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Notes d'Itinérances
2 novembre 2023

Pigna - Entre les places de Venise et de Minerve (13/23). Les via dei Cestari, dell’Arco della Ciambella et della Pigna.

Les thermes d'Agrippa - Les palais Maffei-Marescotti – La conjuration de Stefano Porcari

 

 

Du largo di Torre Argentina, la via dei Cestari permet de rejoindre la piazza Minerva. La plupart des rues de ce quartier furent tracées aux XVIe et XVIIe siècles. Le nom de Cestari provient des fabricants et vendeurs de paniers (cesti) qui l’occupaient. 

 

L’église située à droite, au début de la rue, « Santissima Stimmate di San Francesco » (stigmates sacrés de saint François) a été reconstruite en 1714, sur un projet de Giovan Battista Contini, à l’emplacement d’une église plus ancienne qui était appelée « del calcarario » à cause des nombreux fours à chaux installés dans le quartier. Dédiée à l'origine aux martyrs de l'époque de Dioclétien, elle a été attribuée par le Pape Clément VIII Aldobrandini (1424 / 1429) à l'Archiconfrérie des saints stigmates reçus par saint François. La façade, avec deux ordres superposés et trois portails d'accès, a été conçue par Antonio Canevari. Elle joue habilement des pilastres doubles des deux étages, de la fenêtre centrale au cadre bombé, entourée de pilastres en diagonale pour donner du relief à une surface très plane. Au-dessus de l'entablement de la porte centrale, un fronton segmentaire brisé contient une grande statue en stuc de saint François recevant les stigmates, par Antonio Raggi.

 

La zone était occupée par les ruines des thermes d’Agrippa dont la salle centrale, ronde, subsistait. Construits entre 25 et 19 av. J-C par Marco Vipsanio Agrippa, gendre d'Auguste, les thermes étaient les plus anciens bains publics de Rome ; ils furent abandonnés vers le VIIe siècle. Le pape Grégoire XV Ludovisi (1621 / 1623) fit créer une rue traversant de part en part la salle ronde des thermes, perpendiculaire à la via dei Cestari, la via dell’Arco della Ciambella. On peut y voir encore un grand pan de mur courbe de briques. Une fastueuse madonnelle est adossée au pied droit d’un arc romain, la Madonna del Rosario. Cette madone au rosaire fait partie des madonnelles miraculeuses qui ont manifesté leur inquiétude, en 1796, suite aux succès de l’armée française d’Italie. La madone avait détourné son regard ! La peinture actuelle est une copie de la fin du XIXe siècle [1]. Elle est placée dans un cadre de style Renaissance, protégée d’un baldaquin de bois et éclairée par deux luminaires (photo).

 

A droite, au croisement avec la via della Pigna, le palais Maffei-Marescotti a été érigé en 1580, pour le cardinal Marcantonio Maffei, par Giacomo Della Porta (1533 / 1602), architecte, entre autres, de la façade du Gesù, de la jolie église Santi Domenico e Sisto au Largo Magnanapoli, et de la fontaine des Tortues sur la place Mattei. La façade principale est située sur la via del Pigna et comporte trois étages. Elle ressemble, en plus petit, au palais Farnèse (1517 / 1589). Compte-tenu de l’étroitesse des rues, il est difficile d’avoir une représentation photographique du palais mais le dessin qu’en fait Vasi, qui n’avait pourtant aucune profondeur de champ (si l’on se réfère au plan de 1748) est d’autant plus extraordinaire. Les « vues d’artiste », c’est finalement bien mieux qu’un objectif grand-angle ! Après plusieurs propriétaires, le palais fut acheté en 1746 par le cardinal Alessandro Marescotti, puis il devint la propriété du Vatican en 1906. Il abrite aujourd’hui des associations catholiques.

 

En face, au n°19, le portail est le seul élément qui subsiste des maisons des Porcari, une ancienne famille romaine alors très puissante. Stefano Porcari, homme politique et humaniste, souhaitait restaurer un régime républicain selon le modèle de Cola di Rienzo (1313 / 1354). Il fomenta une insurrection contre le gouvernement pontifical de Nicolas V Parentucelli (1447 / 1455). Découverte avant sa réalisation, les chefs de la conjuration furent arrêtés et pendus au château Saint-Ange en janvier 1453.

 

La via della Pigna débouche sur une petite place homonyme, située au cœur de ce quartier tracé au XVIIe siècle. L'église San Giovanni della Pigna, reconstruite en 1624, présente une façade tripartite avec quatre pilastres colossaux aux chapiteaux composites, le portail est surmonté d'un tympan curviligne, présente une tête d'ange. Un imposant tympan en fort relief domine la façade. L'intérieur est à une seule nef avec trois travées. 

 


[1] Vers 1873, la famille Capparucci, qui possédait l’autel de la madone, a déménagé emportant l'image miraculeuse avec elle !

 

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