Iles – Guide vagabond de Rome ». 2005.

 

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