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Notes d'Itinérances
23 mai 2016

Luanda, la perle de l'Afrique (13/26). La « Marginal », une promenade du front de mer à la dérive.

Une autoroute urbaine sans cachet – Quelques immeubles représentatifs

 

 

Le fond de la baie de Luanda est fermé par une colline rocheuse sur laquelle les Portugais établirent une forteresse en 1634, le fort São Miguel (Saint-Michel), pour assurer la défense de la ville et de ses richesses. C’est, qu’à plusieurs reprises, la ville dut être défendue notamment contre les attaques hollandaises.

 

Le fort fut le premier centre administratif de la ville laquelle s’étendit progressivement à ses pieds. Aujourd’hui désaffecté, il est devenu le Musée central des Forces armées. « Musée » est un bien grand mot car il s’agit plutôt d’un débarras de matériel militaire de la guerre d’Indépendance, avions, véhicules blindés, canons, le tout en fort mauvais état.

 

Le fort est également le débarras des statues qui ornaient la ville avant l’Indépendance et qui furent déboulonnées dès le 10 novembre 1975 : Diogo Cão, premier portugais à avoir foulé le sol angolais, Paulo Dias de Novais, fondateur de Luanda, Salvador Correia de Sá qui reconquit Luanda contre les Portugais en 1647 et, bien sûr, l’explorateur Vasco da Gama et le poète Luís Vaz de Camões.

 

Une redoute à l’intérieur du fort est décorée de magnifiques azulejos lesquels malheureusement ont beaucoup souffert de l’abandon du bâtiment après 1975. Ils retracent l’histoire de la colonie à partir de sa découverte [1]. Seuls les panneaux décrivant la faune sauvage sont encore en assez bon état.

 

A partir du fort São Miguel s’ouvre une magnifique perspective, une courbe douce qui conduisait autrefois jusqu’à l’église Notre-Dame-de-Nazareth laquelle était déjà située hors les murs. Avec le développement urbain, au début du XXe siècle, un boulevard fut construit jusqu’à l’entrée du port, s’étirant sur six kilomètres. De fait, désormais, une espèce d’autoroute urbaine doublée, côté mer, d’un trottoir agrémenté d’une double rangée de palmiers. Mais la promenade n’incite pas à la promenade ! Trottoir défoncé, ordures, palmiers rachitiques ou ayant perdu leurs palmes, composent un paysage de peu d’attrait.

 

Côté ville, une suite de bâtiments, construits essentiellement des années 1930 au début des années 1970, compose une longue façade sur la baie. Dans cet ensemble trois bâtiments se remarquent tout particulièrement. Tout d’abord la tour du siège de la Banco de Poupança e Crédito (Banque d'épargne et de crédit - BPC) facilement identifiable par l’enseigne de près de six mètres de haut qui surplombe l’immeuble. La tour a été inaugurée en 1967 ; elle comporte 18 étages pour une hauteur de 72 mètres ce qui en fait le second plus haut édifice de la ville après l’hôtel Presidente-Méridien. A titre de comparaison, à la même période, la première tour du quartier de La Défense à Paris, la « tour Esso » datant de 1963, comportait 11 étages, puis la « tour Initiale », de 1966, mesurait 109 mètres avec 35 étages.

 

Le second immeuble que l’on remarque est d’une toute autre nature, il s’agit de la Banque Nationale d’Angola, de style colonial portugais, rose et blanc, avec décoration de colonnes, de fronton de fenêtres à volutes, d’acrotères et de colonnettes, et son bâtiment central rond coiffé d’un dôme. C’est joli, mais cela date de 1956 ! Autant dire que c’est totalement archaïque d’un point de vue architectural ! Troisième immeuble enfin, l’hôtel Presidente-Méridien, une tour avec une structure centrale en béton comprenant les ascenseurs et les réseaux de fluides, les façades étant des murs rideaux métalliques. C’est le plus haut immeuble de Luanda avec ses 26 étages et une hauteur de 85 mètres. Entre ces trois immeubles, des bâtiments d’habitation ont été construits, les uns s’inspirant plutôt de l’architecture coloniale portugaise, les autres de l’architecture internationale. Presque tous présentent des arcades en rez-de-chaussée qui accueillent des enfants sans familles la nuit.

 

La Marginal a été baptisée « Avenida 4 de Fevereiro » en souvenir de la date du début de la lutte armée, le 4 février 1961, quand le Mouvement Populaire de Libération d'Angola (Movimento Popular de Libertação de Angola) attaqua la prison de la police politique de Salazar (la PIDE) à Luanda.

 


[1] Le musée a été rénové et les magnifiques azulejos ont également été restaurés (note de 2015). 

 

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