Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (27/47). Amitié avec les peuples et gardiens de la Révolution.

Rencontre à l'Institut Cubain d'Amitié avec les Peuples de Cienfuegos - Soirée cubaine - Des Révolutionnaires en peau de lapin ?

Des amis montpelliérains ayant sympathisé avec une responsable de l'Institut Cubain d'Amitié avec les Peuples de la ville de Cienfuegos nous ont demandé de lui déposer un petit cadeau à l’occasion de notre passage.

Les locaux de l’ICAP ne sont pas trop difficiles à trouver car proches du centre ville. Mais on est ici bien loin des fastes de La Havane ! Les locaux de l’ICAP local sont situés dans une maison typique : début de XX^e siècle, en rez-de-chaussée, avec un patio central arboré, entouré de pièces transformées en bureaux. Le mobilier est plutôt de type fatigué, ainsi que les machines à écrire. Mais l’accueil est naturellement chaleureux, et cette dame nous invite immédiatement à venir le soir prendre un café chez elle, ce qui tombe pour le mieux car elle habite à deux pas de notre hôtel.

Le soir, elle reçoit notre petit groupe sur la terrasse de sa villa où trônent force rocking-chairs et chaises longues. Pendant que nous discutons des possibilités d’échanges et d’actions de solidarité, nous constatons la formation d’un petit attroupement sous un lampadaire de la rue, en couples, avec enfants. Renseignements pris, il s’agit d’une réunion du Comité de Défense de la Révolution du quartier !

Quoi ! Ces terribles CDR ressembleraient à une réunion d’amateurs provençaux de jeu de boules un soir d’été ou à une réunion de voisins de quartier ? Ce n’est pas sérieux ! Je suis très déçu par la réalité ayant imaginé le pire à la lecture de la presse française.

Les Comités de Défense de la Révolution c'est le nom que les Cubains ont donné, en 1961, à leurs comités de quartier. Les CDR étaient alors chargés de défendre la jeune révolution contre les attentats terroristes, l'espionnage et les infiltrations à partir des Etats-Unis, mais aussi d’irriguer toute la population. Si l’on en croit la presse française, ils regrouperaient sept millions de personnes, surveilleraient les allées et venues des habitants, décourageraient certes les éventuels voleurs, mais surtout contrôleraient et encadreraient toute la population en identifiant les « contre-révolutionnaires » et en dénonçant tous propos séditieux.

 « Si le régime castriste, à bout de souffle, tient encore debout, il le doit en grande partie aux comités de défense de la révolution. Côté face : une milice de service public. Côté pile : un redoutable instrument de surveillance de la population ».

Je n’ai rien inventé, c’est extrait de l’Express, un journal des plus sérieux comme chacun sait.

Et ils sont donc là, à deux pas de nous, ces terribles CDR ? Peut-être le sont-ils pour nous surveiller et nous contrôler ? Ce ne peut pas être un hasard ! Qu’ils se réunissent ainsi sous le lampadaire à côté de la maison où des agents de l’impérialisme international discutent avec une responsable locale ? Ne devrions-nous pas vérifier si nous sommes bien en règles, et surtout faire très attention à nos propos ? Et pourtant, cette réunion des habitants du quartier pour parler de l’animation et de la propreté du quartier n’apparaît pas particulièrement révolutionnaire, mais plutôt débonnaire. Ils doivent cacher leur jeu ; ils sont très, très forts ! Très bien camouflés en personnages ordinaires et particulièrement bien renseignés sur la tenue de notre réunion. Aurions-nous été dénoncés par notre hôtesse ?

Je ne sais plus que croire, qui croire… Hommes de main au service du régime ou association de quartier ?

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