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Notes d'Itinérances
19 novembre 2013

Cuba, deux ou trois choses à propos de l'ïle du "lézard vert" (26/47). Les demandes, propositions et attentes…

Le souhait d'un pourboire en échange d'un service rendu - A la croisée de deux mondes

 

 

Le touriste est l’objet de toutes les attentions des Cubains même si ceux-ci se montrent très rarement obséquieux ou insistants. A Cuba, il n’y a généralement pas besoin de se défendre contre un faux guide, un vendeur de souvenirs, un rabatteur d’hôtel ou de restaurant. Toutefois, on sent bien que les personnes avec lesquelles on entre en contact, gardiens de musées, guides officiels, taxis, serveurs, n’en aimeraient pas moins récupérer quelques miettes de la fortune qu’ils nous prêtent.

 

Pour ce faire, elles vous suggèrent un pourboire en vous offrant un petit quelque chose en plus, avec la plus grande gentillesse : les gardiens de musée jouent au guide et vous présentent la salle qu’ils sont chargés de surveiller, ou vous font pénétrer dans une salle prétendument interdite, les femmes de chambre vous décorent de lits de serviettes en forme de cœur, de cygne, on vous aide, vous oriente, on vous offre de petites attentions.

 

Les escroqueries semblent exceptionnelles. La plus réussie, et la plus drôle parce que restant somme toute très modeste, a été une demande faite à un des membres de notre petit groupe de payer deux CUC pour pénétrer dans le jardin de la Place d’armes, à La Havane, lequel est un jardin public, ouvert à tous vents et parfaitement gratuit ! Ce n’était pas bien méchant.

 

Quelques rares « spécialistes » utilisent successivement tous les membres de leur famille, femme et enfants, pour aller quémander des offrandes au touriste ingénu qui distribue naïvement savons, stylos, ou menue monnaie. Ils sont toutefois rares et facilement repérables.

 

Bien évidemment, il y a les arnaques les plus communes sur les transports : les taxis qui oublient de mettre en marche le taximètre ou qui arrondissent largement la course, ou les carrioles à cheval qui se mettent à votre disposition au lieu de suivre leur ligne de transport car le bénéfice sera cent fois supérieur à celui du convoyage des habitants. Certains, après vous avoir raconté leur histoire et leurs difficultés, essayent de se faire acheter quelque chose en vous donnant mauvaise conscience, la mauvaise conscience du riche face à la misère du pauvre ou prétendu tel. Mais tout cela reste dans des limites très acceptables.

 

« Ouais, nous sommes un peuple digne, trop même, beaucoup trop… mais la dignité, ça ne se bouffe pas en salade, mon bonhomme »[1].

 

A Cuba, comme dans les autres pays en voie de développement, se croisent deux mondes, celui de « la rareté de tout » où les gens se déplacent à pied ou en vélo, où « le vélo mesure la vitesse de la vie », mais aussi où l’attente et l’ennui sont des éléments du quotidien. Et le monde des touristes vivant « dans la profusion de tout », des biens matériels comme des informations, des expertises, des sentences, « débordés par le temps des choses », les choses venant s’ajouter les unes aux autres, à toute vitesse, toujours plus modernes, toujours plus nouvelles.

 

Deux mondes qui se côtoient, s’ignorent le plus souvent, deux appréhensions du temps, mais aussi deux conceptions de la vie.

 


[1] Zoé Valdès. « Portrait d’une enfance havanaise ». 1998.

 

Liste des articles sur Cuba Ouest.

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